Chapitre 1: Quand je vous dis que rien ne m'étonne!

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Mon réveil sonne: il est sept heures. Je me lève avec un grognement qui ferait des jaloux parmi les ours. J'attrape un jean troué, une tunique noire et un vieux et long manteau noir également. Je les passe rapidement et me dirige d'un pas lourd vers la salle de bain.
J'observe mon reflet dans le miroir. Un croisement entre Voldemort et son cousin Sarouman, j'ai le teint cadavérique de l'un et les cernes violacées de l'autre. Très en beauté ce matin...
Bon, un rapide trait d'eye liner et un peu de mascara, je me démêle rapidement les cheveux, natte les deux mèches qui encadrent mon visage,me brosse les dents et me contemple à nouveau: c'est pas terrible,terrible mais c'est mieux que le zombi au saut du lit.
J'attrape mon sac, y foure quelques cahiers de cours au hasard ainsi qu'un roman banal à mourir et descend en sautant plusieurs marches. Ce qui me vaut un dérapage spectaculaire, un grognement du chat sur lequel j'attéris et une vue imprenable sur le carrelage.
- JADE !!!!
- Bonjour maman !
- Quand arrêteras-tu tes gamineries!
Pour la peine tu n'aura plus accès au placard des gâteaux! déclare-t-elle d'un ton aigre, se dressant sur ses ergots comme un coq très fier de lui.
- Si tu crois que je te demanderai la permission! je rétorque sur un ton de de défi. Et pour appuyer mes paroles, je m'empare d'une petite bouteille d'eau posée sur la table et kidnappe un paquet entier de cookies. Je met le tout dans mon sac et part en claquant la porte.
Ouf ! Je peut enfin respirer ! J'ouvre alors le portillon du jardin ( jardinet serait plus exacte ) pour arriver dans la rue. Là, l'incessant brouhaha n'a pas changé, les pigeons me saluent du haut de leur fil électrique, les adultes scrutent leur montre au cas ou l'envie leur prendrait de vouloir sauter une heure et de mettre leur propriétaire en retard, les enfants avec leur cartable s'en vont en rigolant à l'école...
L'école...Un endroit qui pourrait être formidable si elle n'était pas peuplée de troupeaux de bovins incultes, de dindes endimanchées, et de moutons au QI proche de zéro...
Avec un peu de bonne volonté on pourrait en faire une SPA ( Société Protectrice des Abrutis ).
Et c'est vers ce parc zoologique que je me dirige en traînant des pieds. Même les pigeons ne veulent pas me voir ce matin, ils s'envolent brusquement à mon approche. De quoi me mettre d'assez mauvaise humeur. Continuant, voûtée comme si j'endurais le calvert, seul un chat, un tout petit chat,un tout tout petit chat, me prête attention. Il me regarde avec ses grands yeux verts, ses moustaches frémissante, quêtant un peu de nourriture sûrement. Il est si petit, si fragile, qu'il a tout de suite ma compassion. Je me penche et le caresse. Il se met alors à ronronner, frottant sa petite tête noire contre ma main chaude. Il me réchauffe le coeur ce tout petit rien du tout ! Prise d'une impulsion je le saisis délicatement et le mets dans ma poche. Oubliée l'école! Direction le boucher pour nourrir mon petit chat. Oui j'ai décidé de m'occuper de cette petite boule de poils. Je ne sais pas pourquoi mais j'y suis déjà très attachée. Peut être est-ce parce qu'il me ressemble...
Tout en pensant, j'arrive devant la boucherie du quartier. J'entre et me dirige vers l'homme rougeau qui est derrière le comptoir.
- Que puis-je pour vous mademoiselle ?
- je voudrai une tranche de jambon blanc, s'il vous plaît Monsieur.
- Bien sûr! Je vous sert tout de suite!
Il attrape le jambon et en coupe une bonne tranche, puis l'emballe dans du papier blanc avant de le mettre dans un sac plastique. Il me le tend en disant:
- Ça fera un euro et je vous fait cadeau des trois centimes.
Je fouille dans mon sac, en sort une vieux porte-monnaie en cuir et lui tend ce qu'il me demande.
- Merci et bonne journée Monsieur!
- C'est moi qui vous remercie! Bonne journée à vous aussi Mademoiselle !
Je ressort un grand sourire aux lèvres, il n'y a pas que des idiots ici, il y a aussi des gens souriant, honnête et gentil. Je ferais bien de revoir ma vision de cette ville.
Je me dirige alors vers mon parc préféré, celui qui est à l'angle de la rue Saint-Sauveur. Il y a toujours de belles fleurs et même des écureuils. De plus c'est l'automne, les feuilles rougissent et le soleil les illumine de mille et une couleur...
Je marche plus légèrement, je flotte presque. La raison de ma bonne humeur ? Aucune idée! Je suis juste bien, c'est peut-être grâce au chaton ou à l'accueil chaleureux du boucher, peut-être...
J'arrive à l'entrée du parc, je parcours en sautillant le long des allées pour chercher un banc libre. J'en aperçois un sous un grand et vieux chêne aux feuilles rouges et dorées. Je m'y installe, toujours le sourire aux lèvres, ouvre le sac en plastique que le petit chat vient immédiatement renifler.
J'ouvre le sachet et lui présente, il s'installe confortablement sur mes genoux et se met à manger gloutonnement. Il est tout noir avec des longues moustaches blanches et de magnifiques yeux verts, je viens aussi de m'apercevoir que ce n'est pas "il" mais "elle". Pendant qu'elle finis sa tranche de jambon je réfléchis au nom éventuel que je pourrai lui donner... Moustache? Muffin? Fripouille? Pistache ? Hmm...pas terrible...
- Qu'est-ce que tu en penses? Comment veux-tu t'appeler ?
Elle me regarde et pousse un tout petit miaulement mignon. Elle me dévisage, semblant attendre que je lui donne la réponse à la question que je viens de lui poser.
- Je sais! Tu vas t'appeler Ombre!
Elle me saute alors dessus, se frottant contre mon visage en miaulant doucement. Ce nom semble lui convenir!
- Ombre! Ombre! Je l'appelle doucement.
CRAC ! Je sursaute brusquement et me retourne pour scruter les buissons d'où provient le bruit. Rien. J'ai pourtant senti un truc anormal, qui n'aurait pas du se trouver là... Toujours rien.
Mais Ombre se met soudain à grogner et s'aplattit, sa fourrure double de volume et elle fixe le massif d'hortensias. Je m'approche doucement en la serrant contre moi.
FSCHHHHH! Une drôle de petite lueur bleue scintille juste près des massif de fleurs.
Mais qu'est-ce que c'est ? On dirait les feux follets dans Rebelle. Attendez une minute ! C'est un feu follet! Trop cool ! Je m'approche pour le voir de plus près et c'est alors qu'apparaît toute une guirlande de feux follets qui s'enfonce dans un bosquet d'arbres. On dirait vraiment un dessin animé de Walt Disney ! Bon bah suivons les feux follets ! Qui sait ? C'est peut être un passage vers le pays enchanté !
Je m'engage à leur poursuite slalomant entre les fleurs et les troncs d'arbres. Je cours presque en trainant mon sac qui prend toutes les branches. Ce bosquet est beaucoup plus profond que je ne l'avait imaginé!
J'arrive alors dans une clairière absolument magnifique. Elle est entourée de chênes dorés aux troncs noir ébène et de bouleaux aux feuilles jaunes lumineux et aux troncs blanc étincelant parcourus de petites veines noires. Des boutons d'or, des pâquerettes, des jacinthes des bois et des orchidées sauvages parsèment le sol noir d'une multitude de couleurs. Au centre se dresse un rocher gravé de sortes de runes. Et sur le rocher se tient un lapin blanc aux yeux bleus...Avec un noeud attaché autour du cou ! Il ne manque plus que la montre et nous voici en compagnie du lapin d'Alice au pays des Merveilles ! Ce lapin me fixe de son regard d'Azur. Je m'approche pas à pas. Doucement... doucement... Tout doucement... Et au moment où je vais le toucher je tombe dans un trou!
- Aaaaaaaaaaaaarg !
Je glisse dans un long, très long tunnel et mon cri de peur se transforme en exclamation de joie:
- Yahoooooooo! Trop coooool!
J'attéris tête la première sur le sol constitué de feuilles et de terre humide.
- Aïeuh !
Je me redresse, décroche Ombre de ma veste et regarde ce qui m'entoure. Je suis au pays des Merveilles! Au risque de me repeter: tout est absolument magnifique !
Je me lève, tapote mon manteau pour enlever les quelques feuilles qui y sont collées. Puis je constate que mon sac m'a suivi et aussi...ma flute. Je ne l'avais pourtant pas amené avec moi ? Mais bon temps mieux. Allons donc chercher la première office du tourisme qui pourra nous indiquer les lieux et monuments à ne pas manquer ! Je vous l'avais dis: rien ne m'étonne ni ne me déstabilise jamais !

Just a Melody Où les histoires vivent. Découvrez maintenant