Les gens disent qu'écrire fait du bien. Que c'est donné à tout le monde, que tout le monde pourrait en faire autant. La vérité, c'est qu'ils ont tort. Qu'on n'est pas tous égaux devant l'écriture.
Certains ont un don dont ils se foutent éperdument, qui continuent de croire, maladroitement, qu'écrire n'est qu'un passe-temps. Qui n'aiment jamais ce qu'ils écrivent mais ne se relisent jamais, parce que c'est bête, de se relire. Parce que ça n'apporte rien, finalement.
Il y a ceux qui travaillent avec acharnement, qui écrivent puis effacent, puis réécrivent mais finissent par tout effacer, et par abandonner. Parce qu'ils ne croient pas en eux, qu'ils ont l'impression maladroite, fausse, qu'ils ne valent rien et que tout ce qu'ils écrivent est nul. Pourtant, ils ont totalement tort.
Ce sont certainement eux qui iront le plus loin. Pas très difficile de savoir pourquoi... Ce sont eux qui travaillent, qui se motivent, qui écrivent, puis réécrivent de dizaines de manières différentes que le ciel est bleu et que la vie est belle. Ils hésitent, retranchent, refont, défont, recoupent, étoffent, élaguent... Pour nous permettre de lire de jolis mots.
Ils n'ont rien d'époustouflant, si ce n'est leur motivation à s'en sortir, et à écrire sans arrêt. Ils connaissent la valeur des mots, leur teneur et la somptueuse musique qui découle d'eux, qui s'inscrit, lentement, sur le papier à musique qu'ils s'inventent.
Et puis, il y a moi. Qui suis un peu perdue entre l'un et l'autre. Je me cherche. Je ne sais pas ce que je vaux, si on peut considérer que je puisse valoir quelque chose. Je sais que je ne suis pas talentueuse, que je n'ai aucun don. Je sais aussi que je ne suis pas aussi assidue et travailleuse que certains qui, parfois, m'ont demandé de les lire. Ils ont beau ne pas accepter les compliments, ils les méritent. Ils méritent qu'on les félicite et qu'on admire leur travail.
Mais moi... On m'admire, on me complimente pour des mots que j'ai jetés au hasard, auxquels je n'ai pas vraiment réfléchi et que j'ai laissés s'écrire sur le papier pour ne pas écrire autre chose. C'est toujours un joyeux bordel. Sans queue ni tête, sans foi ni loi, sans aucune logique ou structure. Sans fond, sans profondeur, sans émotions.
Enfin, c'est ce que je crois. Les rares personnes qui m'ont lue ont été émues, touchées, m'ont félicitée pour des mots que je trouvais fades. Certaines même ont pleuré, sans que je sache bien pourquoi.
J'écris parce que j'aime ça, mais pas seulement. J'écris surtout parce que j'en ai besoin. Parce que quoi qu'on puisse dire, l'écriture est le seul art que j'aime pratiquer. Que c'est le seul dont j'ai besoin. Le seul qui me permette de me libérer. Evidemment, c'est bête ce que je dis, mais j'en ai besoin.
Et si mes personnages ressentent parfois quelque chose, c'est que je le vis avec eux. Je ne suis pas seulement leur créatrice, je vis avec eux. J'existe dans leur univers, et ils existent dans le mien. Raymond, Eline, Nicolas, Elisabeth, Capucine et tant d'autres n'existent pas seulement dans mon imagination. Ce sont mes amis, mes confidents, mes réceptacles à émotions aussi. Tout simplement parce que mes sentiments dictent trop souvent, et malgré moi, les leurs. Tout simplement parce que j'essaie de les rendre humains à vos yeux.
De leur donner ce que certaines personnes ici n'ont pas : un coeur. Qui bat la chamade lorsqu'ils ont peur et moi aussi, lorsqu'ils tombent amoureux, lorsqu'ils sont en colère parce que ça arrive. Un coeur qui leur dicte aussi, parfois, la marche à suivre. Parce qu'ils sont tristes, déçus eux aussi, parce qu'ils ont vécu un seul et unique amour qui aura duré des années, ou qu'ils détesteront leur mari. Horrible personnage qu'ils ont surpris à en sauter une autre.
Ne me jugez pas. Je ne suis qu'une simple fille qui aime écrire autant qu'elle aime respirer. Et qui ne peut pas s'en passer. Peu importe où ça me mènera, après tout, peu importe. J'aurai au moins l'impression, dans les mauvais jours, d'avoir réussi à faire quelque chose de mes mains. J'aurai ému quelques personnes, tout au plus. J'aurai fait sortir de mon imagination des histoires, des vies, des personnages que vous trouveriez antipathiques ou sympathiques.
Parce que j'aurai fait de ma passion quelque chose de beau, et que je continuerai d'écrire tant que mon état ne me l'empêchera pas. Parce que je continuerai d'écrire probablement jusqu'à rendre mon dernier soufle, et que je me fous de devenir célèbre. Je ne suis ni Lévy, ni Musso, ni Gavalda ou Pancol. Je ne vendrai sans doute jamais des milliers d'exemplaires de mes livres.
Mais j'écrirai. Il me restera toujours ça.

VOUS LISEZ
Tribulations.
RandomParfois, je m'égare. Dans mes pensées ou dans les rues, chaque fois le résultat est le même : une Ana paumée dans un endroit bien trop grand pour elle. Dans ces moments-là, une seule solution. Lumos Maxima. J'empoigne mon smartphone pour me sortir...