Chapitre 2 : Savoir

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« Mon amour,

135 jours que je t'écris. 135 jours que j'attends désespérément une réponse de ta part. 135 jours que le trou béant dans ma poitrine s'agrandit de seconde en seconde. Mais aussi 135 jours que je tente d'accepter ton départ.

J'aimerai te décrire l'amour inconditionnel que je te porte, la douleur que j'éprouve en ce moment mais les mots me manqueraient. Ils me manquent toujours. Tu le sais.

L'art de la rhétorique n'a jamais été mon fort, ça aussi tu le sais. En y pensant tu savais tout, tout de moi chaque recoin de mon âme était en ta propriété. Contrairement à moi, deux ans de vie commune et peu d'informations te concernant, si peu. Il fallait se rendre à l'évidence, la confiance que je t'accordais n'était pas réciproque.

J'ose espérer que tu avais de bonnes raisons mais nous savons tous les deux que la seule réellement valable était le fait que tu ne tiennes pas à moi de la même manière que moi à toi. J'essaie de l'accepter, j'essaie de toutes mes forces mais j'échoue lamentablement à chacune de mes tentatives. Comme toujours, j'échoue. J'échoue dans tout ce que j'entreprends, que ce soit dans ma musique ou dans le fait de te garder à mes côtés. J'ai échoué une nouvelle fois, tu es partie et tu n'es jamais revenue.

Je sais que je te l'écris tous les jours, mais je te supplie une fois nouvelle fois de revenir, de te blottir une dernière fois dans mes bras, de me laisser embrasser une dernière fois tes cheveux parfumés de ton shampoing préféré, je te supplie de me laisser poser mes lèvres sur les tiennes une dernière fois, je te prie de me laisser te faire l'amour juste une dernière fois pour te prouver mon amour.

Je te supplie de me laisser t'aimer une dernière fois.

Juste une dernière fois, Katherine ...

Harry. »

L'encre dégouline sur le papier luxueux. Mes larmes coulent avec elle, elles coulent toujours quand il s'agit de ses lettres. Quand il s'agit de lui, cet homme dont je connais seulement l'histoire d'amour désastreuse. Cet homme que je n'ai jamais vu, ni même aperçu et dont je connais les plus grandes souffrances. Son histoire qui me partage sans le savoir depuis 135 jours aujourd'hui. Je viole son intimité, je le sais mais quelque chose m'empêche de lui répondre et de lui dire que la personne qu'il recherche a déménagé. C'est égoïste, je pourrai lui éviter bien des souffrances mais c'est comme ci j'avais besoin de connaitre la fin de cette histoire, la fin de son histoire.

Je sèche mes larmes, plie la lettre précédemment posée sur mes genoux et la remets délicatement dans son enveloppe évitant de l'abimer.

Mon téléphone ne cesse de sonner et après une dizaine d'appels en absence, je décide ne pas ignorer une nouvelle fois son appel. Et décroche la voix encore tremblante.

« - Allo ?

- Je t'en prie dis moi que tu vas bien.

- Je vais bien.

- Ta mère m'a appelée et m'a demandée si tu étais avec moi sauf que tu n'y étais pas, ni moi ni elle ne savions où tu étais El'.

- Calme toi, Gab' je vais bien.

- Tu souhaites que je vienne ? Qu'on se rejoigne chez moi, ou peut être chez toi ? 


- Oui, on peut se retrouver chez toi. Juste le temps que je passe prendre quelques affaires pour la nuit.

- D'accord. Je passe te prendre chez toi dans une demi-heure. Je t'aime.

- Merci, je t'aime aussi. »

C'est faux. Ce « aussi » ne signifie pas la même chose pour lui que pour moi. Je ne l'aime pas autant qu'il m'aime. Je pense pouvoir comparer notre histoire à celle de cet homme, ce Harry. Je suis sa Katherine et il est mon Harry. J'espère simplement que notre relation ne connaîtra pas la même fin que la leur.

Je viens de passer la porte d'entrée. Ma mère est assise sur le canapé regardant la télévision, une des ces émissions hebdomadaires plus ennuyantes les unes que les autres. Elle semble absorbée jusqu'à ce que je ferme la porte la renvoyant au monde réel. Nous nous regardons fixement avant que je n'avance et la prenne dans mes bras, prononçant mes excuses suite à mon comportement odieux. Elle ne mérite pas ça, on aurait dû se soutenir mais je suis partie la laissant seule. À ce moment là, la colère a laissé place aux regrets.

Ma mère tend le bras pour éteindre la télévision laissant planer un silence apaisant au dessus de nos têtes. Les bras d'une maman seront toujours les plus réconfortants, et en ce moment précis ils étaient exactement ce dont j'avais besoin. Après s'être éloignées l'une de l'autre je lui embrasse la tempe et monte dans ma chambre pour passer un coup de fil.

« - Gab ?

- Oui ?

- Est ce que ça te dérange de reporter notre soirée à demain ? J'aimerais passer la soirée avec ma mère.

- Non, je comprends ne t'en fais pas. Demain soir c'est parfait mais est ce que tu pourrais prendre le bus pour venir chez moi ? Je pense rester travailler un peu à la bibliothèque avant de rentrer.

- Bien sûr. Je dois te laisser je vais aller mettre le couvert. Passe une bonne soirée.

- Bonne soirée, mon amour. »

Je souffle et me laisse tomber sur mon lit comme à mon habitude.

J'avais menti une nouvelle fois pour raccrocher et mettre fin à cette conversation.

Aller mettre le couvert ? Franchement Ella, il est 18h !

La journée a été beaucoup, beaucoup trop longue. Ma seule envie est d'allée prendre une douche, et de dormir profondément jusqu'à demain matin. 

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 15, 2017 ⏰

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