La chaleur était presque insoutenable. Non. En réalité, elle était insoutenable. Pourtant, il était déjà plus de 19 heures, et le soleil finissait sa douce descente vers l'horizon. Mes valises à mes pieds, je fixais, au-delà des grilles, la maison qu'elles protégeaient.
— Vous êtes certaine de ne pas vouloir que je vous accompagne jusqu'à la maison ? me demanda pour la troisième fois le chauffeur de taxi en refermant le coffre de sa voiture.
— Non. C'est gentil. Mais je préfère marcher.
— Comme vous voudrez.
Il monta dans son taxi et démarra, me laissant seule.
Oui. Je voulais marcher, alléger mes jambes engourdies par les trois heures de vol du trajet.
Une brise légère souleva quelques mèches de mes cheveux blonds. Je pris une profonde inspiration, les yeux fermés, attendant une sensation, même minime, de fraîcheur. Nada. L'air remué était lui aussi humide et chaud. Ma mère m'avait pourtant avertie : Miami en plein mois d'août, c'est un sauna grandeur nature. À cela, elle avait rajouté les pluies torrentielles qui s'abattaient tous les après-midi sur la ville pendant au moins deux heures, et les ouragans qui survenaient sans prévenir.
Je n'avais plus qu'à croiser les doigts pour ne pas en croiser un car, même si je savais courir vite et bien, je n'étais pas certaine de gagner au chrono face à un déchaînement de la nature.
J'attrapai la poignée de ma valise à roulettes d'une main et l'anse du vieux sac de voyage de ma mère de l'autre. Trois mois. C'était la durée minimale de mon séjour ici. Non. De mon travail ici.
J'étais tentée d'appeler ma mère sur-le-champ, autant pour la rassurer et lui dire que j'étais bien arrivée que pour entendre sa voix me répéter que c'était la seule solution, dissipant un peu mon angoisse.
Je n'avais pas le choix. J'avais besoin de cet argent. Un besoin vital.
Je passai le portail en fer forgé pour entamer ma longue ascension jusqu'à la villa. Mes sandales claquaient sur les dalles en pierres de l'allée. Je ne savais plus où donner de la tête : à ma gauche comme à ma droite, des pelouses d'un vert éclatant bordaient l'allée et de magnifiques palmiers dominaient les hauteurs. Devant moi, la maison aux murs rosés et au toit pointu de tuiles rouges, dépourvue d'étage, s'étalait sur toute la largeur de la propriété, prolongée d'un garage à sa gauche. À l'extrémité droite, je devinai, à travers l'immense baie vitrée, un salon meublé de plusieurs canapés.
J'étais arrivée, et je doutais déjà. Ma famille me manquait. Et s'il se passait quelque chose en mon absence ?
Je tentai de me rassurer. Tout irait bien. Je devais prendre soin du propriétaire des lieux, un certain Rick, vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Ce qui ne me changerait pas de mon quotidien, puisque je m'occupais des personnes âgées de mon quartier. Le cœur battant, je lâchai la poignée de ma valise, sur laquelle mes doigts s'étaient crispés malgré moi, et je sonnai. Une douce mélodie retentit à l'intérieur.
La porte s'ouvrit sur une grande blonde d'une cinquantaine d'années, habillée d'un pantalon de tailleur blanc, qui tombait à la perfection sur ses escarpins, et d'un chemisier en satin vert sans manches. Je me sentis soudain minable avec mon short en jean et mon débardeur en coton blanc.
— Oceana Douglas ? demanda-t-elle en me tendant la main.
Je hochai la tête, incapable d'aligner deux mots, et lui serrai la main.
— Amber Thomas. Je vous en prie, entrez. Nous avons déjà eu l'occasion de nous parler au téléphone.
Oui, je me souvenais de mon entretien d'embauche avec elle. Un entretien téléphonique. Celui-ci s'était limité à fixer le montant de mon salaire et à vérifier mes diplômes. Je n'avais que cinq ans d'expérience, mais je supposais que son fils, le patron de ma mère, avait appuyé mon dossier, car il connaissait ma situation. Sinon pourquoi ne pas avoir cherché quelqu'un à Miami ?
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Brisé(e) (BlackMoon Romance)
RomancePlus qu'un besoin, Oceana, trente ans, doit réussir à regrouper plus de trois cent mille dollars le plus rapidement possible. Autant dire impossible pour une infirmière aux revenus modestes. Alors lorsque sa mère lui dit que la famille Thomas, déten...