Toi et moi contre le monde Ziam

Toi et moi contre le monde

Il était là, devant moi, les yeux fermés en train de tout oublier. Nous avions beau être dans une des pièces minables de ce qui servait de repère à son gang, j'avais le sentiment que nous étions seuls. Que pour une fois, ce n'était pas lui et moi contre le monde. Là, il se laissait aller. Il caressait mes cheveux, les agrippant brusquement quand le plaisir se fit plus intense. Ses gémissements emplirent la pièce puis s'éclipsèrent derrière un râle rauque. Je me redressai, et essuyai ma bouche. Liam arrangea sa tenue aussi vite que possible. Il n'était pas question qu'un visiteur impromptu le voit dans cette tenue. Ce qui pouvait parfaitement arriver au vu des bonnes manières locales.

Je posai mes mains sur le canapé défoncé, me hissai et tentai de lui voler un baiser. Il recula. Sans surprise.

- Faut que tu dégages avant qu'ils arrivent.

- S'il te plaît...

- Zayn.

Il avait raison. Je le savais, pourtant je nichai mon visage contre son cou. Une odeur dans laquelle s'entremêlaient la sueur, le sexe et le tabac froid, s'accrochait à sa peau laiteuse. Liam et moi, nous étions comme le jour et la nuit. Il était grand, à la tête d'une meute de chiens enragés et blanc. Je n'étais qu'un mec à la peau tannée banal, qui s'attirait le plus souvent des ennuis dès qu'il mettait les pieds dans cet endroit dont je n'étais pas issu. Le quartier opposé était déjà une autre contrée. Deux univers qui se regardaient en chien de faïence. Certains de ses sbires me faisaient sentir que je n'avais pas ma place ici.

Si j'avais connu les règles et les codes, j'aurai pu en jouer et les contourner à ma guise. Si j'avais été plus fort, plus agressif, j'aurai pu m'imposer sans que personne ne vienne me chercher des ennuis. Malheureusement, plusieurs circonstances jouaient contre moi.

- Ils vont te défoncer, insista-t-il.

- Embrasse-moi.

- Zayn, si tu ne te barres pas tout de suite, je casserai ta gueule d'ange.

L'avertissement me fit soupirer. C'était une menace en l'air. Soudain, des cris ricochèrent sur les murs et vinrent jusqu'à nous. Je jetai un dernier regard à Liam avant de m'éloigner. Les phalanges crispées sur mon blouson, je sortis me cacher dans un des placards où ils entreposaient du soi-disant matériel d'entretien. Une vérification du contenu des bidons aurait sûrement révélé d'autres substances. J'entrouvris la porte avec prudence, puis quittai ma cachette dès le passage du dernier visiteur. Dévaler les escaliers quatre à quatre ne fut pas un souci, j'avais envie de filer d'ici le plus vite possible.

La seconde vague de subalternes contrecarra mon objectif.

Comment avais-je pu oublier ce risque ?

- Regardez qui est là.

- Alors tarlouze, t'veux vraiment rentrer dans l'circuit ?

Cinq types se tenaient devant moi. Les mains dans les poches, l'air moqueur. L'un d'eux finit par attraper mon bras pour me projeter dehors. Un autre s'approcha vite de moi, tira sur le col de ma veste et me plaqua contre le mur.

- On devrait p'têtre lui faire passer l'envie de venir ici...

Un craquement de doigts m'alerta. Je n'eus que le temps de voir un poing être projeté dans ma direction avant que mon corps ne se plie sous la douleur. Le bitume encaissa ma chute. Le bout d'une basket apparut dans mon champ de vision. Je me repliai aussi vite que possible sur moi-même. J'avais beau faire de mon mieux pour minimiser les impacts, mes forces me lâchèrent. Abdiquant sous la pluie d'attaques, ma chair se mua en un amas de blessures. Le goût du sang se propagea dans ma bouche ; je crachai pour m'en débarrasser.