Rêve ou réalité ?

Chapitre 1

La jeune fille en avait plus qu'assez ! Cela faisait plus dix-huit ans qu'elle s'échinait à apprendre les manières de la haute société, boire son thé sans bruit, parler correctement à une duchesse, choisir ses alliés et amis publiques, entretenir sa réputation... Elle savait tout ça ! Mais ce n'était pas suffisant ! Rien n'était jamais suffisant ! De toute façon, son père n'avait pas besoin d'elle ! Michelle ferait parfaitement l'affaire ! Après tout, elle maniait mieux les aiguilles servant à coudre, savait poser sa tasse sans faire de bruit... Alors qu'elle ne trouvait consolation que dans l'étude des langues et de l'écriture dans laquelle elle excellait... bien piètre talent n'est-ce pas ? En tout cas, ce n'était pas avec ça qu'elle allait faire la fierté de son père. De toutes façons, si cette maladie du diable n'avait pas existé, elle n'en serait pas là !

La lady se dirigea gracieusement vers le parc même si elle écumait intérieurement : on la surveillait partout ! Elle ne pouvait même pas circuler dans sa propre maison sans qu'on rapporte tous ses faits et gestes à son paternel, Mademoiselle Lucy a bu deux tasse de thé, Mademoiselle Lucy est arrivé avec deux minutes de retard dans son cours d'équitation... Toutes ces contraintes la faisaient bouillir de rage ! La haute société a une vie agréable qu'ils disaient ! Elle allait leur en donner de la haute société et ils allaient s'en souvenir toute leur vie !
Lucy s'allongea sous son arbre préféré, pile dans l'angle mort de toutes les personnes pouvant la surveiller. Ce n'était pas la grande et belle Michelle qui irait se coucher à même le sol, hein ?
☆☆
La jeune femme se releva en début d'après midi, surprise que la fatigue l'aie rattrapée et qu'elle se soit endormie sans même sans rendre compte. Son oeil fut attiré par un bref mouvement près des fougères où pourtant personne ne se rendait. Elle se remit sur ses deux jambes, décidée à réprimander quiconque osait interrompre son seul et unique instant de répit. Grande fut sa stupeur lorsqu'elle remarqua que le fauteur de trouble n'était autre qu'un lézard. Elle s'était mise en tête de réprimander un lézard ! Le cours de danse lui était monté à la tête ! Elle se prenait pour folle mais se décida à suivre cet animal qui exerçait sur elle une attraction peu commune, une impression de mystère qui ne pouvait qu'attirer une âme romancière comme la sienne...