Assis en haut d'un muret, mes genoux ramenés contre moi, de la neige tombant dans mes cheveux ébènes, je m'adonnais à mon passe-temps favori: observer les humains. Enfin, cette nuit était particulière... d'après mon portable, il était une heure du matin et, d'habitude, à Ikebukuro, les messes basses et autres règlements de compte fusent, à cette heure-ci.
J'ai relevé les yeux vers le ciel pollué de Tokyo. J'aimais la nuit presque autant que j'aimais les humains, en fait. Lorsque la nuit tombe, une autre société s'installe. Les règles ne sont plus les mêmes, les limites sont repoussées, les tabous s'effacent. Dans l'obscurité, il se passe alors des choses que la plupart des gens ignorent : la vraie vie. Non pas que j'étais candidat pour en avoir une, une vie. Mais j'adorais néanmoins observer, juger, et influencer les humains dans leurs actions. Je vouais un amour que certains qualifiaient de "malsain" à l'humanité. J'étais peut être un pervers, après tout. Mais quoiqu'il en soit, cette obsession pour l'humanité m'avais jusque ici permis de rester heureux. Jusque ici.
Exécré, j'ai poussé un profond soupir avant de me lever de mon muret, prêt à rentrer chez moi. Ce n'était pas dans mes habitudes de me coucher à cette heure-ci, mais cette nuit, il ne se passait strictement rien. Bref, plus ou moins de mauvaise humeur, je suis rentré chez moi en trainant des pieds. Un écrit d'Oscar Wilde tournait en boucle dans ma tête depuis des jours, ce qui n'améliorait pas l'état de mon moral. J'avais beaucoup d'estime pour cet homme qui avait réussi à pondre un truc aussi génial que La ballade de la geôle de Reading mais si j'en croyais ses dires... J'ai pincé les lèvres.
"On commence à se tromper soit-même, puis on trompe les autres"
Pourquoi cette phrase me faisait un tel effet? Me trompais-je sur moi-même? Ça n'avait pas de sens.
Je suis Izaya Orihara.. J'observe le monde et le manipule.
Je ne voyais pas quel sentiment me poussait à avoir des pensées si stupides.
Ainsi, mon esprit ressemblait à une véritable tempête alors que je marchais dans l'habituelle ruelle escarpée qui me menait à mon appartement — mais tout d'un coup, une silhouette immense me barra la route. Ladite silhouette se tenait parfaitement immobile, et je me suis arrêté moi aussi, ne pouvant de toute façon pas passer. Des cheveux blonds. Un costume de barman. Pas de lunettes de soleil mais il était néanmoins impossible de se tromper sur l'identité de l'individu. Un sourire se dessina de lui-même sur mon visage. Peut être que la soirée n'allait pas être aussi ennuyeuse qu'elle le promettait. J'ai lancé:
- Shizu-chan! Tu sais que c'est pile le bon moment pour venir me chercher? Tu choisis bien tes interventions, ma parole!
Un silence. Un long silence. Il ne bougeait pas d'un pouce, ne disait rien. C'était presque à se demander si il respirait.
J'ai froncé les sourcils et, une main sur mon couteau, me mis en position d'attaque. Les méninges de mon cerveau se mirent à tourner à vive allure. Ce n'était pas normal, pas du tout. Pourquoi ne rien dire? Pourquoi ne pas directement engager le combat? Shizuo n'était pas assez intelligent pour avoir l'idée - non, ne serait ce que la retenue - de me faire une mauvaise blague. Plissant les yeux, je me suis approché de lui à pas de loup. Lorsque je vis ses prunelles, aussi pourpres que le sang, je ne pu m'empêcher de pousser un hoquet de surprise. Il me scrutait d'un regard neutre, perturbant, et les muscles de son corps étaient parfaitement détendus. Comme un pantin. Tout bas, j'ai juré en me rendant compte de la situation avant de reprendre d'un ton plus neutre:
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Possession
FanfictionPourquoi a-t-il fallu qu'Anri prenne possession du corps de Shizuo? Et surtout, comment a-t-elle réussi à déterrer des sentiments pourtant si profondément enfouis?