Chapitre 4

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Nous avons pénétré dans un petit hall haut de plafond. Dans l'entrée, à gauche se trouvait une double porte majestueuse, elle était entrouverte et j'ai pu constater que c'était un bureau. Sans doute celui d'Orféa. En face, il y avait une petite porte fermée, j'en ai déduit que c'était peut-être la cave. J'ai suivi Madame Wilkins dans les escaliers de marbre au dessus de la petite porte. Nous sommes passés devant deux portes closes, mais mon pouvoir de déduction n'a pas fonctionné cette fois-ci. Nous nous sommes arrêtés devant une autre porte close, la plus éloignée dans le couloir. Orféa Wilkins a frappé. Une voix masculine a répondu par un grognement. Orféa a ouvert la porte et nous avons pénétré dans un autre bureau.

- Benjamin, je te présente mon mari, Timéo Wilkins.

Un homme, était assis sur une grande chaise. Silhouette longiligne, visage aux traits fins et anguleux, cheveux grisonnants et yeux noirs. L'exact opposé de Orféa Wilkins. Deux chiens, des braques de Weimar, se sont levés dès que Madame Wilkins et moi sommes rentrés. Ces chiens étaient magnifiques, du même gris que ses yeux.

- Enchanté, monsieur...? demanda Timéo Wilkins.

- Benjamin, monsieur Wilkins, répondis-je de la manière la plus polie possible.

Cet homme était aussi fascinant que sa femme.

Orféa Wilkins prit la parole.

- Timéo, je te présente Benjamin Rozinski.

Monsieur Wilkins parut étonné.

- Rozinski ? Celui que nous attendions ?

- Lui-même, lança Orféa, et nous avons des choses à nous dire.

Elle m'indiqua un fauteuil. Elle s'est installée à côté de moi, face à son mari.

Timéo Wilkins prit soudain un air solennel, comme si nous étions à une conférence annonçant la fin du monde.

- Benjamin, ma femme et moi sommes les directeurs de l'Institut La Tourmente pour enfants spéciaux. Nos élèves sont appelés les Tourments...

- Oui, ça je le sais, l'interrompais-je, mes parents me l'ont dit.

- Bien. Sache avant tout que cet établissement accueille 254 enfants aux capacités spectaculaires. Ils ont entre 4 et 20 ans, et tous ont des pouvoirs différents. Grâce à notre établissement et à leur entraînement quotidien, ces enfants développent leurs capacités au maximum et l'utilisent à leur profit.

- Excusez-moi Monsieur, mais cet entraînement est pratiqué dans un but précis ?

- Oui. A développer leurs capacités.

- D'accord, mais je veux dire... Les entraînez-vous pour une cause spéciale ? Comme par exemple, je ne sais pas moi, une guerre approche ou...?

- Jeune homme, repris Orféa Wilkinson, pourquoi y aurait-il toujours une raison à chaque entraînement pratiqué ? Oubliez les histoires que vous avez lues dans les livres. Nous entraînons les enfants dans le seul but de développer leurs capacités, ainsi que d'empêcher l'extinction de leurs pouvoirs et donc des Tourments.

Cette femme avait le don de persuader n'importe qui avec une facilité phénoménale. Je me suis alors risqué à poser une question.

- Monsieur et Madame Wilkins, êtes-vous des Tourments ?

Orféa Wilkins m'a fixé de ses yeux gris avec une telle intensité que je ne pouvais pas détourner le regard.

- Vous le saurez bien assez tôt.

Timéo Wilkins a balayé l'air de sa main, le signal pour me congédier. Je me suis levé, les ai remerciés et suis sorti du bureau. Quelques instants plus tard, Orféa Wilkins est sortie accompagnée de ses deux chiens. Elle m'a fait signe de la suivre.

Nous avons effectué le même chemin en sens inverse, mais au lieu de se diriger vers la porte d'entrée, elle a continué tout droit. Nous sommes arrivés dans un grand espace sans porte, divisé en plusieurs parties. La première faisait office de salon, avec des canapés et fauteuils blancs et au centre une table basse en métal. La seconde était meublée en tout et pour tout d'une rangée de chaises. C'était sans doute l'espace dédié à l'entraînement intérieur. Au-dessus, on voyait une mezzanine accessible grâce à des escaliers. J'apercevais une table de billard, une table avec un plateau d'échec et une table de poker. La salle de jeu. Orféa Wilkins a continué tout droit. Puis nous sommes arrivés dans une grande salle avec une très longue table au milieu. Toute la table était occupée par des enfants et adolescents. Madame Wilkins est allée s'asseoir en bout de table et a réclamé le silence.

- Jeunes gens ! Ce soir, nous accueillons un nouveau venu.

Puis elle s'est adressée à moi.

- Benjamin, il est temps de dîner. Bienvenue à La Tourmente.

SANDO 44 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant