Trois

311 71 12
                                    

Le soir, son père vient la chercher, en face du lycée. Je suis souvent devant eux, ou alors derrière eux, mais jamais loin. J'écoute leur conversation, et remarque qu'ils sont parfois complices, et d'autres fois opposés. Elle est trop idéaliste, selon son père, elle imagine le monde tel qu'elle veut. Et même quand il lui dit qu'elle est utopiste, elle garde espoir. Elle a l'espoir d'un monde meilleur et de réaliser ses rêves. Mais moi, je sais que son père a raison. Cependant, je ne dis rien. Je connais la réalité, et j'aimerais l'en protéger. Ériger des barrières entre elle et ce monde qui n'est pas pour elle.
Son monde est un dégradé infini de couleurs. Car son imagination est infinie. Elle n'a pas de frontières et ne s'arrête pas. Je sais qu'elle ne perdra jamais cette ardeur qui la brûle, cette animosité qui lui permet de rêver et de s'évader. Quand elle va mal, je sais qu'elle s'enferme dans son monde, sa bulle. Sa bulle qu'elle crée de toutes pièces, avec des personnages aux multiples facettes. Dans son monde, elle peut tout contrôler. Son monde aussi est rempli de couleurs.
J'admire tant sa capacité à oublier les problèmes, car mon imaginaire est fade, dépourvu de couleurs. C'est un amas de blanc, noir et gris. Pas d'étoiles, pas de lumières, pas de flammes. Rien, juste l'ombre et une lumière terne aux pâles reflets.

Colorful Où les histoires vivent. Découvrez maintenant