Le ciel était sombre. Bas et menaçant.Le vent secouait les arbres, les faisant plier dans tout les sens,les agitants comme s'il n'était rien de plus que de petitesbrindilles.
Il allait pleuvoir. Peut-être mêmeque l'orage serait au rendez-vous.
Elle ouvrit la fenêtre de la cuisinepour pouvoir profiter au maximum de ce temps apocalyptique qu'elleavait toujours appréciée, d'aussi loin qu'elle se souvienne. Elleaimait l'odeur de l'humidité ambiante mêlée à celle des végétauxet au vent, le calme qui tombait sur la nature, comme une prièremuette de survie.
Le calme avant la tempête,pensa-t-elle en souriant.
Pour elle, la pluie était une sorte derenouveau. Comme si la nature offrait une nouvelle chance, qu'elleeffaçait tout les pêchés pour permettre au monde de repartir àzéro. Aucun doute la dessus, elle aimait son renouveau. Sa nouvellechance qui nettoyait ses erreurs sans poser de question, quipardonnait tout.
Elle secoua la tête pour se sortir desa transe contemplative et retourna à sa pile de vaisselle salequ'elle lavait consciencieusement. Verre après verre, assiette aprèsassiette, couteaux, fourchettes, cuillères. Le tout dans un silencereligieux. Se concentrant uniquement sur sa tâche.
Frotter, rincer, poser. Frotter,rincer, poser. Frotter, rincer, poser.
Au moins ces gestes mécaniquel'empêchait de penser. De réfléchir.
C'était simple. Routinier.
Frotter, rincer, poser.
-Il faut qu'on parle.
Elle sursauta, trempant les manches deson pull en laine noir. Elle ne l'avait pas entendue arriver.
-Il n'y a rien à dire.
-Eva...
Elle ne se tourna pas, resta ancrée àla réalité de sa vaisselle. Faire face rendrait ça réel.
Elle l'entendit se rapprocher, ses pas,d'ordinaire si confiant, si directe -c'est qu'il ne perdait pas detemps- était hésitant. Il trépignait, avançait, reculait, sansjamais vraiment savoir qu'elle marche à suivre.
Le bruit d'une chaise qui racle contrele carrelage lui donna une indication. Il allait s'asseoir à table,attendant tranquillement qu'elle termine pour la forcer à écouter.Mais Eva en avait assez des grands discours qui n'apportait rien.C'était trop douloureux. Et inutile.
Ça lui donnait juste l'impressiond'être une conne masochiste. Le pire, c'est qu'elle savait qu'ellele cherchait. Qu'elle y retournait à chaque fois, qu'elle yplongeait tête la première.
D'une certaine manière, la douleur quilui tordait continuellement les tripes avait quelques chose degrisant. Ça lui faisait se sentir vivante.
Pas heureuse, mais vivante.
-Tu veux bien arrêtée cette putain devaisselle et me faire face, hurla Allan, alors que, clairement, ilperdait patience.
-Il va pleuvoir, répondit-elle, lavoix lointaine, à des centaines de kilomètres, dans les bras d'unemère aimante qui lui racontait la vie.
Soupir. Long, profond, et clairementagacé.
-Je vais peut-être aller faire un tourdehors. J'aime la pluie. J'aime son odeur.

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J'aime bien ce temps
RomanceLa pluie l'apaise depuis toujours, la calme et la rassure, mais la présence d'Allan ? Elle est nocive, dangereuse. Elle le déteste cordialement. Histoire courte écrite dans le cadre d'un concours Amour/Haine sur skyrock. Concours annulé je me suis...