NEON LIGHT

Prologue

Deux jeunes adolescents, des collégiens, vivaient leur première histoire d'amour. Adanaël et Aaron. Ils n'avaient certes que 13 ans, mais étaient exceptionnellement matures et l'amour qu'ils partageaient était réel.

Adanaël était un grand jeune homme aux cheveux châtains et aux yeux bleus. Sa tâche de naissance à l'œil droit lui donnait un petit air mystérieux. Ses cheveux étaient étaient toujours bien coiffés et ses tenues bien soigneusement choisies.
Quant à Aaron, c'était un jeune homme grand, mais moins qu'Adanaël, avait des cheveux blonds/châtains toujours coiffés à la perfection, des yeux marrons foncés souvent sans expressions et un nez retroussé.
Ils étaient homosexuels et n'avaient aucun problème à assumer leur petit couple aux yeux du monde.
Leurs rendez-vous se passaient soit dans une cabane dans les bois qu'Adanaël et son père avaient construis ou dans un bar, tout au fond, sur un canapé placé sous deux néons violets.
Cette cabane et ce coin canapé du bar étaient extrêmement importants à leurs yeux. Leur premier baiser s'était passé dans cette cabane. On pouvait y trouver pleins de clichés d'eux accrochés aux murs et des mots écris au feutre comme "Adanaël + Aaron", des strophes de poèmes d'amours et bien d'autres choses encore.
Quant au bar, le "Neon Light", assis sur leurs canapés fétiches, éclairés par ces faibles néons violets, c'est là qu'ils ont su qu'ils étaient prêts à partager bien plus que des baisers, que leur corps allait se former à deux, espérant partager leur amour pour toujours.
Ils avaient alors quitté le bar et étaient allés dans la cabane, sur leur matelat, partager sous un drap une chose intime qui espérait durer toute une vie.

Leur année de 4e et 3e s'étant très bien passées, c'est à partir de la seconde que l'ambiance a commencé à changer.
Leur lycée étant un grand bâtiment comprenant 2000 élèves et plusieurs classes de seconde, ils se sont retrouvés séparés. Ça ne leur a pas plu, plus spécialement à Adanaël. En effet, Adanaël était de nature jaloux et possessif, alors se retrouver dans une autre classe que son amoureux et le savoir entouré d'autres jeunes hommes le rendait de plus en plus imposant dans la vie d'Aaron. Petit à petit, leur couple se dégradait, des disputes éclataient, des rendez-vous s'annulaient.
"Devrais-je lui parler ?", "L'ai-je rendu comme ça ?" ou encore "Devrions-nous nous séparer ?" étaient des questions qui venaient sans cesse dans sa tête. Le dernier jour de cours en tant que seconde était arrivé et un rendez-vous s'était annoncé. Aaron et Adanaël s'étaient retrouvés dans la cabane. Une atmosphère étouffante dominait l'endroit, aucun des deux n'aurait su dire si c'était à cause de la forte chaleur d'été ou d'une tension qui était telle que les deux jeunes hommes étaient chacun assis séparément dans un coin de la pièce.
Aaron, lui, aurait voté pour la tension. Il avait peur de la réaction de son copain, de ses gestes violents et de ses cris. Et s'il recommençait ? Il ne baissa pas les bras, releva la tête vers Adanaël, ouvrit la bouche et inspira :
_Il faut que je te parle -
Adanaël lui avait coupé la parole.
"Je déménage."
_Hein ?
_C'est prévu depuis quelques mois mais j'osais pas t'en parler, j'espèrais qu'il y ait un empêchement mais...
Je quitte Paris dans 3 semaines.
Aaron n'en revenait pas, il se leva d'un bond et cria :
_Tu préférais pas m'en parler la veille de ton départ aussi !? Putain !
_Quoi !? Adanaël haussait lui la voix, J'ai paniqué, c'est TOUT ! Je pars seulement pour l'année de première !
_SEULEMENT ?! Tu te fous de ma gueule ? C'est UNE PUTAIN D'ANNÉE. T'es fou, merde ! Tu veux pas aussi ne pas du tout m'en parler et me quitter comme ça !?
_Mais j'ai merdé ça arrive ! C'est des choses qui arrive, putain. Jamais je te quitterais ! Tu le sais très bien...
_ Eh bien moi je le peux ! Je te quitte ! C'est fini Ada' ! J'en ai marre.

Une nouvelle ambiance habitait maintenant la cabane et un air frais se faisait ressentir. Aaron s'adossa contre le mur et se laissa glisser, jusqu'à avoir sa tête sur ses genoux.
Adanaël vint à quatre pattes vers Aaron et, par le bout de son index, releva sa tête.
_Aaron, pitié, dit-moi que c'est une blague... Tu ne me quittes pas, pas vrai ?
Aaron ne bougeait pas, ses yeux rencontraient tout sauf ceux d'Adanaël.
_Aaron, s'il-te-plaît... Regarde-moi et dit-moi que tu n'es pas sérieux ..? Non, non, non ! Adanaël s'accroupit face à son amoureux et prit son visage de ses douces mains, le forçant à rencontrer son regard suppliant et souffrant. Aaron, je t'aime, dit-il en entrelaçant leur main. Ressaisis-toi et dit-moi que ce que tu as dit était intentionnel.

Doucement, des yeux vides et un visage sans expression firent face à Adanaël.
_Adanaël, je ne t'aime plus. Nous deux c'est fini.

Sur ces mots, Aaron s'était levé, la main d'Adanaël glissa sur le sol, et quitta les leiux, laissant son premier amour seul, agenouillé, se noyant dans le chagrin.
Il était à quelques mètres de la cabane quand il entendit les cris d'Adanaël le suppliant de revenir :
"Aaron ! Revient ! Dit-moi pourquoi ! Tu peux pas me quitter sans explication ! / T'es.. t'es rien qu'un lâche ! Va te faire foutre / Merde ! Je t'aime, tu peux PAS me laisser !"
Il avait mis ses écouteurs et écoutait sa playlist préférée, continuant son chemin sans un regard en arrière.

"Je ne t'aime plus." C'était là le plus gros mensonge qu'avait dit Aaron. Comment pouvait-il ne pas être amoureux de cet être merveilleux à ses yeux ? Évidemment qu'il était anéanti, que la tristesse avait envahie son corps tout entier. Ses yeux humides ne retenaient presque plus les larmes mais il s'interdisait de pleurer et de s'apitoyer sur son sort. Il ne voulait pas le quitter de cette façon, partir comme un lâche. Pourtant c'est ce qu'il avait fait : il avait lâchement profité de ce déménagement comme excuse pour le quitter, sans prendre le courage de discuter et d'arranger les choses, ce qui auraient pu faire durer encore très longtemps leur couple. Seulement ce n'était pas ce qu'il était arrivé. Aaron avait lâchement quitté Adanaël.

L'année de première s'était passée normalement, aucun évènement spécial n'était intervenu dans sa vie. Ah si ! Son chat Dicaprio était mort, écrasé par une voiture. Excepté cela et une année scolaire de plus, il s'était replié sur lui-même, devenu distant et froid, sortait moins et avait vécu dans le mal toute l'année, se ressassant sans arrêt leur rupture. Jamais il ne s'était plaint. Il regrettait tous les jours, à chaque minutes, mais il n'y pouvait plus rien car Adanaël était vraiment parti. Il avait beau attendre son retour, Adanaël ne voulait sûrement plus le revoir et entendre parler de lui.

La fin de leur année était arrivée, tout leurs examens passés, les premières, Aaron y comprit, avaient décidé de fêter tout ça. Le lieu choisit était un bar en ville. Malheureux hasard, le bar choisi était le Neon Light. Quoi de mieux que son ancien bar préféré pour gâcher cette soirée ? Il eut beau essayer rentrer en douce chez lui, toujours quelqu'un l'attrapait et l'entraînait avec lui. Cependant, lorsqu'il se retrouva face à l'entrée du bar, il ne bougea plus, devenant statue. "Aaron !" Un camarade de sa classe trottina vers lui.
"Ça va ? Pourquoi tu restes planté là dehors ? Tu veux plus v'nir ? C'est un bar super génial ! Tu vas voir, y a pleins de meufs là-bas, haha !
_Je vais bien, Karl, merci. Je suis juste... fatigué.
_C'est dommage ! C'est pas souvent que t'acceptes de nous accompagner puis là c'est une soirée spéciale : on passe en Term' l'année prochaine, on aura plus trop le temps de s'éclater comme ce soir ! Aller, viens, je t'assure que tu vas pas regretter."
Un bras autour de ses épaules, le dit Karl entraîna Aaron dans le bar. Ne le lâchant toujours pas, il le dirigeait vers leur table, où tout ses camarades étaient déjà assis.
Comme à son habitude, le bar était plein et il y était difficile d'y circuler. Des néons colorés dominaient le toit. Chaque table avait leur néon, les leurs ce soir étaient des oranges et rouges. Il s'assit un peu à l'écart de la table, faisant en sort d'être toujours visible par ses camarades. Il connaissait ce bar comme ses poches, rien n'avait changé. Lui et Adanaël étaient venus ici tellement de fois. "Adanaël...". Il se souvenait du contact de ses doigts contre ses joues, de ses lèvres douces dans le creux de son cou.
Stop !
Aaron se rongeait les ongles, le regard dans le vide, plutôt mal à l'aise.
Un bruit le fit sursauter ce qui le fit lever les yeux et il voyait enfin les néons violets. Ils n'avaient pas bougés, avaient gardés leur ambiance mystérieuse, ce qui rendait ce coin du bar si parfait. Leurs canapés rouges en velours étaient occupés par un jeune homme.
Aaron se demanda si ce jeune homme était assez méritant de s'asseoir sur ces canapés. C'était un jeune homme qui avait l'air plutôt grand, ses coudes nus touchaient la table en bois, sa fine peau blanche avait l'air tendue. Ses bras et jambes étaient très fins, ça lui donnait un air fragile, qu'il était trop facilement cassable alors on voulait le protéger. Ses lèvres rosées entouraient sensuellement la paille de son verre, son nez était long et fin. Quant à ses joues, elles étaient très creuses, lui donnant un air mystérieux. Ses cheveux bruns étaient soyeux, un peu ébouriffés, quelques bouclettes tombaient sur son front et cachaient ses yeux. Un mouvement. Une seconde. Il put voir ses yeux. Des yeux gris, très clairs, tâchetés de marron qui l'observaient. Ils s'observèrent sans bouger, chacun de l'autre côté de la salle, pendant quelques minutes. Ou quelques secondes ? Qu'importe, cela avait parut une éternité. Le jeune homme se leva, jeta un dernier regard à Aaron et disparut dans la foule. Aaron tenta de le retrouver du regard mais il ne le revit plus et repensa toute la soirée à ces yeux.