Partie deux

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Le 18 septembre 2012

C'était la photo de classe aujourd'hui et Harry n'a pas arrêté de me complimenter. Il est tellement adorable !! Nous nous sommes également promis aujourd'hui que nous deviendrions le meilleur couple d'acteur au monde, quoi qu'il arrive. Je ne peux m'empêcher déjà de m'imaginer notre future villa avec une énorme piscine ainsi que notre chien, dont j'ignore la race pour le moment mais je ne tarderai pas à trouver... Enfin bref, une autre journée parfaite à ses côtés et depuis bientôt trois ans !

***

Deux heures s'étaient écoulées avant que je n'aperçoive finalement l'allée de ma maison. Je gare ma voiture et essuie d'un revers de main l'humidité sur mes joues après avoir éteins le moteur. Je renifle plusieurs fois avant d'attraper mon sac sur la banquette arrière et de sortir. Je toque à la porte de la maison et elle s'ouvre presque aussitôt. Je suis éblouie par les lumières artificielles qui proviennent de l'intérieur en contraste avec l'obscurité de la nuit, mais mes pupilles s'adaptent rapidement.
Ma mère apparaît et m'étreins chaleureusement dans ses bras, caressant mon dos de haut en bas.

- Mon petit bébé ! couine-t-elle dans mon cou et une boule se forme au fond de ma gorge.

Je la serre encore plus fort avant de me retirer. Heureusement que nous étions en fin de semaine, je ressentais vraiment le besoin de voir mes parents...
Je traverse le seuil de la porte et me sens instantanément mieux ; les papiers peints couleurs taupe, l'odeur habituel du feu de cheminée, les tonnes de lumières constamment allumées, nous faisant sentir en pleine journée... tout de ma maison m'avait tellement manqué. C'était la première fois que je rendais visite à mes parents depuis que j'avais emménagé dans le centre-ville de Londres afin d'y étudier, c'est-à-dire depuis trois ans.

- Bonsoir ma chérie, me salue mon père et me prend dans ses bras à son tour.

- Laisse-moi prendre ton sac !

J'entends ma mère me dire derrière moi et elle ne me laisse pas le temps de répliquer, qu'elle attrape mon sac de mes mains. Être près de mes parents était la seule chose dont j'avais besoin et qui suffisait afin d'atténuer mon chagrin ainsi que ma déception.

- Nous pouvons passer à table maintenant si tu le veux, demande gentiment mon père et je secoue ma tête de haut en bas.

- Bien sûr. J'ai une faim de loup !

J'arrive à la salle à manger et mon cœur se réchauffe un peu plus, retrouvant chaque meuble à sa place depuis mon départ ; la table rectangulaire au centre de la pièce, entourée de six chaises. Une peinture représentant un désert et un miroir circulaire décorent les murs blancs, et cette armoire vitrée, contenant toute sorte d'argenterie que ma mère collectionne, dans le coin de la salle.
Je constate que la table est parfaitement dressée et je ne suis pas étonnée. Ma mère a toujours été minutieuse.

Je remercie mes parents avant de m'installer sur une chaise, face à ma mère et à la droite de mon père. Ils prennent places à leur tour et ma mère tend son bras afin de servir mon assiette. Je la remercie encore une fois et mon père commence à prendre la parole.

- Veux-tu nous raconter comment ton casting s'est passé ?

Je sens un nœud se former dans ma gorge alors que les événements me reviennent à l'esprit.

- David ! gronde ma mère.

- Ça va maman, interviens-je malgré tout. J'imagine que je n'étais juste pas à la hauteur..., haussé-je mes épaules et mon père me lance un regard navré.

- Tu auras d'autres occasions, crois-moi. Tu es bourrée de talent, me rassure mon père et ma mère confirme d'un mouvement de tête.

- Parlons d'autres choses, veux-tu ? Te souviens-tu de ton ancien copain ? questionne ma mère et j'avale difficilement ma salive. As-tu toujours des nouvelles de lui ?

- Très peu.

Je mens clairement et par peur que mes parents ne le remarquent, je baisse mon regard sur mon assiette. J'enroule des spaghettis autour de ma fourchette et en mets une grosse quantité dans ma bouche pour m'éviter de parler ; s'il y a bien une chose que je ne supporte pas, c'est le mensonge, et encore moins mentir. La première raison est que je n'ai jamais été bonne pour cela, finissant toujours pas être rongée de culpabilité. Et la deuxième est que j'ai appris avec le temps : "Quand le mensonge prend l'ascenseur, la vérité prend l'escalier. Elle met plus de temps, mais finit toujours par arriver".
Pourtant aucune personne de mon entourage n'a découvert la vérité et je ne me sens certainement pas prête à la leur dire. En même temps, je suis loin de m'imaginer dévoiler à mes parents : "Harry m'a quittée le lendemain de son anniversaire et j'en ignore la raison. C'est également pour cela que ses parents n'ont laissé aucun signe de vie pendant quelques temps avant de secrètement déménager à leur tour."
Non, je n'en aurais jamais le courage. Surtout que je devine à l'avance leur bombardement de questions qui s'en suivra et auquel je n'aurais aucune réponse car je suis moi-même dans l'ignorance totale malgré ce que je laisse croire.

- Il est de retour en ville, annonce ma mère et je m'étouffe quasiment.

Mes parents s'inquiètent mais je leur fais un signe de la main pour leur indiquer que je vais bien. Je prends une grande gorgée d'eau avant de racler ma gorge, reprenant une respiration régulière.

- Ah oui ? réussis-je à sortir un son de ma bouche. Il a dû me prévenir mais j'ai oublié.

- Oui. D'ailleurs, je l'ai croisé dans le quartier...

- Lui as-tu parlé ? interrogé-je brusquement et elle fronce légèrement ses sourcils.

- Non mais je l'ai aperçu et il m'avait l'air...

- Comment ? Grand ?

Je la coupe, impatiente de savoir ce qu'il est devenu. Son froncement de sourcils devient plus proéminent, probablement dû à mon impolitesse de la couper.

- Non, enfin plutôt... Changé ? finit-elle par répondre.

- Changé ? j'arque un de mes sourcils.

- Exactement.

Ma mère acquiesce et ne manque pas de m'observer d'une drôle de manière. Je devine que ma réaction doit paraître étrange aux yeux de mes parents... Ils pensent tous les deux que je suis toujours en contact avec Harry. J'ai annoncé que nous nous étions laissés mais étions restés en bons termes ; ce qui est un gros mensonge.

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