[1] Rupture

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Chapitre 1: RUPTURE.

*Emma*

«Emma, je suis désolé mais j'aimerais mettre fin à notre relation.. J'espère qu'on restera amis malgré tout.»

Ces mots jetèrent un froid en moi. J'avais l'impression de tomber, façon chute infernale dans les ténèbres. Les battements furieux de mon cœur ralentirent et tout doucement je sentis mes membres s'engourdir et la tristesse m'envahir. Mes mains se mirent à trembler. J'essayais vainement de retrouver mon calme. Je baissai ma tête pour cacher mes yeux qui commençaient à être envahis par les larmes. J'aurais tellement voulu me jeter par terre et me rouler en boule pour pleurer tout mon saoul.. Mais j'avais quand même cette voix au fond de moi, toujours entrain de me rappeler à l'ordre. Cette voix qui m'intimait de ne pas me départir de mon calme, de garder ma fierté et de lui montrer que ça ne m'affectait pas. J'essayais donc de me reprendre. Je levai la tête, esquissai un sourire et en essayant de maîtriser les tremblements de ma voix je lui répondis:

«Bien sûr Kévin, j'adorerais qu'on reste amis».

Mon cerveau brumeux a ensuite effacé toute trace de souvenir. Je ne sais comment je me retrouvais chez moi, assise à mon bureau consignant les évènements dans mon journal intime.

«Emma ! A table !»

Quel heure était-il ? Je jetais un regard au réveil Bob l'Éponge en face de moi. Dix-Neuf heures trente. Déjà ? Puis je sombrais à nouveau dans l'oubli pour me réveiller quelques temps après allongée dans mon lit, étouffant mes sanglots dans mon oreiller, cherchant à faire le moins de bruit possible pour ne réveiller personne. Je restai ainsi une grande partie de la nuit avant d'entendre hurler mon réveil.

Comme un robot j'effectuais les mêmes actions et cette routine retrouvée m'emplit d'une sensation de sécurité. Je faisais attention à garder un sourire sur mes lèvres pour n'inquiéter personne, plaisantais avec ma petite sœur Anna, l'aidais à se coiffer et lui préparais son goûter. Je déposai un bisou sur la joue de ma mère assise à table avec son éternel sourire fatigué et emmenais ma sœur à l'école.

J'entrai au lycée cinq minutes avant la sonnerie et me dirigeai vers Julien, mon meilleur ami.

« JULIENNN !» Appelai-je. Il se retourna, avança vers moi avec un grand sourire et je me retrouvai alors happée dans son étreinte d'ours.

- Tu vas bien ? demanda-t-il

- Génial, et toi ?

- Oui et je t'ai posé une question. La réponse n'est ni sincère, ni complète. Pourquoi est-ce que ton sourire sonne faux aujourd'hui ? Il s'est passé quelque chose avec ton copain ? Demanda-t-il avec un sourire narquois.

- C'est finit, oui, confirmai-je.

- Et... ça va ? voulut-il savoir tenaillé par le doute.

Ça c'était du Julien tout craché. Jamais surpris, toujours impassible. Il y a des jours où je donnerais cher pour savoir ce qu'il se passe dans son cerveau...

- J'en ai vu d'autres, répondis-je.

Je me concentrai très fort pour faire apparaître toute la conviction du monde dans mon regard.

- Tu es sûre ? demanda-t-il avec un regard suspicieux.

- Mais oui, dis-je en lui offrant mon sourire le plus convainquant... Et ça a marché.

Il n'y a pas que lui qui puisse me tromper avec son expression insondable.

- C'est dommage, dit-il, j'avais échafaudé un plan génial pour lui défoncer sa gueule.

Je commençai à le réprimander avec cet air de «maman-en-action» qui le fit rire et il se moqua de ma mine sévère. C'est à cet instant que la cloche sonna, coupant ainsi ma réplique cinglante. Il m'emmena devant ma classe et avec un au revoir de la main il s'en alla vers la sienne. Je me retournai et fut interceptée par ma meilleure amie Victoria.

- Alors ingrate, commença t-elle, comment oses-tu ne pas me téléphoner après votre rendez-vous ? Pas même un message, RIEN. Tu sais quoi ? Tu mérites la pire des tortures. Je vais te jeter dans un volcan...

- On a rompu, la coupai-je avec un sourire amusé.

- .. En éruption et repêcher ta chair calcinée et OH MON DIEU C'EST PAS VRAI ? QUOI? QUAND ? COMMENT ? POURQUOI ? hurla-t-elle.

- VICTORIA. RESPIRE, ordonnai-je.

Elle fit des exercices de respiration pendant que je l'encourageais. Cette fille est tellement impulsive ! J'essayais de la rassurer sur mon état pendant qu'elle reprenait son calme, mais je me doutais bien que toutes les bêtises que je débiterai se solderaient par un échec.

- A qui tu crois mentir là ? J'ai pas perdu dix-sept ans de ma vie à te côtoyer pour ne pas être capable de déchiffrer tes mensonges. Donc tu vas me faire le plaisir de me donner tous les détails, dit- elle pendant qu'on entrait en classe.

Je hochai la tête en signe de soumission. C'était ça ou bien je me retrouvai jetée tête la première par la fenêtre. Et oui, elle en aurait été bien capable. Cette fille est un monstre, façon Hulk en plus féminin. Je lui consignais donc tout par écrit durant le cours de français, m'appliquant à n'omettre aucun détail, et essayais quand même d'ajouter par-ci par-là des petits «je gèèère», «t'inquiète pas pour moi je vais super bien » ou encore «mais ça ne me fait rien du tout».

Gardons espoir ?

Après avoir fulminé un peu, elle m'a prise à part pendant l'intercours et me dit me fixant bien dans les yeux:

- « Tu n'as pas besoin de cet abruti pour vivre, tu m'entends ?»

Je lui souris avec cet air distrait et je sus que l'histoire serait close pour la journée.

Les apparences sont parfois trompeuses...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant