En route vers ma carrière de saltimbanque

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   Il entre donc, ce qui me permet de le regarder attentivement. Il est beau. Il est plutôt grand et à une silhouette d'athlète. Sa tignasse blonde décolorée par le soleil lui tombe sur les yeux, ceux-ci sont d'un bleu incroyablement pur. Il est habillé simplement mais on remarque sa peau bazanée qui contraste avec ses vêtements clairs .
  Il s'avance et me dévisage.
   - C'est qui ?
  - Voyons Chris un peu de politesse ! S'exclame madame Tognier.
   - Je m'appelle Jade, dis-je calmement, et je suis une saltimbanque étrangère.
   - Une saltimbanque ? Il me regarde très étonné. Et que viens-tu faire ici, dans cette vallée pommée ?
   - Je joue dans les auberges pour gagner mon pain, répondis-je très humblement.
   - Ah d'accord.
Il se tourne alors vers sa mère:
   - Je dois l'emmener au village c'est ça ?
   - Oui s'il-te-plait.
   - Bon bah j'y vais dès maintenant. T'es prête ?
   - Oui, oui je te suis.
Je saisis mon sac et l'étui renfermant ma flute et sors.
   - Merci beaucoup madame Tognier !
   - Oh, il y a pas de quoi ! Prends bien soin de toi ! On viendra se soir pour t'entendre jouer !
   Elle semble toute joyeuse et me fait des grands signes de mains.
   Je m'éloigne en compagnie de monsieur le beau goss taciturne ( c'est un surnom qui lui va comme un gant je trouve ).
   Au bout de cent mètres a marcher dans le silence je decide de rompre la glace et lui demande donc :
   - Il parait que tu connais bien ce monde ?
   - Oui et ? grogne-t-il d'un air maussade.
   - Vois-tu je suis totalement étrangère et je ne connais rien d'ici. Est-ce que tu pourrais m'en parler un peu ?
   - Mmm... Je suppose que ça fera passer le temps, marmone-t-il. Et bien notre Royaume est très vaste, c'est un continent entier. Tu y trouvera toutes sortes de races. Par exemple dans les forêts, tu trouvera les elfes Sylvestres bien sûr mais aussi les esprits de la nature comme les dryades,  les naïades, les faunes, les pixies, korrigans et toutes sortes de lutins et de fées. Dans les montagnes tu pourra rencontrer les nains et les gnomes mais aussi les gobelins, beaucoup moins sympathiques. Si tu as de la chance, tu apercevra même les griffons qui vivent tout en haut des pics rocheux, mais ils sont très rares... Sur les cotes et dans l'océan, vivent les sirènes notament les Morganez a l'ouest, mais aussi les tritons, les Dragons marins et toute une faune de poissons et de créatures aquatiques. Dans les plaines, habitent les hommes mais c'est surtout le lieu ou toutes les races se mélangent. Si tu va dans les grandes villes du Sud et de l'Est tu verra toutes les merveilles du continent réunies en un seul lieu ! J'aimerai tellement y aller..., le voyant se perdre dans ses pensées, je toussotte et relance la conversation :
   - Et comment est régi le Royaume ? Avez-vous un roi ? Un empereur ? Un dictateur avec une  moustache ridicule genre Hitler ?
   - Hein ? C'est qui Hitler ?
   - Nan, laisse tomber, on vient pas du même monde...
   - Ça tu peux le dire ! Tu dois venir de sacrément loin si tu ne sais même pas qui est à la tête du pays ! Bref, le peuple est gouverné, normalement par un roi qui est soutenu par un conseiller représentatif de chaque race.
   - Euh... Ça doit faire du monde tout ça, s'il y a autant de races que tu me le dit...
   - Hahaha oui ! Tu verrais les longues processions multicolores vieillards séniles et barbus ! Hahahaha, il part d'un grand rire franc et lumineux. La faussette au coin de sa bouche lui donne un air encore plus attendrissant. Umm... Vraiment pas mal...
Voyant que je le dévisage avec un sourire en coin, il reprend immédiatement son sérieux et me dit abruptement :
   - Pourquoi tu me regarde comme ça ? Y'a quelque chose qui va pas avec ma figure ?
   - Euh... Non non rien... Reprend ce que tu disais, je balbutie en rougissant comme une tomate. Super, il va croire que j'ai des bouffées de chaleurs à cause de pensées obscènes...
   - J'en étais où ? Ah oui, mais ça ne se passe pas comme ça actuellement parce que le roi est très jeune, il a seulement dix-neuf ans et ce sont les vieillards pas si débiles que ça qui dirigent réellement le pays.
   - En gros, le roi est une simple marionnette ?
   - Mmm... pas vraiment, en fait c'est lui qui les laissent faire ce qu'ils veulent. Il se contrefiche de tout et encore plus de gouverner le Royaume. Il passe son temps à vagabonder dans la nature à ce qu'on dit...
   Au moment où il termine sa phrase, on aperçoit les premiers toits de chaume du village. Bientôt on arrive sur une petite place pavé ou déambulent et s'affairent hommes et femmes dans un va-et-vient continu. A l'angle de la place, bien en vue,  une petite auberge accueillante. Une pancarte de bois pendue au-dessus de la porte indique : "La Marmite d'Argent", deux fenêtres basses aux verres épais encadrent la porte elle-même en chêne massif avec une poignée en fer forgé. 
   Je me faufile dans la foule, Chris à ma suite, et tente d'atteindre l'auberge non sans attirer l'attention de quelques regards curieux.
    J'essaye de pousser la porte mais elle s'avère trop lourde pour moi. Je m'arqueboute alors de toutes mes forces en serrant les dents. Chris, à côté de moi se fout littéralement de ma gueule, il est plié en deux de rire et se retient au mur pour ne pas tomber. Enfin dans un élan de pitié, il saisit la poignée et exerce une légère pression sur le battant, faisant s'ouvrir la porte aussi facilement que si elle était en carton... Ouais, je me sens vraiment nulle...
    Voyant ma mine renfrognée, il sourit et me dit d'un aire ironique :
    - Et t'en fait pas, c'est normal que tu sois faiblarde, après tout, tu es une  femme... Il insiste de façon mesquine sur le dernier mot, me faisant voir rouge. Et alors que je m'apprête à le frapper je m'aperçoit que tout le monde dans l'auberge nous regarde dans un silence absolu.
    - Euh... Hello everybody! Dis-je d'une voix pas très rassurée.
    - Oh Oh Oh ! Bah dis donc Chris c'est tout ce que t'es capable d'attraper ? Une fillette à peine femme, vêtue bizarrement et ne sachant même pas parler ? A moins que se soit une attardée ?
    - Pfff... N'importe quoi... Elle est pas à moi, j'aurais trouvé mieux sinon ! Il me regarde alors et se tourne vers l'assemblée de poivrots : mais si elle intéresse quelqu'un je la lui laisse volontiers !
Il ouvre alors grand les bras dans ma direction comme si il était le présentateur d'une vente aux enchères et moi un tableau de peinture à cinquante mille euros. A ce moment là je m'énerve vraiment et explose :
   - Nan mais j'hallucine ! Pour qui tu te prend espèce de bellâtre psychopathe ? Tu crois vraiment que je t'appartient juste parce que t'as un beau sourire ? Non mais  même pas dans tes rêves Monsieur le taciturne " c'est moi le plus fort "! Et puis vous,  là, les alcolos pédophiles, si vous posez une seule de vos pattes sur moi je vous assure que vous irez manger les pissenlits par les racines ! Et puis si moi je mhabille bizarrement, à en juger par vos loques, votre sens de la mode conviendrai parfaitement au clubs des clodos SDF ! Attardée ? Attardée mon c*l ouais ! Vous allez voir à quel point je suis dérangée bande de d' enf*****!  Je m'écris avec tellement de virulence que tous le monde me dévisage ébahis. Je poursuis toujours en hurlant comme une furie:
    - Nan mais c'est quoi votre problème ? Si vous êtes tellement en manque, allez violer des lutins ! Me casser pas les c***lles parce que ça va virer au bain de sang et vous aurez pas le temps de mettre votre maillot ! Non mais faut pas exagérer bande d'enc**** !
Toujours bouillonnante de rage, je m'arrête pour reprendre ma respiration et contemple les poivrots complètement attérés par mon charmant discours. Je crois que j'ai réussi à leur en boucher un coin...
Chris aussi me fixe, effaré. Je reprends plus calmement:
   - Bon c'est pas tout, mais moi j'étais venue pour jouer de la musique et gagner de l'argent !
   - De... de... La musique ? Balbutie, terrifié, le petit gros au premier rang. Umm...Je crois que je lui est collé la peur de sa vie... Bientôt on m'appelera "La banshie hurlante killeuse de gens", hahaha ça pourrait être drôle...
   Après un silence terrifiant où tous attendent ma sentence, je dis joyeusement :
   - Bah oui puisque je suis saltimbanque !

Just a Melody Où les histoires vivent. Découvrez maintenant