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Ayant un mauvais présentiment, je m'avançait vers le hall d'entrée, quand, tout à coup, un cri retentit.
J'accourai à la porte.

Ma mère gisait, inconsciente, sur les marches d'entrée. Je m'agenouillait à ses côtés.
"Maman ! Maman !" criai-je, totalement paniquée. Je tapotais ses joues complètement décolorées. Après une minute, elle ouvrit les yeux.
"- Il est là ! S'exclama t-elle.
  - Qui ?! " Hurlais-je

Grand-mère Lizenn arriva, l'air préoccupé. Elle m'aida à ce que Maman puisse se relever. Nous l'aidâmes à aller jusqu'au salon, où nous l'assîmes dans un fauteuil.
Je lui apportait de l'eau. Alors que je remplissait le verre dans la cuisine, proche du salon, j'entendis grand-mère Lizenn grommeler, malgré tout en murmurant: "ça recommence..." 

Étonnée, j'attendis quelques secondes sur le seuil de la cuisine, au cas où elle dirai quelque chose de plus, qui pourrait m'éclairer sur la situation. Mais elle ne chuchota rien de plus.

J'avançai dans le salon et donnai le verre d'eau à ma mère.
Après quelques minutes, elle avait déjà repris des couleurs.
Elle balbuçia: "Il était là... Devant moi..."
Cette fois, je m'énervai pour de bon.
"- Quoi ! Mais qui ? Grand-mère Lizenn regarda ma mère d'un air désolé. Ma mère fixait le vide.
-N'en parlons plus ! Ajouta ma grand-mère pour conclure. Vos invités arrivent dans un quart d'heure !"
Ma mère répondit qu'elle avait raison, et se leva pour aller terminer de préparer la cuisine.
Je regardai grand-mère Lizenn. Celle-ci détourna les yeux et sortit des la pièce.
Grand-mère Lizenn partit quelques minutes avant sept heures. Elle disait avoir une soirée cartes avec ses amies.

À sept heures cinq, on sonna à la porte.
J'accourai ouvrir, pour que ma mère n'ait pas à y aller.
Avant d'ouvrir, je soufflais en fermant les yeux pour chasser l'appréhension et affichait un sourire poli.
J'ouvrai la porte.

"Bonjour !" lançais -je joyeusement à la famille qui se tenait devant moi.
Ils me saluèrent, et ma mère arriva.
"-Ma fille, Astrid, et voici la famille Lenaig. Pierre, m'indiqua t-elle en désignant un homme assez grand, la barbe de trois jours: le père. Isabella, ma collègue... "

Isabella était une très belle femme, habillée d'un tailleur rouge pétant, et dont les lèvres portaient cette même couleur.
Ses cheveux blonds, courts et bouclés finissaient de la définir comme une femme originale.
Celle-ci continua:
"-Et voici Marcus, notre aîné, Éléonore, la deuxième, et Émile, le petit dernier," finit-elle en souriant.

Marcus était... Déstabilisant. Des yeux bleus, des cheveux blonds en bataille et habillé étrangement: polo, pantalon de toile bleue et chaussures de cuir.
Il devait avoir trois ou quatre ans de plus que moi.
Quand il remarqua que je le détaillais, je détournais les yeux... Pour voir Éléonore. Elle était habillée tout aussi étrangement que son frère, néanmoins plutôt de façon... Avant-gardiste.
Une robe dont le haut était noir, et le bas, en dessous de la ceinture de cuir, était coupé dans un tissu à fleurs colorées qui descendait jusqu'au pieds. Elle portait avec sa robe étrange des chaussures semies-ouvertes à talons hauts d'au moins huit centimètres.
Elle était grande, mais, l'étant aussi, elle ne me dépassait que d'une demie-tête avec ses talons.

Le petit, quand à lui, portait une salopette en jean par dessus la marinière traditionnelle.
Il serrait dans ses bras un ours en peluche fripé. Il ne devait pas dépasser les un mètre dix, et n'avait sans doute pas plus de six ou sept ans.

Nous debarassâmes nos invités de leurs vestes. Malgré le mois de juillet, les côtes du Finistère restaient fraîches, le soir.
Je me chargeais de déposer les vestes sur le lit de la chambre d'amis.

Lorsque je revins, tous étaient au salon en train de prendre l'apéritif. Je m'assurai que tous avaient de quoi boire puis me servis un verre de jus de pomme.

"-Et toi Astrid ? C'est quoi ton "truc" dans la vie ? Me demanda soudain Isabella alors que je venais de m'asseoir.
-Et bien... J'aime lire, je dessine un peu et... Je joue du piano, répondis-je en regardant le piano blanc.
-Oh ! Tu pourrais nous jouer quelque chose ? S'exclama Pierre en entendant cela.
-Il n'est pas accordé , je répondis pour couper court à la discussion. En réalité, il avait été revu au début des vacances. J'en avais joué hier. Mais devant eux... Non.
Ma mère me regarda d'un air agacé, mais ne dit rien.
-Dommage " dit-il. Et les adultes enchaînerent sur un autre sujet.
Mais entre nous quatre, les anges qui passaient commençaient à se succéder, et cela commençait à devenir gênant.
Éléonore regardait sa manucure, Marcus fixait ses chaussures et Émile avait la tête enfouie dans son nounours.

"-Euh... Essayai-je. Vous... Ça vous dit d'aller faire un tour sur la plage ? Demandai-je.
-Ok, répondit Marcus en plantant ses yeux bleus dans les miens.
Je détournais le regard.
-Allons-y, soufflai-je. J'allais chercher les vestes, puis nous sortîmes dehors. Le vent salé me calma. Je passai en tête du petit groupe puis nous descendîmes le sentier qui menait à la plage.

Avant de poser ses pieds sur le sable, Éléonore enleva ses chaussures à hauts talons. Marcus fit de même avec ses chaussures en cuir. Il les délaça, puis accrocha les lacets entre eux afin de les porter plus facilement.
Le petit, quand à lui, ne prit pas la peine d'enlever ses chaussures.
Après un instant d'hésitation, il dévalla le reste de la pente et courut sur le sable en faisant des bruits censés imiter ceux d'un avion.
Cela eût le mérite de nous faire rire doucement.
La tension disparut entre nous.

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Juste un petit mot pour remercier Lætitia, qui m'a fait une couverture magnifique.
MERCI :)

Storm In SoulOù les histoires vivent. Découvrez maintenant