Chapitre deux

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Mon arrivée au lycée n'est plutôt pas passée inaperçue. "Oh mais regardez qui voilà donc";"Attention, tenez-vous à l'écart". Du jour au lendemain, mes problèmes sont devenus publics, et je n'ai aucune idée de comment cela est arrivé: personne n'a jamais voulu être ami avec moi, ni même être vu en ma compagnie.
En ouvrant la porte de la salle de classe, 28 regards se tournent vers moi.
- Veuillez m'excuser pour ce retard, Madame Mield. Je vous promet que cela ne se reproduira plus, dis-je essoufflée.
Quelques moqueries fusent à travers la pièce et la professeur hoche la tête. Je m'assois comme d'habitude au premier rang et sors mes affaires.
- J'espère que tu n'as pas eu trop peur d'arriver en retard, Stand. Si c'est le cas, j'en suis sincèrement navré ! Me souffle Aaron.
J'esquisse un sourire faux, et me retourne vers lui.
- Je suis, quant à moi, honorée que tu utilises un langage normalement inconnu à tes yeux pour m'adresser la parole. Tu as dû passer la nuit à étudier cette phrase, je me trompe ?
- Tu es aussi violente que mes céréales de ce matin.
Je lève les yeux au ciel: depuis ma petite enfance, Aaron a toujours été méchant avec moi. Alors quand il a su pour mon opération, il a sauté sur l'occasion et a monté toutes ses connaissances contre moi.
Durant l'heure, Mme Mield nous explique et nous ré-explique son intérêt pour les (dérangées) Brontë. Au final, je me retrouve avec une dissertation sur n'importe quel livre d'une des trois sœurs.

À la pause déjeuner, je sors sur le parking de l'école pour m'aérer des mauvaises blagues à mon attention. Mais au même moment, une Ferrari jaune déboule à vive allure au coin de la rue et se dirige droit sur moi. Le chauffeur m'aperçois juste à temps et s'arrête à quelques millimètres de moi.
- Mademoiselle ? Je suis désolé, oh mon dieu j'aurais pu vous tuer. Oh mon dieu, vous allez bien ? Vous n'êtes pas blessée ? S'écrit-il.
L'homme doit avoir une cinquantaine d'années et porte un blouson assorti à sa voiture.
- Ce n'est rien, ne vous inquiétez pas. Faites juste attention la prochaine fois, souriais-je.
Lui et quelques autres élèves me fixent, les yeux ronds.
- Je vais bien ! Assurais-je.
Sur ce, je fais demi-tour en direction du hall principal.
- ATTENDEZ ! Me crie le conducteur.
Je ferme les yeux et me retourne, tandis qu'il verrouille sa voiture et accourt jusqu'à moi.
- Vous... Vous n'avez même pas eu peur lorsque j'ai freiné tout près de vous. Vous n'avez même pas... Sursauté !
- Je vous remercie beaucoup de vous faire du soucis pour moi, mais comme vous pouvez le voir, je n'ai même pas une égratignure. Alors s'il vous plaît, laissez-moi.
- M...
- J'AI DIS LAISSEZ MOI !
Il sursaute violemment et je regarde autours de moi: plusieurs regards sont braqués sur nous et certains lycéens nous désignent du doigt.
- Écoutez, retournez au volant de votre joli petit bolide jaune et foutez moi la paix une bonne fois pour toute, d'accord ?
Je tente d'accompagner mes paroles avec un sourire qui se transforme rapidement en grimace.

***

En ouvrant la porte de mon appartement, je découvre mon père assis juste en face de son chevalet comme tous les jours. Lorsqu'il m'aperçoit, son visage s'illumine.
- Coucou mon cœur, alors ta journée ? Sourit-il.
Je lui raconte ce qu'il s'est passé avec l'homme à la ferrarie et ma convocation chez la proviseur par la suite.
- Je ne sais pas quoi faire pour te protéger quand je ne suis pas avec toi Holly. Soupire tristement mon père. Maintenant que tu es proche d'être adulte, ça me semble... À la limite de l'impossible.
- Papa. Tout va bien. Je suis encore jeune et je prends mes précautions.
Il acquiesce, mais je sais bien qu'il en faudra bien plus pour le convaincre entièrement.
Je monte dans ma chambre et mon portable commence à sonner.
- Allô ?
- Bonjour Holly, ici le docteur Ademn.
- Ah oui, bonjour.
- Je vous appelle pour savoir si il serait possible de se voir demain après-midi au lieu de mercredi. Il se trouve que j'ai une convention qui durera jusqu'à  samedi aux États-Unis et ne pas vous voir me semble non recommandable.
- Vous savez, je m'en sors plutôt bien en ce moment.
- Non, j'insiste vraiment pour que notre séance soit décalée Holly.
- Très bien. C'est donc possible pour moi demain.
- Parfait. Dans ce cas, à demain !

Elle raccroche et je laisse tomber mon portable sur le lit en soupirant.
Cela fait maintenant 6 ans que je vois le Dr Ademn, ma psychiatre, une fois par semaine. Au fur et à mesure du temps, elle est devenue comme une amie pour moi, et c'est d'ailleurs la seule personne en dehors de mon père, à qui j'adresse plus de trois phrases.

J'ai passé plus de cinq heures sur ma dissertation de  "La recluse de Wildfell Hallet" d'Anne Brontë et je dois dire que je suis particulièrement fière du résultat final. Les trois sœurs étant mes poétesses et romancières favorites, j'avais déjà lu leurs productions entières depuis maintenant quelques années déjà.
Surtout quand j'étais à l'hôpital.

Mon père est venu plusieurs fois dans la soirée et il a finalement cédé à m'apporter une assiette de sushis pré commandés dans ma chambre.
- Alors qu'est-ce que ça donne ?
- Ça rend bien. Mais j'avais déjà lu ce livre alors... J'ai directement pu commencer la rédaction.
- Et tu t'en souvenais ? C'était avant l'opération ?
Je hoche la tête et un silence s'installe entre nous.
- Au fait papa, je vois le Dr Ademn demain après-midi au lieu de mercredi. Elle a un séminaire.
- D'accord. Tant que tu peux t'arranger pour ne pas louper de cours, j'accepte.
- De toute façon, elle ne m'aurait pas laissé le choix, riais-je.
Il fait la moue et fait mine de s'en aller avant de s'arrêter dans l'encadrement de la porte.
- Je t'aime très fort Holly. Plus que tu ne l'imagine.
- Moi aussi papa. Et encore plus avec cette assiette, dis-je en lui pointant du doigts les sushis.
Il rigole et ajoute:
- Ne te couche pas trop tard.
Et il ferme la porte.

Après avoir dégusté mon repas, je prends ma douche et m'empresse de m'enrouler dans mes draps et d'éteindre les lumières.

Mais j'avais la nette impression d'être épiée.

Flashback, 6 ans plus tôt.
- Maman, j'en ai marre d'être ici.
- Je sais ma puce. Mais c'est bientôt fini.
- J'ai peur pour demain. Madame Katy m'a dit que j'allais aller dans une autre salle pour dormir pendant longtemps. Pourquoi ?
- Et bien c'est pour que tu ailles beaucoup mieux que tu iras dans cette salle, Holly.
- Et si je ne me réveille pas ? Qui va s'occuper de Monsieur Tigrou ?
Elle rit et j'aperçus une larme couler jusqu'à ses lèvres, qu'elle s'empressa d'essuyer.
- Ce sera toi qui va t'occuper de lui. Mais cette fois à la maison !
- Mais pourquoi tu pleure maman ?
Elle baissa les yeux.
- Car tu me fais rire.
- Ah ? On pleure quand on rit ?
- Des fois, oui. Mais maintenant il faut dormir ma chérie. Comme l'a dit ton père, s'il revient de la cafétéria et qu'il voit que tu ne dors pas, lui et Monsieur Tigrou ne vont pas être contents.
- Voyons maman ! Je ne serai jamais endormie ! Papa va revenir dans pas longtemps !
- Alors fais semblant.
Elle me fit un clin d'œil et déposa un doux baiser sur mon front.
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Voilà pour ce chapitre deux !
Je suis sincèrement désolée du long retard que j'ai eu depuis la publication du précédent chapitre, mais je vais me rattraper ;)
Comme vous l'avez peut-être compris, les passages en italiques retraceront le passé d'Holly !
Merci de me lire :)

PS: au fur et à mesure de l'histoire, les chapitres seront plus longs. :D

A.

Arise dreamOù les histoires vivent. Découvrez maintenant