Nouvelle compagne de route...

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En un instant, un homme long et mince était arrivé à ses côtés, la mine grave, il demanda :

- Non mais dites donc, Boss, ça va pas de gueuler comme ça en pleine nuit ? On risque de...

Il cessa nette tout discours et posa un regards professionnel sur la source de son tracas, une jeune inconnue, inconsciente, Masi lui tapotait le dos et lui lança un regard entendu avant de dire :

- Elle fait une crise, de l'asthme probablement, regarde ce que tu peux faire.


- Oui, Boss, fit le dénommé Din en examinant la jeune fille. Il ne put s'empêcher de faire remarquer à quelle points elle était frêle, comme une brindille fragile.

Masi resta prêt de lui et se contenta de le regarder faire, le sachant bon médecin et plaçant toute sa confiance en lui. Tout en s'assurant que sa vie n'était pas en danger, Din disait :

- Malnutrition, elle a une structure fragile. Trop fragile, elle s'affaiblit en faisant un effort, je ne saurais dire lequel...


- Effort physique, demanda Masi qui à présent était adossé à l'arbre pour laisser à Din de l'espace pour travailler.


- Mmh, je ne pense pas, Boss, ses bras sont trop frêles pour faire quoi que ce soit et puis regardez, dit-il en soulevant doucement sa longue jupe jusqu'aux genoux pour laisser paraître des ecchymoses, sa malnutrition provoque une lente cicatrisation. A la moindre chute, la marque reste pour un bon moment.

Masi se rapprocha pour mieux voir et fut attristé de voir l'état de ces genoux. D'un geste pudique, il remit sa jupe en place afin de cacher cela. Perdu dans ses réflexions, il se disait que pourtant, sa voix semblait forte,quelques instants plus tôt, lorsqu'ils discutaient...

C'est Din qui l'arracha de ses pensées en se relevant. En se frottant les mains dans un chiffons, il dit :

- Elle a reprit une respiration régulière mais je luis donne pas longtemps à la pauv' petite, soupira-t-il, je vous attends au fourgon, conclut-il en secouant la main nonchalamment.

Masi soupira en posant un regard sur l'endormie. « Pas longtemps » se répéta-t-il puis il laissa un sourire lui traverser les lèvres en la soulevant délicatement.

Il lui dit en calant la tête de l'inconsciente sur son épaule :

-Eh bien, j'ai toujours aimé les paris risqués, ce n'est pas aujourd'hui que ça changera !

Et il se dirigea vers le fourgon où ses camarades l'attendaient de pieds ferme. Quelle fut leur étonnement en voyant une inconnue inconsciente dans les bras de Masi, leur Boss.

Il passa devant eux comme si de rien n'était et posa la jeune fille avec délicatesse dans le fourgon au siège passager. Ensuite il sortit et fit face à ses hommes qui attendaient des explications. C'est Din qui réagit le premier, son instinct de médecin lui dictant qu'il devait à tout prix protester.

- Écoutez, Boss, loin de moi l'idée que je doute de vous ou de votre jugement mais je viens d'examiner cette jeune fille et elle ne semble pas être dans les meilleurs conditions pour supporter quelconque voyage.


- Viens en aux faits, Din, dit simplement Masi qui se tenait face à ses hommes, bras croisés, tout ouïe.


-Ce que je veux dire, reprit Din, c'est que ce voyage la tuera.

Il y eut comme un froid, les hommes se regardaient, incrédules puisqu'ils n'avaient pas assistés aux soins que Din avait prodigué à la jeune fille un peu plus tôt. Din soutenait le regard de Masi. Masi avait toujours suivi ses conseils à la lettre lorsqu'il s'agissait de santé ou de prognostique médicale, il plaçait en son médecin une confiance considérable ainsi qu'un respect incontesté. Ils se fixèrent un instant et c'est Masi qui rompit le silence en disant :


- Si elle reste là, elle mourra et puis elle dégage une aura peu commune, je crois que sa présence ne peut nous être que bénéfique, conclut-il


- Serait-ce la fameuse prophétesse dont les villageois parlaient ce matin, hasarda John en lançant un regard à la passagère endormie.


- Je ne saurais le dire. Mais qu'il s'agisse ou non de cette Shéhérazade, je ne peux tourner le dos à une personne en détresse, grogna Masi.


- Votre âme charitable vous perdra, Chef, ironisa Jadan en entrant dans le fourgon.


- Bien, messieurs, quelqu'un d'autre voudrait nous faire part de son avis, demanda Masi en lançant des regards interrogateurs à ses hommes qui lui faisaient face.


- Moi, Boss, fit l'un, Fescho, grand, baraqué, cheveux rouges, petits yeux aux idéaux un peu machos.   

Not In My NameOù les histoires vivent. Découvrez maintenant