L'Amour au détour d'un chemin

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« Je te le jure, hier, avant la tempête, je l'ai vue ! Elle existe cette terre, ce n'est pas qu'une légende idiote.

-Mais oui, si tu l'dis. C'est pour ça qu'on l'appelle la Terre légendaire après tout, parce qu'elle existe.

-Arrête de te moquer, je te jure que c'est la vérité.

-Et tu vas rejoindre les cinglés qui pensent que la légende est réelle ?! Une légende n'est pas réelle ! Elle a pour vocation de donner de l'espoir mais là, ça va loin si tu deviens un fanatique. Tu ne fais que rejoindre le club des témoins de la Terre, ça va devenir une religion à force vot'e truc.

-Je ne rejoins pas les fanatiques, je te dis juste qu'il ne faut peut-être pas rejeter entièrement la légende comme tu le fais. L'espoir est là, peut-être que je n'ai pas rêvé et que cette terre est réelle.

-Pourquoi n'y sommes-nous jamais arrivés alors ? Surtout qu'en plus, chaque témoignage a lieu juste avant une tempête. N'est-ce pas étrange ? Je te pari que le mauvais temps combiné à trop d'espoir font halluciner les gens.

-Arrêtez de bavasser sur ces fables et retournez plutôt au boulot ! les réprimanda le chef cuistot.

-Mais puisque je vous dis que c'est réel ! »

Chacun et chacune su turent cependant et retournèrent aux fourneaux pour finir de préparer le repas. Le silence ne dura que peu de temps et bientôt, une conversation plus légère débuta, au grand bonheur de Cloé qui n'en pouvait plus d'entendre les cuisiniers se disputer pour une légende.

La jeune fille était du même avis que sa mère, c'est-à-dire qu'elle se persuadait que les capitaines et autres chefs de l'arche avaient imaginé ce mythe pour remonter le moral des habitants de la mer qui, depuis cinq ans déjà, dérivaient à la recherche d'une terre. Pour l'adolescente et sa mère, aucune terre n'existait, les témoins auraient d'abord été les créateurs du complot, puis des gens emplis d'espoir auraient eu l'illusion de voir cette terre.

« Arrête de réfléchir Cloé, concentre-toi sur ta vaisselle, tu prends du retard là. »

Cloé acquiesça et se remit immédiatement à travailler : elle ne s'était pas rendue compte qu'elle ne bougeait plus depuis la conversation des adultes sur la légende. Elle était peut-être plus intriguée qu'elle ne le pensait par ce mythe.

Pendant encore ce qui parut un temps infiniment long à l'adolescente, les plats sales s'enchainèrent et, enfin, ce fut terminé et la jeune fille eut l'autorisation de partir rejoindre ses amis qui devaient commencer à se demander où elle était. Depuis quelques années qu'elle aidait ses parents aux cuisines, Cloé n'avait jamais osé parler du métier de ses géniteurs sur l'arche ; Cloé avait honte de ne pas venir du même que les autres.

Mais Cloé se trouvait maintenant libre de ses mouvements et en profita pour sortir, avant d'être rappelée pour faire elle ne savait quelle autre tâche ménagère. Le sale boulot était toujours pour sa pomme.

La jeune fille n'avait plus qu'une envie, et ce n'était même pas rejoindre son gang. Elle rêvait de prendre l'air, de l'air véritable, de l'air extérieur, et pour cela, une seule solution : se rendre sur l'un des balcons donnant sur la mer Infinie.

Tout en marchant tranquillement dans les couloirs vides _ l'adolescente connaissait parfaitement l'arche après cinq ans et savait utiliser à son avantage les couloirs « secrets »_, Cloé se rappelait à quel point elle avait de la chance d'être montée sur cette arche, l'arche européenne. Cette conversation sur la légende la chamboulait plus qu'elle ne le pensait en fin de compte. Cinq ans déjà. Enfin, pas tout à fait, mais pour deux semaines c'était tout comme. Cinq ans de survit sur l'Arche Perdue, au beau milieu d'une mer éternelle, de l'eau salée à perte de vue n'offrant pas la moindre terre. Personne ne pensait survivre aussi longtemps sans ressources, avec une majorité de richard ne pensant qu'à leur petite personne et à leur fortune, n'ayant pas la moindre capacité pour vivre l'aventure de Robinson Crusoé. Les voilà, cinq ans après, toujours aussi insupportables _quoique, pas tous, un notamment n'avait rien à envier aux autres_, divisés en gang, mais vivants. Heureusement qu'il n'y avait pas que les riches sur cette arche ! Pour leur survie à tous, des cuisiniers, des mécaniciens, des capitaines..., avaient pris part au voyage. Bon, ils avaient manqué d'agriculteurs, c'est vrai, mais après de nombreux essais infructueux, ils s'étaient créé de petites cultures. Dommage qu'elles ne puissent subvenir aux besoins de...

Jeux d'enfantsWhere stories live. Discover now