Chapitre 5

489 43 33
                                    

- Papa ?! Qu'est-ce que tu fais là ?

- Ça m'a pourtant l'air clair. Je suis venu te ramener, que tu le veuilles ou non.

- Et si je ne te suis pas ?

- Tu te prendras la raclée du siècle.

- Mais j'ai besoin de m'éloigner un moment, tu le comprends, ça ?! J'ai besoin de temps ! Et toi aussi, apparemment.

- Comme si j'en avais quelque chose à faire.

- D'un côté, tu te fous royalement de moi, mais de l'autre, tu veux absolument me ramener ! Où est la logique ?

- De toute façon, il faut qu'on parle, tous les deux. Tu le sais.

- Pff... Tu veux plutôt que TU parles et que moi je t'écoute bien gentiment !

- Bon, fais pas ton enfant et reviens.

- Mathieu... Vous avez vraiment besoin de discuter, tous les deux... intervint Antoine.

- Mais... Tu m'as dit toi-même que je devais prendre du temps pour moi, pour réfléchir !

- Je sais, mais j'ai peut-être eu tort ! Je n'ai pas la science infuse...

- Bon. Je veux bien revenir pour parler, mais pas longtemps, céda le petit, encore hésitant.

- Allez, viens là, va !

Son père lui donna une tape dans le dos, et l'emmena, après qu'il ait embrassé une dernière fois son cher et tendre petit ami.

Une fois chez Mathieu, la mère de ce dernier tendit les bras pour un câlin, et la manche de celle-ci se releva lors de ce mouvement, laissant apparaître un hématome sur l'avant-bras. Mathieu sentit un frisson le parcourir le long du dos. Son père... Non... Il n'aurait pas pu faire ça ? Frapper sa mère ? Cette seule idée lui glaçait le sang. Son père n'était pas comme ça. Il en était persuadé. Enfin... Il pouvait être agressif, voire violent, mais il ne serait pas capable de battre sa femme, si ?

- Va dans ta chambre, Mathieu, je te rejoins, ordonna le père de ce dernier.

Il s'exécuta et s'éloigna, mais resta dans le couloir, à l'abri de la vue de son père, pour épier leur conversation.

- Tu restes à ta place, je ne veux pas t'entendre prononcer un seul mot, compris ?

- Oui, Steph... Mais...

- Pas de "mais".

- S'il te p...

Le père leva la main en guise d'avertissement. Sa femme se tut et baissa les yeux. Mathieu, horrifié par le comportement de son père, avait remarqué que sa mère se tenait le bras juste là où elle avait probablement été frappée. Son cœur battait de plus en plus vite. Il avait à la fois chaud et froid, envie de partir, mais besoin de rester. Pour sa mère. Son père commença à marcher en direction de là où était caché Mathieu, alors il retourna vite dans sa chambre pour s'installer sur son lit. Stéphane apparut dans l'encadrement de la porte, et s'assit sur le lit de son fils, à côté de celui-ci.

- Alors, c'est quoi cette histoire ?

- Je suis gay, et j'aime Antoine.

Le père de Mathieu se crispa.

- Et... je ne veux pas revenir vivre ici tant que tu ne m'auras pas accepté pour ce que je suis.

Stéphane supportait mal ce qu'il voyait comme de l'insolence.

- Tu peux comprendre, non ?

Mais cette dernière question ressemblant plus à une supplication de son fils le désempara. Il ne s'attendait pas à le voir aussi sincère. Il répondit alors :

Matoine : Je crois bien que je t'aime...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant