Douze

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J'étais à quelques pas.
À quelques pas seulement de cet amoncellement de pauvres adolescents. Ces pauvres adolescents qui auront bientôt gaspillé un an de leur vie en payant pour un délit dont ils ne se souviennent même pas. C'est pauvres adolescents dont je fais partie.
J'ai des palpitations, mon cœur tambourine dans ma cage torique et j'ai l'impression qu'il va sortir et hurler haut et fort que je suis effrayée, apeurée ou ce que vous voulez. J'ai peur, et même si j'ai du mal à l'admettre, j'en suis consciente.

Je ne prête pas attention à ce qui se passe
autour de moi et en revenant à la réalité, j'aperçois une dame m'interpeller. Elle ressemble étrangement à une de ces femmes que l'on voit au siège du gouvernement et qui... Attendez, s'en est une, c'est une de ces femmes qui m'a ôté ma mémoire, enfin plutôt le souvenir de mon délit. Ces femmes qui complotent contre nous et qui font tout pour nous rendre la vie impossible ! Je m'étais jurée que si j'en croisais une un jour je lui règlerai son compte à celle là, et...
-"Évite les conflits", ces mots retentirent dans mon esprit comme si ma mère venait de les prononcer à l'instant. Il faut que je me calme, reste calme et joue la comédie comme quand tu mens à Ivy, d'accord ? Comme avec Ivy...

- "Bonjour mademoiselle, hum, Kyra c'est ça ? " me dit la femme vêtue de blanc que je m'efforce de ne pas étriper.
- " Bonjour madame, mais moi c'est Kyla et non Kyra et je... "
- " Peu importe, hum, il faut que tu te rapproche du groupe, nous allons procéder à l'appel."

Elles sont beaucoup moins gentilles qu'elles ne le paraissent à la télé...

- "Oui, d'accord je vais..."
- " Et plus vite que ça Kyra !"
- " Moi c'est kyLA madame." Répondis en insistant sur la LA.
Elle me fixe alors avec des yeux noirs et je m'empresse de me rapprocher du groupe.

Je suis proche d'une brunette à lunettes qui ne m'inspire pas confiance. Elle porte une sorte de T-shirt ( si on peut appeler ça comme ça ) tout déchire qui laisse apparaître sa peau ainsi qu'une veste salie d'une matière noire dont je ne saurais donner l'origine. Elle ne possède qu'une seule valise elle aussi salie de cette matière visqueuse.
Une des femmes vêtue de blanc prend la parole.
- "Bonjour à toutes et à tous. Aujourd'hui, est sûrement le moment que vous attendiez tous avec impatience depuis des mois."

-"Tu rigoles ?" Chuchote alors la brunette aux lunettes.
Quelques rires fusent sur le quais.
Je ris intérieurement. À croire qu'il n'y a pas que moi qui n'aime pas ces femmes.

- " Un peu de calme s'il-vous-plaît ! " reprend l'une d'elles.
- " Oui, merci. Donc je disais, que nous allons vous appeler tous pas votre nom et prénom et  nous allons vous assigner un numéro pour que votre identification soir plus rapide, ainsi vous n'aurait plus de nom mais uniquement un numéro."
C'est alors que la cohue commença. J'entendais c'est prénom voler autour de moi, qui passaient dans mes oreilles mais que je n'entendais pas. Des A, des C jusqu'au I en passent pas N. Tout paraissait flou.
Des paroles me ramenèrent à la réalité.
-"Kyla, Kyla Ortega ? "
Je reconnais cette voix.
- "Oui, oui, je suis là madame, j'arrive... "

je me fraye difficilement un passage permis la foule et parvient a la hauteur de la femme de toute à l'heure.

- " Tiens, voici ton numéro. Tu seras le douze." Elle me tend un badge blanc cassé avec le numéro douze brodé.
-" C'est provisoire, vous aurez bientôt d'autres vêtements appropriés à votre unité."
-"Mon unité ? Mais qu'est-ce que c'est ? On ne nous avaient pas avertit ?"
- "Et alors douze ? Tu as besoins qu'on te dise toujours à l'avance comment tout va se dérouler pour que tu puisses être bien à l'aise ?" Dit une voix derrière moi.
Je me retourne pour découvrir quelle personne aussi peu intelligente et provocante a bien pu me dire une chose pareille.
C'est un individu de la gente masculine aux cheveux bruns et aux yeux ténébreux. Il a un petit sourire en coin qui prouve qu'il était bien entrain de se moquer de moi, et une mèche de cheveux éparpillée sur le front. Il porte une veste en cuire et un jean troué et du genre "je suis un petit arrogant et j'en suis fière". En Bref, tout ce que je déteste.

-"Oui, en effet, c'est bien moi Douze et je me fiche complètement de ce que tu peux bien penser de moi." Dis-je d'un ton mal-assuré.

-" Mais c'est qu'elle m'a l'aire d'être une petite rebelle numéro douze".

Il l'a dit sur un ton si moqueur que j'aurai très bien pu lui mettre une baffe. Mais je ne l'ai pas fait, à cause de ce que m'avais dit ma mère.

-"Oui tu as tout compris mon cher, alors à présent si tu le veux bien, je vais m'en aller puisque ta compagnie n'est pas des plus agréable. Alors au revoir."

Il reste bouche bée sur mes mots et je m'en vais vers le bord du quais pour embarquer dans le train qui ne devrait pas tarder.

****

Peu de temps après, un train fait son apparition. Il est différents des autres. Il est plus long et d'une blancheur immaculée.
Lorsqu'il est enfin à l'arrêt, une raba-joie en blanc déclare quelques mots pour la répartition des wagons. Étant le numéro douze, je me trouve dans le wagon huit avec les numéros sept, trente-deux, cinquante-six et quinze. J'embarque donc dans ce dernier et m'installe sur la banquette bleue. Tout autour de moi est épuré, si bien qu'on a l'impression que l'espace est entièrement dépourvu de bactéries. Les surfaces sont lisses et blanches et tout est placé au millimètre près.
J'étais pour le moment seule mais cela n'a pas duré. Les quartes autres numéros ont débarqués, et devinés avec qui je me retouve ?
Numéro quinze bien évidement ou le mec arrogant de toute à l'heure. Je suis certaine qu'il l'a fait exprès. Il y avait des centaines d'autres wagon mais il s'est quand même retrouvé avec moi. Quelle poisse.
Il prit la parole en hurlant de rire comme à son habitude.

- " Éh mais regardez qui voilà, notre petite rebelle de numéro douze ! "

Ça y est, c'est officiel, je le déteste.

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