[4] A l'hôpital Edouard Herriot

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Chapitre 4: A L'HÔPITAL EDOUARD HERRIOT

*Emma*

- Julien ? Julien, c'est Victoria, il se passe quoi ?.... Non non elle est là, elle va bien je m'en occupe mais raconte moi......Kevin?....Hôpital ? *Sifflement admiratif* C'est grave ? .... Awch..... Ouille... Pauvre homme.

Du fond de ma torpeur je discernais la voix lointaine et monotone de Victoria. Les yeux dans le vague je revoyais sans cesse cette terrible scène.

Lui. Couvert de sang. Inerte. Mort ?

Mais que s'est-il passé ? Comment ? Qui a fait ça? Était-ce un accident ?

Les questions affluaient dans mon esprit et je n'avais aucune réponse. Mon cœur battait à tout rompre maintenant. Mais pourquoi ? Je pensais en avoir terminé avec ma «période Kevin». Que se passe-t-il maintenant ? Pourquoi l'annonce de cette nouvelle me détruite-t-elle ? Pourquoi mon cœur est-il ainsi comprimé ? Pourquoi suis-je en manque d'oxygène ? .... Est-ce qu'il va bien au moins ? Ses blessures sont-elles graves ? Souffre-t-il ?

A cette pensée mon cœur se serra davantage dans ma poitrine.

«Alors quoi ? Commença à marteler la voix de ma conscience. Tu vas rester ici à te martyriser en attendant que les réponses tombent du ciel ? Désolée de détruire tes espoirs ma vieille, mais tes réponses tu dois aller les chercher par toi-même.»

Elle a raison pensai-je. Je ne peux pas rester ici. Je sentis alors toute ma volonté parvenir jusqu'au bout de mes doigts et j'arrachai le portable des mains de Victoria.

- Julien ? Julien !

- Victo.. Emma ?

- Je veux tous les détails. Tout ce que tu sais. Je veux tout savoir. Maintenant.

- Je..Euh.. D'accord. Eh bien en fait hier Victoria et toi êtes allées à cette fameuse fête et tout le monde dansait, s'amusait, buvait, fumait. Tout à coup on t'entend hurler et on te retrouve sur la terrasse, choquée devant Kevin couvert de sang au milieu de débris de vase. Les plus sobres appelèrent les urgences pendant que le reste paniquait et détalait le plus vite possible pour ne pas se faire prendre. Toi, tu as fais parti des cinq ou six personnes qui sont restées à son chevet. Mais je suppose que Victoria a réussit à te convaincre de partir avant l'arrivée de la police car d'après ce que je sais tu n'étais pas très nette.

Tout au long de son rapport ma mémoire s'acharnait à adapter ce récit en images. Après un laborieux effort je reconstituais progressivement les évènements dans ma tête.

- Maintenant, il est dans le coma, acheva Julien.

- Quel hôpital ? Demandai-je précipitamment.

- Hôpital Edouard Herriot , mais ..

- Merci, dis-je en raccrochant.

Je gardais les yeux dans le vague quelque temps en m'efforçant de réfléchir à un quelconque indice sur ce qui se serait passé. Du coin de l'œil je vis Victoria venir s'asseoir à côté de moi et sentis ses bras m'envelopper de leur chaleur maternelle. Je ne voyais pas son visage mais elle avait sans doute ce regard protecteur et grave qui lui était propre. Elle commença à me caresser les cheveux, et me berça doucement.

- Tout va bien, chuchotait-elle, tout se passera bien. Cesse de pleurer, ma belle. Tout ira bien...

Ce n'est qu'en l'entendant prononcer ces paroles que je remarquai les larmes roulant sur mes joues. Je tentais de les essuyer mais le visage ensanglanté de Kevin me revint en mémoire. Je sentis quelque chose se briser en moi et j'affrontais un nouveau déluge. Mes larmes se disputaient pour se jeter dans le vide et mourir sur mes genoux.

Les apparences sont parfois trompeuses...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant