Le choix de Peter Petigrow

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- Une boule à la menthe, s'il vous plait !
Peter soupira derrière son comptoir et saisit un cornet de biscuit. Il agita négligemment sa baguette et la glace verte et molle commença à s'agiter dans son bac. Une boule bien ronde jaillit de la masse crémeuse et voleta jusqu'à se poser au sommet du cornet. Le jeune vendeur tendit le produit dégoulinant à cause de la chaleur de l'été qui touchait à sa fin au garçon qui devait tout juste avoir onze ans. Sa robe de sorcier toute neuve laissait à penser qu'il s'apprêtait à faire sa première rentrée à Poudlard.

- Trois mornilles, marmonna Peter d'un ton qui n'avait rien d'aimable.


Le garçon ne broncha pas, laissa tomber les trois pièces d'argent sur le comptoir et disparut dans la foule qui se bousculait sur le chemin de Traverse. À quelques jours de la rentrée, c'était la période où toutes les familles se précipitaient pour acheter les fournitures scolaires de leurs enfants. On voyait partout passer des personnes les bras chargés de livres, de chaudrons, de plumes, de parchemins, de baguettes et parfois même d'un balai, d'un chat, d'un rat, d'un crapaud ou d'une chouette. Et tous les jours, Peter regardait avec nostalgie ces familles qui préparaient le départ de leurs petits pour Poudlard. À une époque, il avait été à leur place. Il se rappelait avoir déambulé sur le chemin de Traverse en compagnie de sa mère pour acheter ses premières fournitures scolaires. Il se rappelait de l'instant où il avait tenu pour la première fois sa baguette magique dans la main. Il n'avait pas été aussi excité que la plupart des enfants faisant leur entrée dans la célèbre école de magie, ça, non. Il avait eu peur d'être jugé, de ne pas être à la hauteur, de ne pas se faire d'amis, d'être rejeté. Mais malgré ses angoisses, rien de tout cela ne lui était arrivé car le soir-même de son arrivée à Poudlard, dans les dortoirs des Gryffondors, il avait fait la connaissance de ceux qui allaient être ses amis pour la vie : James Potter, Sirius Black et Remus Lupin. Peter avait de suite compris que James et Sirius avaient des âmes de leader et dès l'instant où il les avait vus, il avait pris la décision de les suivre et d'essayer de se faire apprécier d'eux par tous les moyens. C'est ainsi que dès le premier jour de cours, il était allé s'asseoir avec eux au fond de la classe, il s'était mis à rire bêtement à leurs blagues, même lorsqu'il ne les comprenait pas et il s'était mis à les considérer comme ses dieux, ses modèles. Et pour son plus grand bonheur, il avait été accepté dans la bande, lui, le garçon timide, celui qui avait terriblement de mal à faire une incantation alors que ses amis abordaient déjà des sortilèges que même des sorciers aguerris ne pouvaient même pas rêver faire. Au fil des années, Peter était devenu un Maraudeur et avait pris le nom de Queudver, il avait participé à toutes les blagues contre les Serpentards, il avait découvert des passages secrets, créé avec les autres une carte magique de Poudlard et était même parvenu à devenir un animagus. Ses années à l'école avaient réellement été les meilleures de sa vie. Mais malheureusement, tout a une fin. Lui et ses amis avaient finalement eu leurs ASPICS, quitté ce merveilleux château et avaient été jetés dans ce monde cruel où Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom gagnait chaque jour en puissance. Comme tous ses amis, Peter avait rejoint l'ordre du Phénix, cette société secrète dirigée par son ancien directeur, Albus Dumbledore, qui voulait combattre le mage noir. À la base, Peter n'avait eu aucune envie de rejoindre ce groupe : c'était bien trop dangereux. Et s'il se faisait torturer ? Et s'il se faisait tuer ? Mais comme les Maraudeurs y étaient allés sans hésiter, il n'avait pas pu se défiler. Sa peur de se faire rejeter par ses amis était plus forte que celle de se faire tuer par Vous-savez-qui. Malgré tout, Peter ne prenait pas de risque : il n'était jamais volontaire pour les opérations à risques, il prenait garde de ne jamais être en tête au moment des attaques contre les mangemorts et même dans ces moments-là, c'était à peine s'il lançait des sortilèges pour se battre. Il avait bien trop peur de subir des représailles. Non, la prudence passait avant tout. De plus, combattre les forces du Mal n'était pas une activité rentable et il fallait bien nourrir son sorcier. James et Sirius n'avaient pas d'ennui, eux : ils avaient hérité d'une grande fortune et n'avaient pas besoin de travailler pour subsister. Remus n'avait pas ce luxe mais grâce à ses performances et ses savoirs magiques, il donnait de temps à autre des cours du soir à de jeunes sorciers pour les perfectionner dans l'art magique et amassait ainsi assez d'argent pour être tranquille. Peter, lui, n'avait ni héritage ni talents particuliers. Il avait réussi à se faire embaucher chez Florian Fantarôme, le nouveau glacier du chemin de Traverse, et gagnait tout juste de quoi passer un mois sans soucis, mais sans pouvoir mettre de côté non plus. Il avait également eu des problèmes pour trouver un logement. L'appartement le moins cher qu'il avait trouvé était miteux et se trouvait dans un quartier moldu. Peter détestait ses voisins sans pouvoir magique. Il détestait les glaces. Il détestait les sales gosses qui venaient lui acheter ses produits et il détestait ces gens heureux qui traversaient la rue pavée chaque jour. Lui aussi voulait retourner à Poudlard, retrouver ses amis, faire des blagues, être sans soucis, sans problème d'argent, de logement, être sans une guerre qui ruine son quotidien. Mais son adolescence était derrière lui, désormais. Il avait vingt ans et était considéré comme un adulte, désormais : il devait se débrouiller seul.- Hé, Peter ! Sois plus aimable avec les clients, veux-tu ? Si tu me fais perdre mes acheteurs à cause de ton air grincheux, tu paieras de ta poche !Peter sentit son cœur s'affoler. Il se retourna vivement vers son patron, Florian Fantarôme, qui l'observait depuis un moment. Les yeux du jeune homme s'écarquillèrent de peur et il dit précipitamment :- Oh, non, Mr Fantarôme ! Je ne vous ferai pas perdre des clients ! Je ferai des efforts, je vous le promets ! Je serai un bon employé !
- Ça va, grogna le patron, plus lassé par le ton suppliant de Peter que convaincu par sa bonne volonté.Il retourna dans son arrière-boutique. Peter soupira de soulagement. Sa plus grande frayeur, après le fait de se faire tuer dans ses actions au sein de l'ordre du Phénix, était de se faire renvoyer de son travail. C'était tout ce qui lui restait. Tout ce à quoi il pouvait se raccrocher. Depuis qu'il n'était plus vingt-quatre heures sur vingt-quatre avec les Maraudeurs, il se sentait seul, abandonné, livré à lui-même et il détestait ce sentiment. De temps en temps, il tentait de réunir ses vieux amis, mais c'était de plus en plus difficile. James était marié, il venait d'être père et était confiné il ne savait trop où, de sorte qu'il ne le voyait plus. Sirius et Remus étaient très actifs au sein de l'Ordre et par conséquent, ils ne prenaient pas le temps d'aller boire un verre avec Peter pour parler du bon vieux temps. Tout ce qui leur importait, c'était de vaincre le mage noir. Comme si le fait de risquer sa vie pour une cause perdue était plus important que venir reformer la bande des Maraudeurs ! Vraiment, Peter se sentait délaissé. Il aurait donné n'importe quoi pour retourner à son entrée à Poudlard et revivre ses plus belles années...
À sept heures, Peter ferma la boutique. Florian Fantarôme était parti depuis longtemps. Le jeune homme remonta le chemin de Traverse en direction du Chaudron baveur. Une fois qu'il aurait rejoint le monde moldu, il marcherait jusqu'à chez lui. Il n'était toujours pas à l'aise avec le transplannage (il avait eu son permis de justesse) et il ne pouvait pas se permettre de dépenser le moindre sous dans un ticket de métro. De toute façon, il n'avait pas d'argent moldu et son patron le payait bien évidemment en gallions. Il n'échangeait son argent sorcier qu'au moment de payer son loyer. La vie était bien compliquée, à seulement vingt ans. C'est en ressassant ces idées noires que Peter remonta le chemin presque désert à cette heure. Le ciel commençait à devenir rose, annonçant le crépuscule. Alors que le jeune homme allait bientôt être en vue du Chaudron baveur, il entendit, sur sa gauche, un murmure :- Queudver...
