L'envol de ses plumes

LETTRE 3

R.

Je croyais ne jamais vous revoir. Je me doutais même de vous avoir vu. Vos traits, votre allure, tout en vous devenait flou.Néanmoins, je sentais une présence, réchauffant mon cœur emplis de rêves, qui me confirmait que ce n'était pas une fantaisie. Je songeais alors à ces inconnus que l'on ne croise qu'une seule fois dans nos vies. Des âmes, des parfums euphoriques, des charismes redoutables, en une poignée de secondes pour définitivement s'envoler à tout jamais.

Ce parfum auquel j'avais aspiré, il était complètement différent des autres. Il était doux mais à la fois sauvage: Captivant et révélateur de l'âme.

Le ciel grisâtre du lendemain contrastait avec la chaleur étouffante du jour précédent. Une brume matinale s'emparait de la ville, faisant souffler un vent de fraîcheur. Je ne pensais pas revivre une journée bouleversante qui avait brisé ma routine. J'attendais devant ma salle de mathématiques, avec quelques camarades de classes. Les cours s'apprêtaient à commencer, et je m'adossai au mur fissuré par endroits. J'observais devant la salle d'à côté des élèves attendre tout comme nous l'arrivé de nos professeurs respectifs. Je fixai ensuite un point mort, songeant à ses cheveux noirs corbeau, à ses yeux onyx et à tant de chose que je tentai de me souvenir. Des pas m'extirpèrent de mes songes. Je reportai mon regard au loin...

Je vous vis à ce moment là, en compagnie de mon professeur de mathématiques. Ces pas étaient les votre. Mes yeux s'écarquillèrent dès cet instant, et mon cœur manqua la crise cardiaque. Les sensations s'accrurent en raison de l'élégance de votre personne.Je n'y croyais pas... Pourtant, j'étais parfaitement lucide !C'était bien vous qui approchez au fil de ces chaussures qui retentissaient au sol. Mes joues s'empourprèrent, et je tremblai de vous voir venir plus près. J'essayais de reconstituer le puzzle de ce visage qui m'apparaissait vague. Lorsque vous passiez à côté de moi, je baissai instinctivement mes yeux, par timidité. Vous ne m'avez jeté pas l'ombre d'un regard, j'étais transparente à vos yeux. Mais à ce moment-là, je m'étais avancée pour essayer de ne pas vous perdre de vue.

Cependant,je devais rentrer dans ma salle. Les questions se bousculèrent dans ma tête, se faisant échos. Je me demandais : « Mais qui est cette personne ? », « Je ne l'ai jamais vu auparavant, il est censé occuper quel poste ? », « Depuis quand est-il là ? ». Les fonctions sur mon cahier apparurent indistinctes. Je tournoyai une mèche rebelle, soupirant de lassitude face à mes pensées brouillées.

A la fin de l'heure, je passai devant une salle qui m'interpella. Vous.Des élèves entrèrent dans cette salle. La 07. Vous,effaçant le tableau. L'illumination survint brusquement. Je n'en revenais pas.Une blague ? La malchance ? Je ne voulais pas y croire...J'en riais presque. Les réponses à mes questions se dévoilèrent.Vous...

« Un... Professeur ? » Murmurai-je.

Mes joues écarlates trahissaient mes émotions. J'étais abasourdie.