Chapitre 16 : Aaron

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Bon. Me voici de nouveau face à ce cher carnet. Et là, j'imagine que je n'ai pas le choix. Je vais vraiment devoir y écrire. Malheureusement.

Mais bon, c'est comme ça. Tu m'as coincé. J'ai été stupide, et voilà le résultat. Je n'aurais jamais dû écrire tout ceci la dernière fois. À cause de ça ( ou grâce, tout dépend du point de vue, le mien ou le tien ), tu t'es senti obligé de me prouver que tu maîtrisais la situation. Et résultat, je me suis retrouver en prison. Enfin, pas vraiment en prison. Je n'étais même pas en garde à vue, les cellules étaient pleines ( on n'imagine pas le nombre d'affaires louches dans une si petite ville, c'est fou ). Non, ils m'ont mis en cellule de dégrisement. Ce n'était pas si terrible après tout, j'étais juste le seul type sobre au milieu de trois SDF qui dégobillaient sur mes converses noires. Et oui, si tu veux tout savoir, le vomi a traversé la toile, donc oui, j'avais les chaussettes mouillées par du vomi. Étrangement ce n'est pas ce qui m'a le plus dérangé. L'odeur était pire que cette sensation absolument horrible. Et ça a duré deux jours. Je crois que je peux affirmer que ces journées ont été les pires de ma vie. Avec l'anniversaire de mes sept ans ( c'est une très longue histoire, qui implique des épinards, mes poissons rouges et le dentier de ma grande-tante Suzanne. J'en fais encore des cauchemars ).

Donc à cause de toi et de carnet de merde, j'ai passé cette horrible week-end. Parce que évidemment, tu ne pouvais pas faire ça de façon à ce que je rate des cours, non, tu as préféré gâcher mon week-end. Merci beaucoup. 

Mais heureusement, tu es une brèle pour faire de fausses preuves. Donc ils m'ont relâché, à contrecœur c'est évident, à grand coup de regards noirs, de craquement de phalanges et de " on t'a à l'œil gamin, alors fait gaffe. Pigé ? ". C'est le jour où j'ai le plus levé les yeux au ciel et soupiré de ma vie à mon avis. C'est aussi le jour où j'ai découvert que j'avais un avocat, comme dans les séries policières nulles qui passent le jeudi soir. Enfin, c'est celui de mon père. Il est particulièrement efficace et rassurant, surtout lorsque qu'il a déclaré : "t'inquiète fiston, ça va aller. On va te sortir de là. Enfin, dans tout les cas j'essaierai que t'ailles pas dans un centre de redressement trop dur". C'était particulièrement génial, comme tu dois t'en douter.

Et de retour à la maison, ça a été un vrai festival. Entre ma mère mi folle d'inquiétude mi moralisatrice, et mon père fou de rage, d'abord contre moi, puis quand il a été au courant contre "ce connard qui a piégé mon fils", c'était super cool. Vraiment.
Bon, heureusement, Juliet ( ma petite sœur de 12 ans ) n'a pas été trop pénible, à part ses très sympathiques remarques sur mon odeur " pourquoi tu pues 'Ron ? " en se bouchant le nez.
Petite remarque, Juliet est la seule à avoir le droit de m'appeler 'Ron, et elle le fait parce qu'elle sait que je déteste ce surnom. Si quelqu'un d'autre m'appelle comme ça, je le démonte. Tu es prévenu, Inconnu.

Et après, au lycée c'était incroyablement désagréable, tout le monde parlait sur mon dos, du style : " Ouais, c'est le mec qui a été en prison ". Même les profs et les pions. Et j'ai aussi été collé par mon prof de math, un gars horrible d'une soixantaine d'années, accro aux pulls jacquard et au vin rouge vu la couleur de son nez. Tout ça parce que je n'avais pas fait mes exercices. Comment lui expliquer qu'en prison ça aurait été un tout petit peu compliqué ?
Enfin bref, c'était vraiment de la merde.

Ah, je viens de recevoir le si charmant texto qui m'ordonne de passer le carnet. Cool, je vais en être débarrassé. Alors, voyons voir...
« Donne le carnet en main propre à miss Watson. »
Tiens, ça change de la dernière fois... Le donner en main propre à Emie, hum, ça veut dire qu'on va parler du carnet...

Et sinon je tiens à te faire remarquer que tu as mis un point à la fin de ton message. D'après une étude, ça signifie que tu as un problème psychologique. Je ne sais pas pourquoi, mais ça ne me surprend pas du tout. On se demande pourquoi...

Aaron Walker, mercredi 14 octobre

( oui, je l'ai mise. La date, si importante à tes yeux. Prend ça comme une marque de bonne volonté, pour que tu ne m'envoies pas une deuxième fois en prison. Ça serait cool. )











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