Chapitre I - 150 Ans de Vie

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Cette voix, ce ciel... Cette Lueur, ce mur, cette chambre... Encore un matin de plus, encore. 150 ans que ce cercle perpétue, un véritable supplice... La vie fait aujourd'hui partie de ses choses dont on ne peut pas se débarrasser. La vie ? Est-ce une vie ? Je change mon appui de côté, chose courante lorsque je tarde à me lever. Ma cagoule est disposée sur le bord de mon bureau. D'ici, tout paraît si calme. Cette cagoule rouge délavée a connu des jours terribles. Des coups violents, des horreurs. Même si son teint est estompé, on y distingue clairement des traces de brûlures, par ci, par-là, devant, et derrière. Je regarde attentivement ses blessures, à maintes reprises criblées par les balles. Ce n'est pas défaut de qualité. Je me souviens avoir investi en un matériau fort robuste. Il faut que j'y aille. Doucement, je me lève, baille à maintes reprises, m'étire les bras, puis, me déplace lentement vers ma VirtBox. C'est une grande boite grise de 64 mètres cubes à structure et design minimaliste, aussi bien de l'extérieur que de l'intérieur. La pièce est entièrement vide, aux murs, au sol et au plafond essentiellement composés d'écrans à LEDS. Un boitier de commande équipé d'un lecteur nanoDisk ainsi qu'une paire de lentilles de contact connectées sont accrochés au mur de la porte. Mon doigt se dirige vers le bouton de démarrage et, maladroitement effectue sa légère pression. Il s'agit là d'un programme d'échauffement aux armes à feu complet et composé de deux manches.

La première est un entrainement au tir de cibles. Je me suis équipé d'un Glock virtuel. Le Glock est une arme de précision très légère. Son maniement ne demande aucun effort et son utilisation est aisée. J'entretiens sa pratique depuis 20 ans déjà et il n'a plus de secret pour moi. Aucune visée ne m'est désormais nécessaire. La manche débute dans une seconde, et c'est juste le temps qu'il faut pour me préparer. Je parcours ce piteux décor qui s'offre à moi. Une série d'immeubles détruits et de maisons abandonnées, perdus au milieu du chaos. Une balançoire faite d'un pneu de voiture est placée sur ma gauche en arrière-plan. Ici, il ne règne qu'un ciel grisâtre et un air pollué. C'est l'ancien monde que nous survolons. Le bitume rose alourdi mes pas, devenus militaires. Des cibles vertes fluorescentes sont générées par le système, j'ai 30 secondes pour en faire sauter le maximum. Je pense que personne n'aime vraiment cette manche. Que peut-il y avoir d'excitant dans la destruction de cibles ? Elles se fendent, inlassablement, transpercées par les balles. Je n'aime ces cibles ! D'un fracas constant et imperturbable, elles rythment ma marche ennuyeuse. Les impacts se multiplient sur ce décor qui défile sous mes pas. 30 secondes, c'est trop, mais je commence enfin à en voir le bout. La porte de sortie me ramène brusquement à la réalité. Peut-être est-ce la même que j'ai emprunté pour entrer ? Mes scores s'affichent. J'ignore. A présent, je suis prêt pour la suite.

La seconde manche simule diverses situations réelles. Pour moi, aucun armement préalable, tout se déroule en jeu. En effet, je peux dépouiller les armes, les armures et l'argent de mes ennemis. Après avoir pris soin de désactiver le plug-in douleur, je sélectionne ma mission préférée : « Massacre » en Solo / Difficulté Classique / Ennemis Aléatoires. Dans ce mode, l'imprévisibilité de l'ennemi rend la simulation intéressante. La meilleure stratégie est de se cacher, puis, tuer avec discrétion et précision. La manœuvre varie selon l'armement. Les coups frontaux en pleine tête sont adaptés au Glock, les décapitations par arrières sont fortement conseillées après isolement d'un ennemi, si toutefois vous avez à disposition une grande lame bien tranchante. Cette fois, mon terrain de jeu n'est autre qu'un MightyShip. Les pièces ne sont pas vides et les objets peuvent servir de ruses ou effectuer des interactions. Il se trouve que mon spawn est une cuisine. Quelques couteaux sont présentés sur une planche. Je prends le plus petit d'entre-eux et explore la pièce. Elle ne dispose que d'une seule issue au fond latéral gauche, opposé à la table de travail. Il faut que je sache à quoi elle ressemble. Comment m'y introduire et vérifier s'il y a des gardes. Pour me faire une idée, je saisi le premier petit objet métallique à ma disposition, ouvre délicatement la porte, allonge mon bras en arrière. Et d'un geste maladroit, balance le pauvre petit couvert contre le mur de fer. La cuillère fait un petit rebond disgracieux et retombe de l'autre coté du mur. {Ting, Kling Kling.} Le son est rond et profond. Le plafond ne peut être plus haut que celui de la cuisine. La salle devrait être très spacieuse. Cela confirme mes suspicions. La salle qui se trouve à ma gauche est surement une cantine. J'entends des pas résonner et se croiser. Probablement quelques soldats qui ont été alertés par le bruit. Je marche discrètement vers l'issue, prêt à tuer. Les pas se fonts de plus en plus puissants, de plus en plus clairs, distincts et précis. Ils sont deux. L'un dit à l'autre : "Je vais aller jeter un coup d'œil, toi, surveille mes arrières." A cette phrase, j'essaie de me serrer du mieux contre le mur. J'ai peur. Il entre, tourne sa tête à droite, à gauche, ne me remarque pas, puis, se retourne vers son collègue en disant "il n'y a rien." Brusquement, je saisis mon couteau, et, d'un geste hasardeux, plante la lame dans son dos, en plein cœur, je pense. Son collègue a un visage pale, mais bien insensible. Il exprime une plénitude effrayante, repoussante. Je retire le couteau du corps et le jette dans sa gorge. Une grande giclée de sang écarlate vient tacher mes vêtements, qui eux, étaient encore purs. {"Manche terminée avec succès."} Je n'en reviens pas. Une mission si courte ? Si rapide ? Ne cherchant mieux, je m'empresse de quitter le programme et de sortir.

C'est bientôt l'heure de partir. Ma mère et mon grand-père ne sont pas encore éveillés, ils travaillent de nuit. Moi qui pille de jour, je suis la meilleure unité du clan Katashi. J'ai pour habitude d'arpenter les rues les plus connues des plus grandes villes de NippNoland. Des villes peu accueillantes qui, malgré leur froideur, reçoivent de ma part des accueils très enflammés. Même si je ne pète pas la forme, il en va de la survie de notre clan. Je n'ai pas droit à l'erreur. Heureusement, le trajet ne dure que 3 minutes pour aller à Bagdes. Notre garage dispose d'un vieux modèle de MiniShip. Sa carrosserie est tellement cabossée que l'on ne peut y distinguer qu'une masse de métal ambulante sans utilité. Les vitres ont tellement subi de coups que l'on ne voit plus grand intérêt à les changer. Et pourtant, ce monstre marche encore ! Nous avons renforcé son cœur avec de l'acier blindé que nous avons non sans mal soudé aux parois. Les commandes de pilotages sont facilement réparables avec des matériaux et des pièces de récupération. En 80 ans, nous n'avons pas une seule fois eu besoin d'en racheter, et c'est bien mieux comme cela. En réalité, sa vitesse ne peut être définie par quelconque mesure, et, "pour des raisons de sécurité", la république a décidé de lourdement interdire ses possibilités désormais censurées sur le compteur. Certains se sont amusés à vendre des modèles préalablement débloqués pour les grandes vitesses. Ils sont partis dans les cieux et nous ne les avons plu jamais revus. Tout compte fait, ce n'est pas là notre problème. Nous essayons de rester discrets et de ne pas trop laisser les médias nous braquer. Je vais me chercher un petit morceau de pain et un bout de steak qui trainent dans le frigo du garage et je monte dans l'engin !

La porte s'ouvre d'un mouvement frénétique. Je démarre le système, et c'est parti pour un tour dans l'espace. Je sélectionne la gravite bipolaire de Bagdes sur le tableau tactile du microShip, puis, après correction directionnelle, pousse mon tas de ferraille à sa vitesse maximum autorisée. C'est parti pour 3 minutes de pilotage automatique ennuyant et douloureux. Je regarde le sol détruit jusqu'à la moelle sans aucune empathie. Il est silencieux, mais je sens qu'il gémit, prêt à gronder. La vitre étant manquante, l'oxygène me manque cruellement. Mon cœur s'accélère et ma vision se trouble. Je sentais bien qu'il allait arriver, et je prie encore pour qu'il ne me touche pas. Le San Funka jailli de terre à quelques kilomètres de moi. Un peu plus et j'étais cuit, pris dans le cercle infernal du bas monde. Bien que la chance soit infime, le risque est bien présent et la peur me ronge toujours en vol. A présent je suis inconscient. Dans l'incapacité d'agir. J'ai mal, mais le temps semble être à l'arrêt. Ne serait-ce pas mieux comme cela ?


~ Entre Chapitres ~


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« Cet espace sera ouvert à partir du chapitre 2 si le nombre de questions est suffisante. Je trouve que c'est important de créer un espace Lecteur / Auteur. Puisse cet espace vous être utile, voir, vous divertir. Pour me contacter, envoyez-moi un courriel à l'adresse citée dans les commentaires ou envoyez-moi un courrier à l'adresse 10 rue Rouget de l'Isle, 30300, Beaucaire, France. Pour les plus flemmards, vous pouvez même me contacter en commentaires ou en MP Wattpad. »

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