II

131 24 3
                                    

《On s'était recroisés à plusieurs reprises, pour différentes raisons, toujours plus ou moins par coïncidence. Mais je ne vais pas tout raconter, je vais sauter deux ou trois soirée pour en arriver un peu plus tard. L'après midi de notre premier baiser.

C'était parti pour être une journée comme un autre. Un jour triste et froid que j'aurais oublié aussi vite qu'il était apparu, sauf que c'était le dix huit janvier deux mille quatorze.

Je m'étais levé en retard comme toujours, avait bu un thé quelconque qui se trouvait dans un de mes placards (même si on sait tout les deux que c'était sans aucun doute du thé du Yorkshire, sans lait ni sucre car je n'avais pas le temps) et je portais une veste bien trop peu épaisse pour la saison. Inévitablement, j'étais arrivé avec plus d'une demie heure de retard à la librairie et ma patronne, Julie, trente-trois-ans-deux-enfants-divorcée, m'avais fait une courte morale sur l'importance du fait d'être rigoureux et d'arriver à l'heure à son travail.

Une journée normal, en somme.

Enfin c'est ce que ça aurait dû être si tu n'avais pas franchi la porte sur les coups de quinze heure. Et, encore une fois, douce Marie, qu'est-ce que tu venais foutre là, Harry ?

J'avais senti, par je ne sais quel miracle, tes yeux couler sur mon corps à la vitesse du refrain de Pressure qui passait en fond sonore dans la boutique à ce moment là. C'était doux et brûlant à la fois, du coup, je m'étais retourné.

- Besoin d'aide ?

Évidemment que oui. Tu ressemblais à un chaton perdu et apeuré avec un sourire trop grand et trop blanc pour toi plaqué sur le visage. On aurait dit le chat de Alice au pays des merveilles, avec tes grands yeux verts qui ressemblaient à des toupies.

- En fait, si tu pouvais m'aider à mettre la main sur la première édition de Roméo et Juliette, ça m'irait bien. S'il te plaît.

J'avais levé les yeux d'une manière extrêmement indiscrète. Alors ce mec lit du Shakespeare ? Je m'étais dit. Et putain ouais que tu en lisais. Tu avais au moins dix exemplaires différents de Roméo et Juliette, mais ça, je ne l'ai su que bien après.

Et parfois, quand nous étions au lit, tu me disais : "Qu'y a-t-il dans un nom ? Ce que nous appelons Louis, par n'importe quel autre nom serait aussi beau.". Tu te souviens, que je pouffais comme une adolescente avec son premier petit copain et qu'en suite on finissait par faire l'amour comme des débauchés jusqu'à l'aube ? Emmêlés et impossible à dissocier.

Moi je m'en souviens. Parce que c'était beau. Parce que c'était toi.

En fait je me souviens de tout. Surtout de quand je t'ai tendu le livre et que tu as dit :

- Toi, moi, un café, dès que tu as finis de bosser ? S'il te plaît.

Putain même dans ces moments-là tu étais hyper poli. L'enfant modèle. Avec tes yeux si purs et si doux, même s'ils étaient tellement, tellement triste. Alors j'ai dit :

- Bien sûr. Rien ne me ferait plus plaisir.

À cet instant, j'ai vu le même sourire que quand je t'ai dit que tu sentait les fleurs et les violoncelles se peindre sur ton visage, pas celui du chaton perdu, alors j'ai souris à mon tour. J'avais tellement envie de prendre ton sourire en photo, de le tatouer sous mes paupières, de le mettre dans ma poche pour que personne d'autre que moi n'ai le privilège de le voir. Voir tes lèvres, si rouges, former un vrai sourire. Pas celui que tu tends à tes groupies.

On s'était retrouvé à dix huit heure, le dix huit janvier, au café des Âmes d'Enfants, deux rues plus loin et je savais déjà que ce jour était spécial. Pour toi autant que moi. Et putain tu souriais tellement que j'ai cru que tu allais finir par m'éblouïr pour de bon. Moi et tout les autres personnes présentes dans le café.

Tu me souriait à moi, et puis un peu aux anges qui traînaient là, aux anges déchus surtout, puisque tu es l'un d'eux, et à ton cappucino aussi, de temps en temps. Et je n'arrivais pas à m'arrêter de te regarder, putain, je crois que j'étais déjà fou de toi à ce moment là, je sais plus bien. Tous ce que je sais c'est que tu étais si beau avec ton foulard dans les cheveux et que, merde, tu illuminais la pièce entière. Tu étais la seule chose qui mérité de l'attention, dans le monde entier, Harry.

Mais on a discuté. Tellement longtemps et sans jamais réellement toucher à nos cafés. De toute façon je n'en boit pas, tu sais très bien que je trouve ça dégeulasse mais à ce moment là, c'était pas le cas alors j'ai fait comme-ci, j'ai fait semblant. Parce que, c'est ce que les gens font, après tout. Faire semblant.

Sauf que avec toi, je n'ai jamais fait semblant pour autre chose que le café. Et, je ne me souviens pas pourquoi mais je me souviens comment tu m'as embrassé.

J'ai dit :

- Ma pizza préféré est celle aux pépéronis.

Juste là. Tu t'es penché au dessus de là table et, putain de bordel de Dieu, jamais je n'avais senti des lèvres aussi douces que le tiennes sur les miennes. J'étais prêt à parier que tu avais mis du baume à lèvres. C'était pudique, léger. Et tellement bien. Tes lèvres avait un goût de menthe et de cappucino à peine perceptible alors que moi je devais juste avoir le goût de tabac froid et de fatigue mais ça n'avais aucune importance vu comme c'était doux.

- Moi c'est celle au fromages.

Et j'aurais sans doute éclaté de rire si je n'avais pas été si absorbé par la couleur si rouge de tes lèvres à la pulpe épatante et un peu gonflée à présent. Je les sentait encore conte moi et je sais que je les sentirais encore pour au moins cinq éternités.

C'était fou. Comme si rien n'était arrivé. Tu parlais, tu parlais beaucoup et, pendant un instant j'aurais pu croire que ce n'était qu'une hallucination, que ce n'était pas arrivé. Mais il y avait ton goût sur mes lèvres et ça me frustré tant. Tu étais là, devant moi, carrément canon, et tu venais juste de m'embrasser mais c'est comme si rien ne c'était passé.

Et c'est comme ça qu'on en arrive à la première fois où on s'est vraiment embrassé.

Le soir de tes dix neuf ans, on avait fait une soirée en petit comité. Avec beaucoup d'alcool, aussi. Niall était si ivre qu'il ne s'arrêtait plus de raconter des vannes idiotes avec son horrible accent irlandais. Et toi, mon Dieu toi, Harry, Zayn t'avais filé cette pilule qui te donnais envie de coucher avec tout le monde et tes pupilles étaient si dilatées que c'était à peine si on pouvait en voir la splendide couleur émeraude en dessous.

La musique de fond était à peine écoutable mais c'était toi qui l'avait choisie alors je n'ai rien dit, je ne voulais pas te contrarier tellement tu étais beau dans ton stupide t-shirt imprimé léopard.

Tu t'en souviens peut être pas vu comme tu étais soûl mais je me déhanché sur cette stupide musique, ma bouteille de despé à la main quand les tiennes se sont glissées sur mes hanches. J'étais tellement surpris que j'ai laissé ma bière m'échapper et s'écouler sur le tapis. J'allais me baisser pour ramasser mais tu m'as retourné dans tes bras et tu m'as chuchoté :

- On s'en fou du tapis. J'ai trop envie de t'embrasser. De goûter la bière sur ta langue.

Je n'ai pu m'empêcher de te sourire tendrement, tu étais si mignon avec tes fossettes aux creux des joues. Et puis je me suis penché, à à peine quelques millimètres de tes lèvres.

- Pourquoi ne le fais-tu pas alors ?

Pas besoin de te le demander deux fois. Fougueuses, douces, sucrées, alcoolisées. Tout contre les miennes, elles étaient là. Tes tendres lèvres.

Et, putain de merde, Harry. Heureusement que tu me tenais si fort. Je serais tombé par terre sinon. Je me liquéfiais peut être dans tes bras, mais au moins j'y étais.》

ALWAYS REMEMBEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant