Matoine : Je crois bien que je t'aime...

Chapitre 3

/!\ ATTENTION IL Y A UN LEMON DANS CE CHAPITRE

Le père, sidéré, lâcha les deux bouteilles de bière qu'il tenait dans une main, et resta figé. Mathieu remit immédiatement son t-shirt, et Antoine fit de même.

- Papa... J'aurais voulu que tu l'apprennes autrement...

- Que j'apprenne quoi autrement ?! Que mon fils est gay ? Qu'il m'a trahi ? Qu'il a sali l'honneur de sa famille ?

Mathieu savait qu'il réagirait comme ça s'il l'apprenait, c'est en partie pour ça qu'il voulait le cacher.

- Antoine, tu me dégoûtes. Je pensais franchement pas que tu étais de ce bord-là. Sors tout de suite de chez moi, sale gosse ! T'as vu ce que t'as fait à mon fils ?!

Les larmes montèrent instantanément aux yeux de Mathieu. Comment son père pouvait aller si loin dans ses propos ? Comment pouvait-il trouver ça normal de réagir de la sorte ?!

Lorsque sa mère entendit les cris venant de la chambre, elle monta immédiatement.

- Mais qu'est-ce qui se passe ici ?

- Il se passe que ton fils est homo, et fait des choses avec ce petit con sous mon toit ! hurla le père en pointant Antoine du doigt.

Mathieu redoutait la réaction de sa mère.

- Non mais ça va pas de réagir comme ça ? Ca ne t'est jamais venu à l'idée de respecter les choix des autres ?! Premièrement, ce n'est pas TON toit, mais le notre, le tien, le mien, celui de Mathieu, ET celui d'Antoine. Il est le bienvenu ici quand il le voudra et ce n'est pas toi qui dira le contraire car tu sais quoi ? Non, ce n'est pas ton toit. Tu vis dessous, mais je te rappelle que ce sont MES parents qui ont acheté la maison et qui nous l'ont donnée donc si tu le prends comme ça, c'est mon toit, mes lois !

- Ah, c'est beau les femmes ! Ca s'approprie tout dès que ça les arrange ! Mais quand il y a un problème, un truc à réparer, quelque chose à payer, comme les foutus cours de théâtre de ce morveux, il y a plus personne ! Et ça revient en trottinant vous dire que ce sont ses lois qui règneront !? Non mais qu'est-ce qu'il faut pas entendre !

- Ses cours de théâtre, c'est bien la seule chose que tu payes toi ! Mais je te rejoins sur un point : QU'EST-CE QU'IL FAUT PAS ENTENDRE !! Tu vois réellement la vie de famille comme un règne, toi ?! Si c'est le cas je me suis vraiment trompée à ton sujet !

Mathieu n'en pouvait plus. Antoine avait le regard vide, fixé sur les parents qui se disputaient dans l'encadrement de la porte, et de lourdes larmes roulaient sur ses joues ; ses parents criaient à s'en arracher les cordes vocales ; la télé, toujours en marche, rajoutait une couche de bruit ; et lui, il était au milieu de tout ça, sans rien faire.

Il se leva du canapé, se boucha les oreilles, et hurla : "ASSEZ ! J'en ai assez !!"

Ses parents se retournèrent vers lui, abasourdis. Antoine se tourna aussi. Mathieu se leva, prit son petit ami par la main, son téléphone, et ils descendirent les escaliers tous les deux, écartant au passage les parents, toujours figés. Antoine ne disait toujours rien, mais les larmes sur ses joues commençaient à sécher. Leur trace brillait encore à la lumière. Mathieu et lui mirent leurs chaussures, une veste, et s'apprêtaient à sortir de la maison, lorsque la mère cria :

- Vous allez où ?! Mon p'tit Mathieu, reviens mon chéri, ne t'en vas pas, Antoine, reste aussi !

- Désolé Maman, mais j'ai entendu tout ce qu'il fallait ici, on n'a plus rien à faire là. Papa, t'es qu'un con.

Et il claqua la porte. Dehors, il s'adossa à celle-ci, et laissa enfin ses larmes couler. Il ne pouvait plus s'arrêter, et Antoine le serra contre lui pour le réconforter.