"-Débrouille-toi. C'est ce que tu dois apprendre à faire pour survivre."

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J'haussai un sourcil, en ayant un air surpris. J'avais compris qu'ils essayaient de ne pas mourir, comme la plupart des humains non-suicidaires, évidemment.
Je scrutai Poings Américains droit dans les yeux, ce qu'il faisait aussi, et ça me déstabilisa un moment.

-C'est quoi cette vie ? De quoi vous vous cachez ?

Je repensai aux explosions qui avaient lieu un peu plus tôt dans la ville, et réfléchis à quel genre de personne pourraient faire ça.

-De la guerre.

-Quelle guerre ? Pourquoi des gens se font exploser ? C'est quoi ce terrorrisme ?

-On en a aucune idée, on veut bien le savoir, répondit Gars À La Pomme.

Ce dernier désigna le brun qui venait de reposer son couteau avec la collection sur l'étagère -sûrement la sienne- et qui regardait au loin, n'ayant pas l'air de vouloir se mêler plus à la conversation.

-Il faisait partie de l'armée avant. C'est pour ça qu'il est aussi... musclé. Et entraîné.
-Si jeune ?

-Les gens étaient désespérés à l'époque. Ils le sont toujours d'ailleurs.

Il soupira et finit par s'allonger sur un matelas pour après poser ses mains sous sa tête, comme si il était complètement à l'aise, puis ferma les yeux en souriant.

-Qu'est-ce qu'il y a de drôle dans tout ça ? demandai-je en voyant son sourire.

Je trouvais ça étrange de sourire.

-Le fait que tout le monde soit pessimiste.

J'étais sûre que je ne pourrais pas vivre avec des gens trop optimistes. Mon père a toujours été neutre, même si par moments on avait pu rire un peu, mais il ne souriait pas souvent, et ne parlait presque jamais, sauf pour ses avertissements habituels.

-Tu viens d'où toi, pour ne pas connaître tout ça ? continua mon interlocuteur.

-De la maison qui a explosé, soupirai-je en m'asseyant par terre.

-Tu vivais quel genre de vie ?

-Je ne sais pas. C'était plutôt heureux. Mon père m'éduquait un peu, mais ne me parlait jamais de dehors. Je faisais ce que je voulais. Sauf sortir, évidemment.

-Je trouve ça bizarre que ta maison n'ait pas explosé plus tôt.

-T'aurais préféré ?

-Ouais. On n'aura pas besoin de partager, au moins.

-Je n'ai jamais dit que je restais.

Il rouvrit les yeux et Poings Américains me fixai en fronçant les sourcils.

-Maintenant qu'on t'a montré la planque, tu restes.

-Pourquoi?

-Parce que si tu ne veux pas rester, je serais dans l'obligation de te tuer, dit-il d'une voix sinistre.

-Je suis tellement heureuse que j'en ai les larmes aux yeux, soupirai-je.

Beaux Yeux éclata de rire.

-Ne fais pas trop attention à ses menaces. Il ne les mets presque jamais à exécution, me rassura la brune.

-Tu veux tester? rugit doucement l'intéressé en plissant les yeux.

Son interlocutrice sourit en murmurant un "je te taquine" puis vint l'aider à trier ses couteaux pour se faire pardonner sûrement.
Je balayai l'endroit du regard et aperçus Cheveux Châtain Clair, mais seulement après avoir examiné la pièce une troisième fois. J'eus un peu honte intérieurement de ne pas l'avoir remarquée plus rapidement.
Je m'approchai lentement d'elle, laissant le blond dormir et les deux autres aiguiser leur couteaux.
Je vis qu'elle était entrain de lire un livre avec une couverture bleue crasseuse aux coins déchirés. Il y avait marqué "Le Jeu Du Maître" dessus.

[EN PAUSE] Escaped.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant