Je pris ma nouvelle prescription et l'extirpa de mon sac. Leurs poids avaient drastiquement triplées, leurs couleurs, elles, restaient la seule caractéristique qui n'obstruait pas l'amas de changement que ses comprimés allaient procurée à ma frêle personne. Le Zuclopentixol, source de biais et de solution, deux extrêmes se réunissent dans ce comprimé de maintenant 9 grammes. Résidant sur ma langue, ils se dissout avec l'eau que j'y avais aisément ajoutée. Les effets secondaires se récitaient tel une comptine lugubre, digne de : Ring Around The Rosie. Comptine qui fût aussi dérangeante que mélodieuse dans les corridors des hôpitaux traitant la tuberculose chez les jeunots. Les heures d'insomnie se succèderont, les mouvements involontaires vous gêneront, les troubles de vision vous pollueront et les rayons UV vous violeront. Je prenais plaisir à annoté tout changements drastiques, j'avais une hausse d'effet secondaire, comme m'avait prévenue le médecin en charge de ma famille.
La première heure du matin s'affichait déjà sur le cadrant numérique de l'habitacle. Ma mère, Alyce, de par ses yeux clos, dormait, ce qui ne m'étonnait pas. Malgré ses allures d'handicapée physique, elle entretenait la maison, consacrait sa vie dans le développement de l'enfance et était secrétaire juridique. Oui, même une chaise roulante ne l'empêchait pas d'être cet être merveilleux.
Mon ''père'' était toujours concentré sur la route, sa présence m'était lointaine, toujours préoccupé par son travail, nous déménagions par sa faute. Ses investissements fleurissaient à Beacon Hill, il nous promettait une grande maison, ce qui me dégouttait. Une chaumière se berçant à l'orée d'un pré, scindé par un fleuve, m'aurait amplement plus, comme il fût, jadis, avant que tout ça ne soit arrivé. Aidan, mon père fantôme, ne savait plus comment m'appeler. Le monstre que j'étais devenue le rebutait. Depuis ce jour où ses créatures m'ont dit de vaincre la brume, cette brume qui couvrait ce monde en le protégeant d'un autre, celui de la folie? Je crains la réponse que me donnera le futur.
Je soupirai lourdement, imaginant entendre les remarques des bipèdes qui peupleront la future école où moi et mon frère cadet, Seth, allions. J'avais farfouillé les mémoires d'Internet pour y découvrir que Beacon Hill était remarquablement connus pour son équipe de Lacrosse. Seth comptais déjà joindre leurs groupes. Disons qu'aucun point négatif n'en sortait, mise à part le fait qu'il attirât des centaines de jeunes pucelles à ses pieds, malgré ses treize ans. Étendus maladroitement sur son siège, il ronflait, comme tout préadolescent après une séance de sport. Avec maman et Seth qui dormait, un silence d'enterrement nous surplombait de par sa lourdeur. L'origine du silence morbide qui régnait dans l'habitacle avait pour cause que la relation entre moi et mon dit père ne se contentait qu'à des strictes normes visant la politesse. Nos regards se croisèrent alors qu'il me fixait intensément.
-Ta mère m'a toujours dit que tu étais une enfant différente.
-Je n'aurais sue dire mieux.
-Ombre, je ne fais pas référence à... cette chose que tu as en toi.
-Ce mot ne me gêne plus, Aidan.
-Ne m'appelle pas comme ça.
-Tu aimerais mieux que je sois suppliante, telle une femme qui s'apitoie sur son pauvre sort de maniaque. Oh, non, attend, tu veux que je t'appelle Papa?
-Oh doux Jésus. Tu sais très bien ce que je pense de notre relation à longue distance.
-Longue distance? J'appelle ça une relation inexistante.
-Qu'est-ce qui a bien pu te changer? Avait-il dit, comme pour lui-même.
Je m'adossai contre la vitre, alors qu'un vent de confession me prit.
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Illusions
General FictionZeph est une jeune évadée des petites maisons. Elle est sous prescription et à l'honneur d'entretenir une relation clandestine avec ses illusions, mais une vérité lui refourgua un allé-simple pour la réalité. Plongée et immergée dans cette nouvelle...