.VII.

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«J'arrive!» Je dis en espérant ne pas l'énerver. Je l'avoue, il me fait peur.

J'ouvre enfin la porte mais il n'était pas derrière. J'arpente le couloir à sa recherche, je n'aime pas vraiment ne pas savoir où il est. Je me retourne de temps en temps dans l'inquiétude qu'il soit derrière moi, je me dirige vers le salon où je le trouve assis sur le canapé, un téléphone à la main. Il me jette un bref coup d'œil puis me reluque. Il me demande -m'ordonne- de m'asseoir à côté de lui. Je m'assois, certes, mais pas à côté de lui. Il me fait peut-être peur, mais je ne suis pas assez folle pour m'installer à côté de lui. Il pousse un soupir mais ignore mon geste.

«Mon père vient de m'appeler, il a besoin de 350'000$ pour se sortir de ce trou. Il veut que je fasse chanter ton père, et je veux que tu écoutes pour que tu saches comment ça se passe. Mais si tu dis un seul mot, je t'enferme dans la chambre et Dieu seul sait ce que je te ferais.» Je ne réponds pas et avale ma salive, c'est décidé, je ne dirais rien, je ne ferais pas un bruit. J'ai bien trop peur pour ça.

Soudain, je réalise : «Mais nous n'avons pas tout cet argent, même notre maison vaut moins cher que ça, il ne pourra jamais rassembler cette somme.» Grayson me regarde, incrédule, puis il rit. Il marmonne quelque chose que je ne comprends pas puis il déverrouille son téléphone et y rentre un numéro que je devine être celui de mon pauvre père.

Quelques sonneries plus tard, j'entends la voix de mon père à l'autre bout du fil, et je fais très attention à ne pas me faire entendre. Avant d'engager la conversation, Grayson me regarde l'air de dire "fais attention salope" mais j'ignore son regard.

«Allô? C'est la voix de mon père.

-Allô? Patrick? C'est bien toi?

-Oui, c'est moi. Qui est à l'appareil?

-Oh, oui, pardon, je suis un Dolan, et je voudrais vous prendre l'équivalent de 350'000$ pour pouvoir payer la caution de mon père, s'il vous plaît.

-Un Dolan hein... donne moi une seule bonne raison pour que je te donne l'argent que je n'ai pas. Et tu peux toujours rêver car je ne te donnerais rien, sur-ce, au revoir.

-Attendez, je pense que vous ne comprenez pas. Vous avez une fille il me semble,non?

-Ne la mêlez surtout pas à nos histoires jeune homme! Mon pères'énerve, vraiment.

-Oups, trop tard, nous l'avons kidnappée, moi et mon frère. Il faut dire qu'elle n'est pas moche non plus, vous avez fait du beau travail avec votre femme. À ce moment-là, il me regarde en se mordant la lèvre et je me sens proche du haut-le-cœur.

-Ne lui faîtes pas de mal! Elle ne vous a rien fait! Quand dois-je apporter l'argent?

-Eh bien voilà quand vous voulez, ce n'est pas si compliqué, si? Sinon apportez ça demain devant la porte de son appartement à 23h00 tapantes. Si vous n'y êtes pas, je serais obligé de l'emmener autre par et de lui faire subir des choses qu'elles ne devrait pas subir. Oh, et j'oubliais ; ne dîtes ça à personne.

Mon père n'a pas le temps de répliquer que Grayson raccroche, ce qui me donne, normalement, la permission de faire autant de bruit que je veux. C'est-à-dire que j'hurle, oui, je hurle de rage. Ils n'ont pas le droit de m'emmener autre part qu'ici, j'habite à côté, et ils n'ont certainement pas le droit non plus de me faire "subir des choses". Au pire, je pense que vers les coups de 23h00 je crierais. Ouais, c'est une bonne idée, peut-être que je me ramasserais deux bonnes claques, mais mon père m'entendra, c'est sûr! Et il me sortira de là, c'est un policier après tout.

Le temps a passé et j'entends la porte d'entrée, puis deux voix presque identiques. Ethan a dû rentrer. Je ne sors pas immédiatement de la chambre. J'ai beaucoup pensé à ce que Grayson a dit en parlant de m'emmener autre part. Quand il dit "autre part" c'est autre part à deux kilomètres ou autre part à l'autre bout du pays? Non parce que je ne suis pas vraiment rassurée sur la question, je devrais demander à Ethan. Et puis quand il parle de me faire "subir des choses"  j'en ai des frissons, je veux dire, je sais très bien de quoi il parle, ça se voit dans son regard, et croyez-moi, je n'en ai aucunement envie. Il est peut-être très attirant physiquement, je ne pense pas pouvoir le supporter. C'est bien trop horrible. Puis je me dis, pour me rassurer, qu'il n'oserait quand même pas me violer, c'est un trou du cul mais quand même pas à ce point, si?

Je sors finalement de la chambre au bout de trente minutes de cogitation intense entre moi, mon esprit et mes pensées. La nuit a déjà commencé à tomber, ce qui indique que nous sommes désormais le soir, je suis restée toute l'après-midi dans la chambre. Je trouve Ethan, je crois, dans la cuisine, mais aucune trace de Grayson. Je me racle la gorge pour signaler ma présence, le jumeau se retourne -oui, c'est bien Ethan-, il me regarde, puis sourit, il a la bouche pleine.

«Alors, avec mon frère? Me demande Ethan.

-Eh bien... on peut dire que vous êtes des opposés, vous ne vous ressemblez pas du tout. Mentalement je veux dire. Je réponds.

-Pourquoi, qu'a-t-il fait?

-Eh bien, je ne sais pas si je suis supposée en parler...

-Je t'ai déjà dis. T'a-t-il demandé de ne rien me dire?

-Non.

-Alors je t'écoute.

-Eh bien, apparemment votre père aurait réussi à vous joindre et il demanderait 350'000$ pour une caution. Grayson, m'a demandé de rester avec lui lorsqu'il a appelé mon père pour le faire chanter, je ne dirais pas que c'était horrible car ça ne l'était pas, mais Grayson a dit des choses qui ne me rassure pas vraiment en ce qui me concerne.

-Écoutes, on va manger, passer une soirée normale, et je viendrais ensuite dans ta chambre où tu me poseras toutes les questions que tu veux, d'accord? J'ai tout mon temps.


Après qu'il m'ait dit tout ça, il quitte la cuisine et se dirige vers la chambre à son frère. Je ne mets pas longtemps à entendre des haussements de voix, ce qui me permet d'entendre par petit bout ce qu'ils sont en train de se dire : "pourquoi [...] le chantage.""Fallait bien [...] à quoi s'attendre. Et comment [...] sais ça?""Elle [...] confiée, et me pose [...] lui réponds." Je pense finalement que je n'aurais rien dû dire à Ethan.
Puis plus rien. Quand d'un coup la porte de la chambre s'ouvre en grand et Grayson s'approche dangereusement de moi. "Tu lui as dit!?". Puis une forte douleur se fait ressentir au niveau de ma joue gauche. Et plus rien. Plus rien tout, hormis une douleur dans tout mon corps.

NeverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant