À moitié allongée sur le canapé, les jambes croisées et face à la baie vitrée offrant une visibilité imprenable sur la mer étendue à perte de vue, je lisai mon roman.
Le calme plat de ma charmante petite demeure me permettait de pleinement me fondre dans l'histoire des personnages principaux, dont la vie semblait bien mouvementée.
Un sourire se formait actuellement sur mes lèvres, alors que, parfois, celui-ci s'effaçait pour laisser place à une expression de douleur ou de confusion au fil de la lecture.
Dans mon îlot de tranquillité, dans mon île de bonheur, rien ne pouvait me déranger.
La lecture des livres de cette auteure me permettait un repos "éternel".
Du moins, c'était ce que celui-ci avait à m'offrir, en apparence.Mon repos bien mérité venait d'être brisé par un éclat de voix soudain.
"Du calme Saturnin, soufflai-je exaspérée.
-Sérieusement, tu sers à quoi?
Le ton plat et blasé me rappella encore une fois à qui j'avais à faire.
-Il y a un bateau, compris, je vais accueillir le malheureux.
-Dire que sans nous...
Je tapai doucement sur ma tempe, faisant ainsi cessé les jacassements du jeune homme.
Adieu paradis imaginaire, pensai-je, bonjour calvaire quotidien!
Et en un bond, je fus dehors.Je mis mes mains en visière en voyant l'immense bateau de plaisance qui se profilait à l'horizon.
En effet, le sable volait dans une danse endiablée, au même rythme que me cheveux qui me fouaittaient le visage.
J'inspirais un grand coup en hurlant à m'en brûler les poumons, espérant qu'Opaline pourrait faire porter ma voix de là où elle était.
-Octave, salut! Qui est donc le nouveau venu?
Par chance, Opaline avait pu accomplir ma requête.
Le conducteur sembla entendre mon appel puisque la voix de Saturnin résonna à nouveau dans ma tête, m'annonçant qu'il allait établir la connexion télépathique avec le conducteur du bateau.
Et comme il l'avait annoncé, la voix de Octave se présenta à moi.
-C'est toujours bizarre d'avoir à vous parler comme ça, vraiment.
-Désolée, mais bon, c'est notre nature, on y peut rien.
-Sinon, c'est une nouvelle arrivante que je vous amène aujourd'hui, et, sache que tu risque d'être surprise.
-Elle a quel âge?
-Justement...
La connexion télépathique s'effaça suite à un affreux grésillement.
La barrière de défense du navire venait de s'activer, annilant toute magie qui pouvait l'atteindre.
Je décidai donc de vite reprendre la connexion avec Saturnin pour demander des informations, par son intermédiaire, à Crystal.
Je fus rapidement en contact avec elle.
-Combien de personnes sont présentes autour de moi, dans un rayon de trois cents mètres?
-Hum... Quatre.
-Ce sont des ennemis potentiel?
-Un d'entre eux reste inidentifiable mais sinon tout va bien.
-Merci Crystal, je vais tâcher de faire attention à la malheureuse.
-On se retrouve à la base.
-Oui.
Et le lien fut rompu.Le champ de force qui entourait le navire était étonnement puissant, je m'étais fait cette même réflexion une centaine de fois, à compter du jour où j'avais débarqué sur cette île.
Il était si fort qu'il m'avait propulsé, moi, pauvre faiblarde complètement anéantie, à plusieurs dizaines de mètre après le rivage.
Mais, chose impressionnante, aujourd'hui il n'en était rien.
Je parvenais aisément à me tenir naturellement debout à seulement quelques petits mètres de ce monstre maritime.
Et ce souvenir venait de me revenir en voyant cette fillette d'une simple dizaine d'année, s'accrochant désespérément à la barre de fer, sans qu'Octave ne puisse rien faire pour elle.
Moi non plus d'ailleurs.
Alors que la petite arrivait enfin à descendre le dernier échelon, devant laissé partir sa vie passée avec ce bateau, je posai mon regard sur Octave.
Malgré la distance qui nous séparait, je sus qu'il me souriait, d'un sourire empli d'encouragements et d'espoir.
Je lui rendis bien tristement, me disant qu'il était temps pour moi d'accomplir mon rôle de bourreau.
J'allais priver cette fillette innocente d'un monde qui l'avait bercé durant toute une vie.
Quelque part, j'avais pris l'habitude de l'horreur que je faisais subir, mais, j'avais toujours quelques regrets.
Au moins, je n'étais pas seule...
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NEVERLAND [PAUSE]
Science FictionLes changements climatiques ayant fait des ravages sur Terre, le CO2 présent dans l'air devint habituel. Le corps humain en prit même l'habitude, ce qui donna place aux Hepfid, humain qui n'en sont pas vraiment, mais surtout dotés de pouvoir et à l'...