Chapitre 2

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Je décide toutefois de ne rien lui montrer et c'est avec toute la nonchalance dont je suis capable que je porte le goulot à ma bouche.

Son corps est toujours pratiquement collé au mien lorsqu'il se penche pour me dévisager. Je tourne le regard dans sa direction et laisse retomber mon bras pour poser ma bière sur le comptoir en acier. Je la laisse tourner entre mes doigts mouillés à cause de la condensation. Je les pose sur mon front. Rafraichissant. De nouveau sur la bouteille. Quelle chaleur ! Et lui. Qui ne me quitte pas du regard. Qui attend. Patiemment. Comme s'il avait toute la nuit devant lui. Peut-être est-ce le cas. Je l'espère en tout cas. Parce que plus il me dévisage de ces yeux bleus qui sont en train de me faire perdre la tête, plus les scénarios sur la manière dont nous pourrions passer les prochaines heures tous les deux se font de plus en plus torrides.

J'ai besoin de bouger, d'occuper mes mains, ou sinon je risque de devenir trop empressé, et je n'ai pas envie d'aller trop vite. Je veux profiter un peu de cet échange joueur entre nous. Après tout, c'est également tout l'intérêt de la drague. Ce petit jeu de séduction avant de se décider à passer aux choses sérieuses. Souvent, je préfère zapper cette partie, pour parvenir plus rapidement à mon moment préféré, celui où deux corps moites ondulent l'un contre l'autre, où je découvre la chair douce de mon partenaire, où je sens sa langue s'enfoncer en moi. Mais bizarrement, cette fois-ci, j'ai envie de faire durer le plaisir. De me montrer taquin. De devenir tour à tour le chasseur et la proie. Traqueur et traqué. Je jette un regard en biais à mon charmant inconnu qui me fixe toujours.

- Mieux vaut tard que jamais, je déclare d'un ton détaché en souriant légèrement, une manière comme une autre de lui montrer qu'il en faut davantage pour me déstabiliser.

Cette fois-ci, c'est lui qui semble un peu ahuri par ma réponse. À croire qu'il espérait me faire flancher juste avec sa voix rauque contre mon oreille et son corps pressé contre le mien. Bon, c'est peut-être un peu le cas, mais inutile de flatter son égo. Après tout il semble être de nature joueuse lui aussi.

Alors, jouons.

Ses yeux s'écarquillent légèrement, puis il part soudain dans un grand éclat de rire. Je vois sa main se tendre pour venir serrer la mienne.

- Je m'appelle Tate, au fait.

Tate. J'aime bien. Ça lui correspond je trouve. Même si, honnêtement, son prénom m'importe peu. Il ne me sert pas à grand chose de le connaître, à part peut-être pour le hurler lorsqu'il sera enfoui en moi, et qu'il me procurera un orgasme démentiel. Du moins je croise les doigts pour que ce soit le cas.

- Alec.

- Alec ? Vrai prénom ou diminutif d'Alexandre ?

Je ne comprends pas sa soudaine curiosité, mais je ne vois aucune raison pour ne pas la satisfaire.

- D'Aleksey, en fait.

Il fronce les sourcils.

- Mon père est russe, je me contente de répliquer.

Je suppose que ceci suffit à expliquer cela. D'ailleurs, en plus d'un nom pas commun dans ce pays, de mon père, j'ai également hérité de ses cheveux noirs et ses yeux noisette tirant vers le vert. De sa carrure large et sa haute stature. Ma mère, elle, m'a légué la finesse de ses traits et une bouche décidée. J'aurais aimé hériter du vert intense de ses yeux, mais je n'ai pas eu cette chance, contrairement à ma sœur.

Son visage s'éclaire et il se rapproche encore de moi pour murmurer, tout en tirant légèrement ma main :

- Je crois bien que je n'ai jamais mis de Russes dans mon lit.

Entre nous... (sous contrat d'édition )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant