Article II: Promotion Canapé

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Promotion Canapé

Affalée sur une chaise en face du lit, je détaille sans cesse ma mère du regard tout en laissant mes pensées vagabonder. Elle dort paisiblement...

Mes yeux rivés sur elle, je me demande où trouver des sous pour qu'elle puisse bénéficier des soins dont elle a besoin. Cette douce femme est vraiment fatiguée. Même si elle passe tout son temps à nous sourire pour nous réconforter, son cœur pleure de chagrin tous les jours et ses yeux remplis d'amour le témoignent. Elle souffre du cancer qui la ronge de jour en jour et personne n'ignore qu'il finira par la détruire avant de l'emporter dans ce monde mystérieux jusque là inconnu pour les vivants et dont seuls les morts peuvent nous en parler.

Et pourtant, elle peut être sauvée d'après les dires du docteur. Il suffit seulement de verser la somme qu'il faut pour que l'on commence les interventions mais je n'en ai pas les moyens. Ma génétrice peut bel et bien survive et il faut vraiment que je fasse quelque chose au plus vite.

Où vais-je trouver de l'argent? Mon misérable salaire de sécrétaire qui arrive à peine à couvrir nos dépenses ne me permet même pas de faire grand chose.

Oh aide divine!

En ce moment précis, j'ai juste envi de crier au secours.

Cela fait déjà trois ans que nous vivons dans ces conditions non souhaitables, deux ans que nous nous suffisons à ce peu que je gagne. De plus, je suis l'aînée de quatre filles et d'un petit garçon qui comptent tous sur moi. Comment vais-je faire?

-Mady? M'interpelle mon petit frère, me tirant ainsi de mes longues pensées sombres.

- Oui Ousmane? Réponds-je dans un soupire que je ne pensais pas garder.

- Mon argent pour le transport s'il te plait, il est presque l'heure pour l'école, dit-il en jetant un coup d'œil à sa montre à bout de phrase.

Je m'empare de mon porte-feuilles puis y tire un billet de 1000f cfa.

- Vas chez le boutiquier pour qu'il te fasses la monaie, l'ordonne-je en lui remettant le billet. Tu prends 200f et donnes a tes soeurs chacune 200f.

Je vous vois déjà entrain de vous demander "Et son père?". Eh bien, il nous a tout simplement abadonnés pour fuir sa responsabilité de mari modèle qui prend soin de sa femme, du père modèle qui fait la fierté de ses enfants, du père de famille exemplaire qui participe au bonheur de ceux qui le méritent. Hélas, il a préféré nous laisser nous débrouiller seuls.

Il est parti il y a de cela trois longues années et depuis lors, je me suis trouvée dans l'obligation de prendre le relais. Nous avons absolument tout perdu. Et gagnée par le stress, une rancune jamais dévoilée, ma mère eut une goitre à force de cacher ses sentiments. On a dû vendre beaucoup de nos objets de valeur pour qu'elle se fasse opérée.

Pensant qu'elle s'était remise de cette trahison, maman faisait la forte femme devant nous mais se laissait emporter chaque soir par des pleurs silencieux et perdait beaucoup de kilos au fur et à mesure que le temps passait. Elle devenait de plus en plus maladive et après multes examens, les médecins ont finalement découvert les conséquence du geste dégueulasse de mon père: Le Cancer.

Cette maladie n'arrangeait rien dans notre situation, au contraire, elle l'empirait et la dégrade encore plus aujourd'hui. Le peu que je gagne est toujours remis aux médecins pour le traitement qu'elle suit.

- Tu es toujours là Mady? Me demande Aïssatou, une de mes petites sœurs. Tu devrais y aller pour ne pas être en retard.

- Tu as raison, fais-je en me levant de mon siège.

J'avance ensuite jusqu'au bord du lit, carresse légèrement la joue de ma mère puis saisis mon sac.

- Prends bien soin d'elle, lui dis-je en sortant.

Je me dirige précipitamment vers l'arrêt de bus le cœur lourd. Toutefois, je sais que ma douce maman est entre de bonnes mains, entre celles d'Aïssatou.

Après moi, c'est elle qui suit. La pauvre! Elle a dû abandonner ses études pour rester au chevet de maman quand je vais au travail.

Le bus arrive suite à de longues minutes d'attente. Je monte, paie mon ticket avant de prendre place. Le paysage que je peux décrire les yeux fermés, défilent orgueilleusement sous mon regard. Après vingt minutes de trajet, je me retrouve devant l'immeuble imposant qui abrite nos bureaux.

Déterminée, je prends l'ascenseur pour aller attaquer le travail qui est d'ailleurs l'unique moyen qui m'aide à me changer les idées. Comme a mon habitude, je remplis mes fonctions comme il le faut, la tête pleine de problèmes et le coeur alourdi par tant de douleurs.

Je repense encore et encore à une issue possible. Comment vais-je m'en sortir? Comment sauver la vie de la femme qui m'a mise au monde? Celle, grâce à qui je vous écris?

Le soir, alors que je perpétue mon rituel: celui de lui informer de mon départ, il m'invite alors dans son bureau, chose qu'il n'a jamais faite jusque là. Par politesse, j'accepte en m'efforçant de sourire pour ne pas paraître désagréable. Je foule le sol gris de cette pièce qui est sur le point de devenir le témoin de mes plus horribles cauchemars.

Suite à sa demande, j'ai pris place place en face de lui avant de lui donner toute mon attention en vue de m'enquérir des raisons de son invitation.

- Mademoiselle fall, racle-t-il sa gorge puis braque ses yeux dans les miens. Je ne tournerai pas autour du pot car je pense que vous avez très bien compris.

Je laisse le silence répondre à ma place car je ne le suis pas.

- Dieu vous a fait don d'une très belle silhouette purement africaine, continue-t-il sans vergogne. En plus de cela, vous êtes une vraie bosseuse. Vous méritez amplement une promotion. Et vous savez, chaque chose à un prix ... si vous voyez ce que je veux dire, insinue-t-il avec un sourire pervers au coin.

Ma bouche s'ouvre mais aucun son n'y est sorti. Je suis surprise, très choquée. Lui qui a toujours eu du charisme! Et pourtant il y a de celà deux petites minutes, je lui vouais un respect sans égal mais en ce moment, je ne sais plus quoi penser de lui...

- Si je fais quelque chose pour vous, vous devez en faire de même pour moi. Vous me comprenez?

Puisque je ne rétorque pas du tout, Il s'est permis de se lever de son fauteuil, de contourner le bureau pour se mettre à mes côtés. Avec sa main baladeuse et très tactile, il caresse affreusement ma cuisse dénudée et comme paralysée, je n'arrive plus à bouger ou encore moins à prononcer un mot. Cette homme que tout le monde considère comme un sage, un gentleman, un exemple dans la société n'est en fait qu'un malfrat de la pire des espèces. Derrière ses costumes faits sur mesure, son beau sourire et son regard qui ne dévoile que droiture, se cache, à ma grande surprise, un maître-chanteur or paire. Son regard parcourt tout mon corps, à en croire qu'il me voit toute nue.

C'est incroyable mais vrai.

Comment un homme de cette carrure peut-il se permettre de descendre à un niveau aussi bas? Est ce vrai que la femme ne sera jamais prise au sérieux ?

Il ne m'a pas voulu pour les diplômes que j'ai ou encore pour mon expérience. Il me veut pour la Femme que je suis.

Il veut faire de moi son objet alors que je ne cherche qu'à réaliser mes projets.

Il veut profiter de son statut de patron alors que je ne suis qu'un poltron. (Ici, regarde si poltron ne peut pas être employé au féminin)

N'a-t-il pas vu en moi cette petite sœur qui ne cherche qu'à gagner sa vie dignement?

- Alors? Me demande-t-il d'une voix qu'il veut sensuel.

Alors, que feriez vous à ma place ? Telle est ma question.

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⏰ Dernière mise à jour : May 12, 2016 ⏰

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Sunu Xalima Où les histoires vivent. Découvrez maintenant