La Lettre

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Un autre point de vue

Qu'est ce que je me sens con sur ce lit d'hôpital à ne rien pouvoir faire. Ça m'exaspère, me donne envie de me coller des baffes. Je suis en colère contre moi-même, pour mes erreurs passées, et cette colère m'empoisonne de plus en plus chaque jour.

Par moment, je me dis que tout est de sa faute à elle mais je sais très bien que ce n'est pas vrai, que c'est moi qui est merdé, parce qu'à force que vouloir paraitre fort et donner l'impression de tour contrôler ça se retourne contre nous.

Ce matin, quand sa mère est rentrée dans ma chambre, ça m'a surpris. Pourquoi venait-elle me voir ? Je n'en avais pas la moindre idée. Elle s'avança d'un air froid et hautain posa quelque chose sur ma table de chevet et repartie vers la porte sans un mot. Au dernier moment elle se retourna vers moi.

- C'est son adresse, tu peux lui écrire mais si à ta sortie tu t'avises d'aller la voir sans son autorisation tu auras à faire à moi et à mon mari, et je peux t'assurer que ce n'est pas lui le plus redoutable. Compris ?

J'avais la gorge serrée et me contenta de hocher la tête elle répondit par un "bien." placide, froid comme elle m'avait toujours parlé, puis elle s'en alla. Je ne lui désobéirai pas, pas parce qu'elle me faisait peur, non, loin de là, tout simplement parce que je ne me sentais pas prêt à la revoir.

Je saisi le bout de papier posé sur ma table de chevet et le regarde pendant plusieurs minutes. San Franscico. C'est là-bas qu'elle est où plutôt, qu'elles sont. Qu'est-ce qu'elle avait bien pu trouvé qu'il lui avait fait aller là-bas, si loin de moi ?

Au fond de moi, je le sais. C'est ça qu'elle veut, être loin de moi. Pour se protéger. Elle et notre fille. Se protéger de moi.

Je pris mon courage à deux mains, pris le bloc de feuilles et le stylo qui étaient à l'intérieur de mon tiroir.

Chère Lexie...
Non ça ne me convenais pas, j'arracha la page et la froisa et la jeta loin de moi, ce n'est pas grave, une infirmière la ramassera. Je recommença plusieurs fois sans être satisfait. Et je me dit qu'il fallait que je sois moi-même.

Hey
Putain, qu'est ce que je me sens con. Pourquoi ?

Parce que plein de chose.

Parce que je t'écris à toi qui m'a tant aimé et qui maintenant me hais. Pour je ne sais quelle raison, je ne sais même pas si j'ai quelque chose à te dire.

Parce que je sais très bien que m'excuser une fois, dix fois, cent fois ou même un milliard de fois n'excusera pas ce que j'ai fait et que rien au monde ne le fera, jamais.

Parce que je suis le dernier des idiots, ce genre qui pense que tout lui est dû et que tout le monde est en capacité de l'aimer en un claquement de doigts.

Malgré ça je ne suis pas idiot au point de penser que toi, parmi tant d'autres tu ne m'en voudrais pas, ou plus.

Parce que, même si j'aime à me le répéter la frontière entre l'amour et la haine est mince, je te connais assez pour savoir que tu n'aimes pas faire marche arrière.

J'aimerais être là, à mettre mes tripes sur le papier pour te dire que je t'aime et que je regrette comme dans ces films à l'eau de rose que tu adores et où tout ce passe bien au final, mais non.

Je ne suis pas ce genre de mec, je sais très bien que ce n'est pas un type comme moi que tu voulais.
Que s'il n'y avait pas eu cette soirée chez moi, cette fameuse nuit de la conception d'Ava tu n'aurais jamais envisagé de faire ta vie avec moi.

Même si je sais que tu m'aimais, même pire, que tu étais amoureuse de moi, je sais aussi qu'à un moment ou à un autre tu serais partie pour faire ta vie avec un autre.
Je vais être franc avec toi, même si je sais que ça va te faire du mal et que tu vas vouloir déchirer cette lettre et me maudire à jamais. Mais je dois te dire qu'il m'ait très rarement arrivé de penser que je t'aimais, que ça m'a a peine effleuré l'esprit. Parce qu'en réalité je ne sais pas ce que c'est que l'amour.

C'est pour ça que je n'ai pas compris pourquoi votre départ à toi et à Ava m'a fait autant de mal et à laisser ce vide en moi que j'essayais de réduire avec de l'alcool ou de la drogue ou même quelques mélanges audacieux mais quelques peu risqué des deux.

Je tiens à te dire que tu peux dormir sur tes deux oreilles, je ne chercherai pas à venir te retrouver, je n'en suis pas prêt et je pense que tu ne le veux pas.
Prends soin d'Ava et de toi.
Mike.

J'ai très longuement pensé à ne pas envoyer cette lettre mais finalement je l'ai donné à une infirmière qui m'a dit qu'elle irait la poster.

Mais désormais plein de questions sont dans ma tête et je commence, pour la première fois de ma vie à me remettre en question. J'ai dû mal à penser que le monstre qui a vécu avec Lexie et Ava était bien moi. Malheureusement on ne peut pas remonter le temps, et il faut vivre avec.

I Never Forgot YouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant