7 - Rencontres

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Après avoir roulé toute la nuit et une bonne partie du petit jour, j'arrive à l'adresse qu'Helge m'a indiqué. Je gare la moto dans la rue à sens unique, devant un petit immeuble ou plutôt une grande maison sur deux étages. Il y a de grandes fenêtres en demi-lune à chaque palier et la porte d'entrée d'un rouge vif est ornée d'une marquise en verre. Ma nouvelle maison est placée en face d'une supérette et je remarque que je suis à deux pas du centre-ville. En arrivant sur le perron de la porte, les rideaux frémissent à la fenêtre du rez-de-chaussée. Un voisinage curieux visiblement. Je compare les noms de l'interphone avec ceux renseignés dans mon dossier. J'appuie sur le bouton du deuxième étage, c'est le seul emplacement sans nom. J'en déduis que ce doit être le bon, car les noms du troisième et du rez-de-chaussée ne correspondent pas. L'interphone grésille, une voix d'homme me répond :
- Wep ?
- Heu, salut, c'est bien ici qu'habitent Jimmy et Laura ?
- P'tetre bien. Qui les demande ?
- Je suis Samuel.
Il raccroche. Merde, me suis-je trompé ? J'entends ensuite le cliquetis du verrou, un homme un peu plus jeune que moi apparait dans l'encadrement de la porte d'entrée. Son look est celui d'un chanteur de groupe de rock. Il est très mince, ce qui me décomplexe un instant, mais n'est pas frêle pour autant. Il est sec, mais musclé. Une crinière de cheveux longs encadre son visage anguleux. C'est la première fois qu'une personne m'apparait différente des autres gens. Je ne sais pas dire à quel genre, ou à quelle espèce il appartient, mais je sais juste qu'il n'est pas qu'un simple humain. Il mâchouille un cure-dents avec nonchalance lorsqu'il se présente à moi :
- Je suis Jim. Bienvenue chez toi.
Jim n'est pas très bavard. Nous montons au premier étage, où il a laissé la porte entre ouverte. Je rentre dans une grande pièce à vivre avec un canapé en cuir et deux fauteuils en tissus qui ont l'air plutôt confortable. Un bol de céréales, couvert de lait, attend sur la table basse à côté d'une manette de PlayStation. Le salon, d'après mes connaissances en matière de décoration, est plutôt d'actualité. Il est décoré avec goût. D'épais rideaux bleu canard finissent d'habiller l'endroit. La cuisine ouverte sur le séjour est séparée par un plan de travail, entouré de hauts tabourets en bois.
- Après la cuisine, dans le couloir, il y a la salle de bain et nos piaules. La tienne c'est la première à droite. Je dors dans celle juste à côté, et Laura a celle au fond du couloir. La salle de bain et les sanitaires, tu te doutes, c'est les portes sur la gauche.
- Merci.
- Je te laisse t'installer si tu veux. Tu verras, il y a pas mal d'affaires à jeter encore dans ta chambre. On n'a pas fini de débarrasser les fringues du gars avant toi.
- Il est parti il y a longtemps ? Je demande pour engager un peu plus la conversation.
- Il est mort y'a deux semaines, dit-il en s'affalant dans le canapé pour reprendre sa partie de PlayStation.
Waouh, ok. Ce gars fait preuve d'un « je-m'en-foutiste » déconcertant pour son ancien colocataire. Qu'a-t-il bien pu lui faire pour mériter si peu de compassion ?
- Je te demanderais de ne rien garder de lui. Laura s'entendait bien avec et je préfère ne pas la voir dans tous ses états si jamais tu utilises quelque chose qui lui appartenait. Elle est partie au travail il y a quelques minutes. Elle rentre vers midi si tu veux la voir. Jimmy fourre une grosse cuillère de céréales dans sa bouche et reprend sa partie de jeux de combat. Je décide d'inspecter ma chambre, bien que je n'aie aucune affaire à y ranger dans l'immédiat. En ouvrant la porte, je suis soulagé, je m'attendais à pire. La seule chose horrible c'est ce grand tapis rouge oriental. Le reste est simple, la pièce est lumineuse grâce à sa grande fenêtre. Il y a un lit deux places, une armoire et un bureau sur lequel sont posés plusieurs sacs poubelle vides. Quelques photos sont épinglées juste au-dessus. Sur l'une d'elle, je reconnais Jimmy, les bras croisés sans sourire. A côté se trouve un homme d'une bonne quarantaine d'année, si ce n'est plus, et entre les deux, une fille plutôt jeune, la vingtaine je dirais, qui les attrape tous les deux par le cou en riant aux éclats. Peut-être s'agit-il de Laura ?

Je laisse simplement mon sac sur le lit. Je ne me sens pas encore très à l'aise dans cet appartement. Je ne veux pas m'attaquer au grand nettoyage des affaires de cet inconnu maintenant, je décide donc de quitter les lieux pour la matinée. Je vais faire du repérage dans cette nouvelle ville. Nous sommes dimanche matin, tout doit être fermé, mais tant pis. Je salue Jim qui ramène son bol à la cuisine. Il m'indique un trousseau de clefs accroché dans l'entrée, sans me demander plus d'information sur mon retour.

Je suis dehors, je profite de la sensation que me procure l'air frais sur ma peau. Le petit jardin autour de la maison est fonctionnel, il regorge de plantes aromatiques et d'arbustes fleuris. Une voiture est rangée dans le garage, resté ouvert, au fond de la cours. J'enfourche l'assise de ma moto, et enfile mon casque avant de mettre les gaz.

Les rues sont accueillantes. Les habitants se dirigent tous plus ou moins vers le marché de la ville. Je m'arrête pour laisser traverser une petite vieille avec son cadi rouge qu'elle tire derrière elle. Je regrette rapidement, la mamie avance lentement, mais a le mérite de me remercier. Je tourne la tête vers le trottoir. Une jeune femme cours comme une flèche pour attraper le bus qui commence déjà à partir sans elle. Mon cœur s'emballe. Malgré ses joues rouges et sa contrariété d'avoir manqué son transport, elle m'apparait comme un ange. Pourtant j'en ai vu des filles de mon vivant et encore plus en Enfer. Mais elle. Bon Dieu qu'elle est belle. Elle s'arrête, essoufflée, à l'abribus. Elle se débat avec son foulard qui joue dans le vent. Même agacée elle est à tomber. Le soleil fait ressortir ses taches de rousseur. Elle met une mèche de cheveux derrière ses oreilles pour y mettre des écouteurs. Ses mains sont fines et son port de tête délicat. Elle enlève les épingles qui, à l'origine, devaient dompter sa chevelure. Elle s'obstine à ranger ses mèches folles derrière ses oreilles. Elle commence à bouger ses lèvres fines, sur les paroles de la chanson qui passe certainement dans ses oreilles. Je meurs d'envie de l'embrasser. Je me trouve ridicule. Est-ce ma nouvelle liberté qui me fait tourner la tête et tomber en émoi devant la première venue ? Non mon cœur me dit autre chose.

Un klaxon me sort de ma contemplation. La vieille dame est déjà à plusieurs mettre du passage clouté, et une file de voiture s'est créée derrière moi. Le bruit a attiré le regard de la belle qui croise le mien. Ses yeux sont perçants et je comprends qu'elle se sent épiée. Que faire ? Je pourrais lui proposer de la déposer quelque part ? Non, ce serait ridicule de l'aborder comme ça, là maintenant. Après un deuxième coup de klaxon, je décide de prendre la fuite.

***

Petit cadeau de la nuit : l'image que je me fais de Jimmy que vous venez de rencontrer ici !

Aller patience, bientôt je vous présenterai Samuel sous ses deux versions : avant et après son changement d'ADN ! 

Aller patience, bientôt je vous présenterai Samuel sous ses deux versions : avant et après son changement d'ADN ! 

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Knockin on Heaven's door 1.L'ombre  [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant