Louis XIV était épuisé. Cela faisait maintenant deux semaines qu'il était loin de son cher Versailles pour aller négocier avec le roi de Luxembourg, toujours opposé à l'annexion de son pays par la France.
Le souverain français esquissa un sourire à cette pensée : cela n'était qu'une question de temps avant que ce ridicule duché ne soit sien. Il avait déjà pris la Lorraine et le Barrois, Luxembourg tomberait bientôt sous la coupe de ses troupes.
Il était assis dans son carrosse, dont le compartiment sentait l'orange douce. Les parois, minutieusement décorées, étaient recouvertes de dorures, qu'il parcourait du regard depuis son départ.
Son château lui manquait autant que ses occupants. Il avait hâte de retrouver les parties de cartes, les conseils de ministres, les soirées dansantes et tout ce ballet incessant de courtisans qui gravitaient autour de lui.
Certes, il avait échangé plusieurs lettres avec ses conseillers durant son absence, afin de garder constamment un œil sur ce qu'il se passait à la Cour. Mais il n'avait jamais eu une confiance absolue en ces hommes-là. Comme dans « La Cour du Lion », une des fables de son ami La Fontaine, il ne supportait pas que l'on fasse preuve de trop de zèle à son égard. Il n'était pas dupe : il savait parfaitement que ses ministres disaient ce qu'il souhaitait entendre, afin de rester dans son entourage proche.
Le carrosse cahotait sur les pavés mal alignés. Cela contrastait avec les chemins boueux qu'ils avaient empruntés plus tôt dans la journée, mais la sensation n'en était pas plus agréable. Bien que la banquette soit couverte de coussins, son postérieur était tout de même endolori.
Ce fut donc avec un soupir de soulagement qu'il accueillit l'arrêt soudain du véhicule. Pourtant, après quelques secondes, il fronça les sourcils, se questionnant sur la raison de cette immobilité. Il pouvait arriver que son convoi soit arrêté par des mendiants ou des paysans mécontents, mais il avait donné des injonctions strictes : éviter tout arrêt non essentiel dans les rues de Paris.
Du haut de ses quarante-quatre ans, il avait toujours craint les passages dans cette ville. Il avait déjà vécu plusieurs mauvaises expériences lors de ses précédents déplacement et préférait éviter de les revivre.
Toujours assis dans l'habitacle du carrosse, il entendit soudain des éclats de voix provenant de l'extérieur. Il reconnut celle de son capitaine, un homme imposant et assez brusque.
Il risqua alors un coup d'œil sous le rideau pour observer ce qu'il se passait dehors.
L'altercation se déroulait devant le convoi, ce qui expliquait qu'il ne pût rien voir de plus qu'une foule de parisiens curieux. Rassuré qu'il ne s'agisse pas d'une embuscade dans une rue malfamée, il attendit que la situation soit gérée par ses subordonnés.
Pourtant, quelques instants plus tard, on toqua à la porte et un laquais l'ouvrit sans attendre sa réponse. Louis fut aveuglé par l'afflux soudain de lumière et plissa les yeux pour apercevoir la personne qui se présentait devant lui, aux côtés du laquais.
Il s'agissait de son capitaine. Celui-ci paraissait furieux et frottait son épaule avec vigueur.
- Que se passe-t-il, monsieur ? demanda le souverain avec agacement.
- Ce n'est qu'un léger contretemps, Sire. Une jeune femme a été percutée par l'un de nos chevaux. Mais c'est sans gravité, j'en fais mon affaire. Nous allons repartir dans quelques instants.
Intrigué par l'attitude de son subordonné, Louis fronça les sourcils puis déclara :
- Une femme, vous dites ? Laissez-moi constater par moi-même.
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Éblouie par le Soleil | EN LIBRAIRIES
Ficción históricaDISPONIBLE EN LIBRAIRIES, PARU LE 02/01/2021 ⚜⚜⚜ Hiver 1683, Paris. Par un concours de circonstances, Lise, une villageoise de dix-sept ans, croise la route de Louis XIV. Une confusion inattendue donne la po...