Le Maraudeur sursauta, s'arrêta et tourna la tête. Il s'était attendu à voir l'un de ses amis car seuls James, Sirius et Remus l'appelait par ce surnom. Mais il n'y avait personne. Il était absolument seul sur le chemin et pourtant, il avait eu l'impression d'entendre murmurer au creux de son oreille. À quelques pas de lui, il y avait une petite ruelle qui s'enfonçait dans un sombre dédale. Sur une vieille plaque rouillée, Peter put lire ''allée des Embrumes''. Il avait entendu parler de ce lieu mais n'y était jamais allé. Apparemment, c'était là qu'allaient tous les sorciers recherchant la magie noire et la plupart des alliés de Vous-savez-qui. L'ancien Gryffondor se dit qu'il devait être fatigué, qu'il avait dû rêver qu'on l'appelait, il décida de ne pas s'attarder et reprit son chemin vers le Chaudron baveur. Mais il eut à peine eu le temps de faire quelques pas. Soudain, il entendit à nouveau murmurer près de lui :- Queudver...
Cette fois, le jeune homme sursauta et fit volte face sur sa gauche. Il dégaina maladroitement sa baguette et bégaya :- Qui... qui va là ?
Un silence de mort lui répondit. Après quelques instants, une légère brise sortit de l'allée des Embrumes qui lui faisait face et lui caressa le visage. Il entendit, au loin dans la sombre ruelle, une enseigne grincer, balancée par le vent.- Viens, Queudver... Viens à moi...
La voix, qui provenait clairement de l'allée, n'avait rien d'humaine mais était tout de même extrêmement attirante. Peter déglutit. Il tremblait comme une feuille. Il aurait aimé prendre ses jambes à son cou mais il était comme paralysé et séduit par cette intonation doucereuse qui paraissait pourtant anormale. Sans qu'il s'en rende compte au début, ses jambes commencèrent à avancer vers la sombre ruelle. Il était hypnotisé par cette voix qui l'emmenait directement dans l'antre de la magie noire. Le jeune homme plongea dans les ténèbres et dès l'instant où il quitta le chemin de Traverse, il se sentit comme englouti dans le froid. Au début, il ne vit rien. Il était dans un épais brouillard, il n'y avait plus aucune source de lumière. Puis il vit une silhouette se découper dans la masse grise. L'être était bien plus grand que la plupart des hommes et assez mince. Il était vêtu d'une longue cape noire. Lorsqu'il fut devant Peter, il retira sa capuche. Le Maraudeur sortit subitement de sa léthargie et poussa un long gémissement de peur. Sous les tremblements, il lâcha sa baguette qui tomba avec un bruit sec sur les pavés. Une fois encore, il aurait aimé s'enfuir mais il était comme écrasé par cette présence, ce personnage mythique dont il avait tant entendu parler et qu'il avait appris à craindre rien que par l'évocation de son nom. Peter tomba à genoux et se mit à gémir tout en cachant son visage derrière ses mains. Il allait être torturé avant d'être tué, c'était sûr...- Queudver... dit Lord Voldemort d'une voix doucereuse. C'est bien comme ça que t'appellent tes amis, n'est-ce pas ?
Peter gémit encore. Comment savait-il cela ? Avait-il le pouvoir de lire dans les pensées ? Le mage noir se pencha en avant, dominant totalement le jeune homme par sa hauteur, et du bout de sa baguette le força à baisser ses mains pour qu'il le regarde droit dans les yeux. Un cri d'horreur s'étouffa dans la gorge du Maraudeur lorsqu'il vit les deux fentes rouges qui perçaient cette peau blafarde et qui le fixaient sans aucune humanité. Il avait l'impression d'être face à un serpent qui se serait habillé avec la peau d'un cadavre humain. Avec un air terrifiant, le mage demanda :- Sais-tu qui je suis, Queudver ?
Peter ne parvint pas à détacher ses yeux des deux fentes mais il laissa échapper une longue plainte. Il ressemblait à un chien qui hurlait à la mort et il tremblait de tous ses membres. Il priait de toutes ses forces pour que ce ne soit qu'un cauchemar et qu'il se réveille immédiatement. Mais il restait là, terrorisé face à cet être malfaisant qui semblait vous promettre de vous torturer de la pire des manières rien qu'en vous regardant. Après d'interminables secondes, le visage de serpent de Lord Voldemort se fendit de ce qui aurait pu être un sourire chez un être humain. Avec une grimace terrifiante et un ton satisfait, le mage se redressa et dit :- Je vois que l'on t'a appris à me craindre. C'est bien. Dis-moi, est-ce que tu as des rêves, Queudver ?
Peter resta interdit. Lord Voldemort lui demandait-il réellement ce qu'il désirait ? Le jeune homme hésita un moment, choisissant soigneusement ses mots, puis ouvrit la bouche pour répondre lorsque le mage noir, qui lui avait tourné le dos et avait commencé à faire quelques pas, reprit la parole :- Moi, j'ai des rêves, Queudver. Je rêve d'un nouvel ordre dans le monde des sorciers. Je rêve d'un monde où nous ne devrions plus nous cacher des Moldus, où c'est eux qui nous craindraient, au contraire. Nous nous sommes trop habitués à la présence des gobelins, des elfes de maison et des autres créatures magiques, nous leur avons donné trop de droits. Bientôt, ils mangeront à notre table ! Te rends-tu compte ? Nous ne devons pas laisser faire ça. Ces créatures nous sont inférieures naturellement et elles doivent le rester. Tu n'es pas d'accord ?
Voldemort se tourna d'un coup sec vers Peter. Ce dernier hocha vivement la tête pour montrer son approbation. Il savait bien, au fond de lui, que si ses amis Maraudeurs le voyaient à cet instant précis, ils auraient honte de lui. À sa place, James aurait craché à la figure du mage et lui aurait hurlé que tous les Moldus valaient mieux que lui. Mais Peter n'avait pas d'épouse née-moldu et il n'avait, d'ailleurs, jamais eu de vraies affinités avec les personnes dénuées de pouvoirs magiques, alors ce n'était certainement pas maintenant qu'il allait commencer. Voldemort sourit une fois de plus, manifestement satisfait du sorcier obéissant qu'il venait de trouver, et continua :- C'est pour cette raison que je rallie des personnes à ma cause : nous devons purger le monde, chasser les Sangs-de-Bourbe et remettre au pouvoir les sorciers de souche, les seuls qui ont le droit de pratiquer la magie car elle leur est naturelle contrairement à tous les autres. Dans mon entreprise, j'ai besoin de sorciers puissants et rusés pour m'assister et me permettre d'instaurer ce nouvel ordre. Rejoins-moi, Queudver, et ensemble, nous bâtirons un univers où chaque chose sera à sa place et où nous serons les maîtres.
Peter ouvrit grand les yeux et déglutit. Il ne s'était absolument pas attendu à ce discours. Il pensait qu'en temps que membre de l'ordre du Phénix, il serait immédiatement torturé et interrogé sur l'organisation secrète avant d'être tué. Il avait donc été extrêmement surpris de voir que Voldemort discutait simplement avec lui. Et il ne s'était pas posé davantage de question. Tant qu'il restait en vie, c'était le principal. Mais à présent, le mage noir dévoilait son jeu. Le Maraudeur n'en revenait pas. Savait-il seulement qu'il était un allié de Dumbledore ?
- Crois-tu que j'ignore que tu es membre de l'ordre du Phénix, Queudver ? Crois-tu que je ne me renseigne pas en avance sur les sorciers que je rencontre ? Me crois-tu stupide ?Peter sursauta violemment quand Voldemort vit volteface vers lui. Lisait-il dans les pensées ? À cette idée, le jeune homme se sentit encore plus mal. Mais ce qui le terrorisait le plus, ce qui le rendait malade de peur, c'était de se dire qu'en s'attirant la colère du mage noir, il signait son arrêt de mort. Il se remit à trembler comme une feuille et balbutia :- Non... non, je ne vous crois pas stupide ! Bien sûr que non ! Au contraire, je pense que vous êtes l'un des plus grands sorciers de...
- Il suffit ! coupa violemment Voldemort. Je sais pertinemment que tu es membre de l'ordre du Phénix et c'est justement ce qui me plait chez toi, ajouta-t-il en adoucissant sa voix. Tout en restant là-bas, tu pourras me raconter ce que préparent tes amis pour tenter de contrer mes mangemorts. Je pourrai me débarrasser de ces gêneurs un à un grâce à tes précieuses informations.Peter sentit son cœur se déchirer. En une fraction de seconde, il se revit âgé de quinze ans, suivant les Maraudeurs à travers le château, riant avec eux. Non, il ne pouvait pas renoncer à cette amitié. Il ne pouvait pas piétiner les souvenirs les plus chers qu'ils possédaient. Une once de courage qui dormait au plus profond de lui lui fit crier :- Je ne trahirai pas James, Sirius et Remus ! Ce sont mes amis !
- Ah oui ? Ce sont tes amis ? demanda Voldemort avec un sourire terriblement mauvais. Mais d'habitude, les amis se soutiennent entre eux. Alors pourquoi tes amis ne sont-ils pas auprès de toi, maintenant, alors que tu as le plus besoin d'eux ? Où sont-ils depuis que tu as terminé tes études à Poudlard ? Tu ne les vois plus trop, n'est-ce pas ? C'est parce qu'ils ont trouvé des choses bien plus intéressantes que toi. Ils t'ont laissé tomber, Queudver.- Non ! C'est faux ! Nous nous sommes un peu éloignés depuis deux ans mais je sais qu'un jour, nous serons à nouveau tous réunis !Le tremblement dans la voix de Peter montrait qu'il ne croyait pas lui-même à ce qu'il disait. Voldemort eut un sourire victorieux.- Arrête de prendre tes rêves pour la réalité, Queudver ! Tu n'es plus élève à Poudlard et tes amis ne sont plus là pour te protéger car ils ont bien mieux à faire. Rejoins-moi, prouve-moi ton indéfectible fidélité et je saurai te récompenser. Je ne t'oublierai pas comme l'ont fait ceux que tu appelles "tes amis".
Le jeune homme se mit à trembler de plus en plus fort. D'un côté, l'image de ses trois amis restait bien nette dans son esprit. James, Sirius et Remus l'avaient toujours soutenu, il ne devait pas les trahir. D'un autre côté, il était terrorisé par Voldemort qui s'était à nouveau dressé face à lui, qui le dominait de toute sa hauteur et de toute sa puissance. La volonté du Peter adolescent et loyal se heurtait à la volonté de survie du Peter désespéré. En lui se jouait un combat qui ébranlait tous ses principes. Le Maraudeur laissa une fois de plus échapper un long gémissement, s'entoura de ses propres bras et se mit à se balancer d'avant en arrière.- James... Sirius... Remus...
- Ils ne sont plus rien pour toi ! rugit Voldemort qui commençait à perdre patience. L'amitié est un concept bon pour les faibles ! Je te propose le pouvoir, Queudver ! Rejoins-moi ! Rejoins-moi ou meurs !D'un geste ample, le mage noir tira sa baguette de sa longue cape. Lentement il la pointa sur le jeune homme. Pour la première fois de sa vie, Peter vit d'extrêmement près la mort. Il poussa une longue plainte. Le combat en lui était terminé. La volonté de survie avait vaincu la volonté de loyauté. Lentement, il tendit son bras tremblant à Voldemort. Un sourire malsain fendit le visage du mage noir. Dans un rire dément, il posa l'extrémité de sa baguette sur le poignet de Peter. Ce dernier poussa un hurlement de douleur. Il vit avec horreur une sorte d'encre magique se répandre dans sa peau en plusieurs lignes avant de former le dessin d'un serpent sortant de la bouche d'une tête de mort. Voldemort retira sa baguette, fit un pas en arrière et fit signe à Peter de se relever.- Tu as fait le bon choix, Queudver. Maintenant, tu vas me dire tout ce que tu sais de l'ordre du Phénix.
- Ou-oui maître.
- Sais-tu où se trouvent James Potter et sa famille ?
- Non, maître.
- Bien. Dès que tu le sauras, je voudrai que tu me révèles l'emplacement de leur cachette. Ce sont des nuisibles qu'il faut éliminer de toute urgence.Peter ferma les yeux, des larmes roulèrent sur ses joues en imaginant une dernière fois les visages accueillants de James et Lily. Mais malgré les remords et le chagrin, sa voix se fit dure :- Oui, maître.******************************************************
Quelques années plus tard, alors que Queudver venait de rendre son corps à Voldemort, il repensa à la fameuse soirée où il était devenu mangemort. Il repensa à la nuit où il avait trahi James, Lily et Sirius, à la nuit où il avait échappé de peu à Sirius et Remus, où il avait été sauvé de justesse par Harry. Un instant, il pensa que rien de tout ça n'aurait pu arriver s'il avait été un vrai Gryffondor et un vrai Maraudeur, si la loyauté avait vaincu l'instinct de survie, s'il avait préféré mourir que trahir ses amis. Mais il n'avait jamais eu ce courage. Peter Pettigrow, le petit Maraudeur, était devenu Queudver le traître. Il en était ainsi et il n'en aurait jamais pu être autrement.

Lily Evans et compagnie (des os)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant