Prologue

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"- June, June, June, me sourit mon patron."

Enfin, patron est un bien grand mot, je vous l'assure.

"- Tu fais un boulot formidable ma chérie, dit-il en me caressant les cheveux."

Nous sommes assis, lui dans son canapé en cuir devant coûter plus cher que mon appartement et moi sur ses genoux.

"- Mes clients sont tellement contents de toi que je ne cesse d'avoir des demandes."

Oui, oui, vous avez bien entendu "mes clients".

"- Mais un nouveau t'a demandé. Et il est riche June ! Ajoute-t-il en se frottant les mains. Un vrai distributeur de fric ambulant. Il m'a dit qu'il voulait t'avoir pour une soirée, afin de tester la marchandise je suppose. Alors je compte sur toi, ma chérie, pour que tu sois sur ton trente et un et que tu sois agréable avec lui. Fais tous ce qu'il te demande, continue-t-il en passant ses mains sur mes seins et en les malaxant doucement."

Je retiens un frisson de dégoût. Je le hais. Le déteste. Il me répugne. Mon estomac se soulève brusquement et j'inspire un grand coup pour ne pas le vider sur ses chaussures à trois milles euros. Il se penche vers moi et m'embrasse dans le cou.

"- S'il te demande de lui tailler une pipe, tu le feras June. S'il te demande de baiser, tu le feras aussi tu m'entends ?"

Je hoche la tête et avale difficilement. Ma tête me hurle de l'envoyer se faire voir mais mes lèvres restent obstinément scellés.

"- Je sais que notre règle première est : on ne couche pas le premier soir mais avec lui, il le faut absolument. D'accord ?"

Je hoche de nouveau la tête. Non, non, non, par pitié seigneur.

"- D'accord ?! Répète-t-il froidement.

- Oui, je réponds.

- Il va nous rapporter un gros paquet de fric."

Il m'embrasse dans le cou pour la seconde fois et me fait basculer dans le canapé. Il place l'un de ses genoux entre mes jambes, me forçant à les écarter un peu plus. Il se glisse entre mes cuisses, laissant sa langue parcourir mon cou et mes seins qu'il vient de dénuder. Il commence des vas et vient, tapant violemment contre mon bassin. Soudain, son téléphone sonne, l'obligeant à se relever. Il l'attrape sur son bureau en marmonnant et sort de la pièce en claquant la porte, une main sur la bosse au niveau de sa braguette. Je me lève en quatrième vitesse, renfile mon tee-shirt. Dépêches toi June, allé. J'attrape l'argent de mes derniers clients laissés sur le bureau. Juste de quoi payer mon loyer et rembourser une infime partie de mes dettes. Puis je sors de la pièce, non sans me retenir de courir.

Double vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant