Life is a fucking bitch, live a fucking jock.

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- Lily Rose Anderson je refuse que tu restes plus longtemps ainsi ! regardes toi, je ne veux plus te voir comme tu es depuis...

- Depuis la mort de Timéo ? C'est ça hein papa? J'ai raison ? Tu voudrais que je vive comme si il ne s'est rien passé ?

- Chérie, je sais ce que tu traverses mais rester ainsi ne ramènera pas ton frère à la vie.

- C'est vrai que toi tu t'en fous tu n'étais même pas son vrai père, lança Lily Rose.

Elle eut le temps de voir un éclair de douleur traverser le regard de son père, et seul un silence de mort lui répondit. Bien que celui-ci n'ait jamais été le père biologique de Timéo, c'est lui qui l'avait élevé et Lily Rose savait à quel point les mots qu'elle lui avait craché à la figure avait dû le blesser.

- C'est vrai, lui répondit son père d'une voix grave et douce, mais je l'aimais comme un fils et ça tu le sais. Et ce que moi je sais aussi c'est que Timéo me tuerait si je te laissais vivre dans cet état. Il a toujours été sévère avec moi quand il était question de toi. Toutes les fois ou grâce à lui tu n'as pas eu à subir les foudres paternelles...

- Arrête, hurla Lily-Rose ! Je pense que c'est à toi que Timéo en voudrait! Tu vis mais tu es mort et ce n'est pas toi que peut me donner une leçon de moral sur mon soi-disant problème de sociabilité ! Alors tu sais quoi va te faire foutre et ne me parle plus de sa mort. C'est dur à comprendre ?

Lily Rose partit en claquant la porte. Les larmes lui brouillaient la vue. Des larmes de rage. Elle aurait voulu pouvoir tout oublier à ce moment, ou même tout effacer. Son passé la hantait. Le nombre de fois ou la mort lui avait paru comme la seule échappatoire, le seul moyen d'échapper à son tourment qui la rongerait jusqu'à sa mort ne se comptait plus. Parce que rien ne pourrait l'effacer et elle le savait bien. Elle avait essayé de ne pas y croire mais la réalité l'avait rattrapé bien trop vite. Alors elle était devenue la fille qui sortait chaque soir, à la poursuite d'un bonheur inaccessible. Elle avait arrêté de bosser après la mort de son frère. De toute façon comme son père le lui avait si bien dit il y a à peine une minute, rien ne le ramènerait à la vie pas plus travailler d'arrache-pied que devenir une fêtarde incontrôlée. Elle avait choisi la voie de l'alcool qui semble vous faire miroiter l'espace de quelques heures la promesse d'un oubli et d'une vie nouvelle. Son père voyait bien que ça n'allait plus mais de là à se douter que sa fille avait frôlé le coma éthylique plus d'une fois...La mort de Timéo qu'il aimait comme son propre fils l'avait lui aussi plongé dans une demi torpeur. Sa vie n'était que boulot et interventions à l'hôpital. Il voulait aussi oublier. Au lieu de se noyer dans l'alcool il s'était noyé dans la masse de travail qu'il avait. Mais il ne lui apportait à lui aussi qu'une piètre illusion du bonheur.

Ce lien qui autrefois avait unis le père et la fille était mort et avait été enterré le jour même de la mort de Timéo. D'ordinaire la souffrance causée par la perte d'un être aimé engendre une unité entre les membres d'une famille. Mais pour Lily Rose et son père ce lien, cette unité avait disparu lors des funérailles de Timéo. Elle existait autant qu'existait son fantôme.

Cette fois Lily Rose en avait assez. Rien ne lui apportait plus de joie ici. Elle aurait voulu se tirer de cette petite ville qu'est Cameron avec ses 8312 habitants. Ici tout était glauque à mourir. Les bars ressemblaient à des lieux de réunion pour toxico, les jeunes se prenaient pour des dieux à peine sortie du lycée et pensaient imposer à toute la ville leurs lois qui semblaient tout droit sorties des films de Tim Burton. Cela avait le don d'exaspérer Lily Rose. A ses yeux, bien qu'elle soit dépendante à l'alcool, elle savait que ce n'était pas la peine de l'utiliser pour paraitre plus cool. L'alcool n'était pas une chose cool. C'était ce qui vous poussait dans le gouffre et vous tirait au fond de l'abime. C'était la chose la plus désespérante que Lily Rose ait jamais connu. Elle aurait voulu crier à tous ces pauvres cons qu'ils gâchaient tout en buvant mais de la part d'une fille dont la réputation tenait au nombre de shoot qu'elle buvait dans une soirée la crédibilité était bien en dessous de zéro.

Réapprends-moi à vivreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant