CHAPITRE 1

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Attendant patiemment dans la longue file d'attente menant à la cafétéria, j'observe un jeune garçon d'environ 12 ans. C'est l'âge minimum requis pour passer sa vie dans les laboratoires du gouvernement. Après une série d'analyses, on vous dit si vous restez ou à quel âge ils viendront vous chercher. De notre temps, tout enfant deviendra un jour ou l'autre un rat de laboratoire. Que tu le veuilles ou non.

Ce garçon brun est de toute évidence un nouveau venu. Ses vêtements encore neufs, ses pieds rouges, cette expression encore enfantine et ses cicatrices encore fraîches, ne font que le démarquer d'avantage des autres. Il ne connaît pas suffisamment les horreurs qui lui arriveront et la solitude noire qu'entoure chaque Séraphin. Ce garçon innocent est comme une petite flamme perdue dans un brouillard de désespoir. Il ne tiendra pas longtemps. Comme les autres, il finira par afficher un visage inexpressif, il ne compatira plus aux malheurs d'autrui, son corps sera tellement brisé qu'il ne ressentira plus que la douleur que lui affligeront les scientifiques. Son seul bonheur se trouvera dans les souvenirs de sa famille. Il y pensera tellement qu'il préfèrera mourir le plus vite possible, tué par la douleur et les produits qu'on lui injecté chaque jour en plus grosse quantité, augmentant sa sensibilitée à la douleur.

La file avance un moment pour ensuite s'arrêter toutes les 30 secondes. Vraiment ce n'est pas une vie d'être un Séraphin.

Ces expérimentations sur les jeunes gens entre 12 et 25 ans ont commencé le jour où un chercheur en astronomie à découvert la toute première matière composant l'espace. Après en avoir extrait une bonne quantité, on eut vite fait de remarquer les effets que cela produisait sur l'être humain. Bien que l'ESP-1 ne procurait aucune avancée technologique, cet échantillon permettait de faire évoluer l'être humain en ce qu'il serait devenu 5 milliards d'années plus tard.

Les pays en guerre, les gouvernements ne s'attardèrent pas à mettre en place les expérimentations, en vue d'obtenir dans leur armées des soldats surhumains. Malheureusement l'ESP-1 n'a de chances d'être compatible qu'avec des personnes entre 12 et 25 ans et, les réussites de l'expérience ont un taux de réussite de 0,5%. Autant vous dire que rien qu'une personne tous les 5 ans c'est extrêmement rare. La plus part finissent par sortir du laboratoire pour continuer à maintenir le nombre de la population ou d'autres encore, finissent par mourir à force d'agoniser à cause de la douleur procurait par des problèmes de croissance, de santé ou d'une surcharge d'ESP-1.

Mon plateau repas en mains, je réussis à m'asseoir sur l'une des rares places libres de la cafétéria. La plus part mange par terre à cause de notre grand nombre. Ici c'est chacun pour soi. Tout le monde partage le même cauchemar, les mêmes peurs et la même envie d'en finir de cette vie méprisable. Il y a ceux qui restent muets et ceux qui deviennent désagréables avec les autres. La peur en transforme beaucoup en personne violente.

Le jeune garçon qui jusque là mangeait par terre, se fit battre par un groupe de garçon dans les 19 ans tout en se faisant voler son plateau repas. Les plateaux repas sont plutôt maigres en consistance et bourrés de médicaments. Nous avons tous toujours très faim alors, ce genre de vol arrive souvent. Les malchanceux ne peuvent rien y faire. Personne n'a assez de volonté et de force pour leur venir en aide. C'est pour ça que je me trouve bizarre, ou plutôt, trop gentille. Avant même que je ne le réalise, je me trouvais déjà à côté du malheureux. Ses yeux rouges se retenant de pleurer s'illuminèrent à la vue de mon plateau repas que je lui tendis. Un peu hésitant cet affamés se retenait par politesse.

- Vas-y lui dis-je, je te l'offre ne t'inquiète pas. Mon petit sourire lui fit comprendre que ce n'était pas un mensonge.

- M-merci merci beaucoup ! Dit-il d'une faible voix cassée. Mais pourquoi vous préoccupez-vous de moi?

- Je ne le sais pas vraiment moi-même, mais j'en ai envie. Le simple fait d'aider les gens quand je le peux me rend heureuse. Surtout que dans cet endroit il est important de s'aider même si je suis la seule. Je dirais que c'est naturel pour moi, lui dis-je avec un petit gloussemant.

Soulagé, il se mit à manger. Bien que la nourriture soit écoeurante, nous avons tous besoin de manger.

- Mais et vous? Dit-il en regardant son plat.

- Ne t'en fait pas, j'en ai un pris un peu et je préfère que ce soit toi qui mange, dis-je tranquillement.

Après un moment de silence entre nous le dialogue reprit.

- Excusez-moi mais comment vous appelez-vous? Dit le jeune garçon timidement.

- C'est Ly et toi?

- Matt. Il se retint quelques instants puis il finit par me parler. Dites, ça vous dérange si je vous considère comme une amie? Ça me soulagerait un peu si j'avais une personne avec qui parler durant les pauses, dit-il d'une faible voix.

- Non pas du tout, d'ailleurs il est préférable de ne pas se retrouver seul ici. Sinon tu tombes automatiquement dans la dépression lui dis-je tranquillement comme pour le rassurer.

A cause d'un problème personnel, cela me soulagea qu'il me le demande. Le moment venu je lui en parlerai sûrement.

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