Comment savez-vous que je suis folle ?

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Le repas se passe à merveilles ; j'apprends que Caïn, Mad et Lou ont grandi ensemble dans le même village, j'apprends également que la tradition veut qu'à chaque fin de service, le personnel mange ensemble. Apparemment Lou applique une politique de solidarité et de complicité entre ses employés, comme une famille dans laquelle il se place automatiquement dans la position du grand frère protecteur. C'est bizarre et en même temps, je trouve ça attendrissant. Après tout, je ne vais pas dire non à l'intégration dans une famille si particulière surtout si je peux baver en secret sur quelques abdos et bras musclés. Ahem. Focus Alice ! Je termine mon repas avant de quitter les lieux, Lou m'informant que je devrais travailler le lendemain soir à la même heure et qu'il en profitera pour me donner mon planning à ce moment-là. Je me change rapidement, laissant les hommes à leur discussion et prends une grande bouffée d'air frais, détachant enfin mon imposante crinière. Je ferme les yeux et me masse le cuir chevelu avant de sortir mon téléphone du sac. Voyons voir.2h du matin et...36 messages ?! J'ouvre grand les yeux sous le choc mais lorsque je remarque qu'ils viennent tous de Madeleine, je soupire. Je l'avais oubliée celle-là.

Ni une ni deux, je l'appelle car depuis le temps, je sais que peu importe l'heure, quand Madeleine veut des réponses et des potins, elle répond toujours au téléphone. C'est une véritable gossip girl cette fille. Une tonalité, elle décroche et m'incendie de sa voix aiguë d'avoir osé la laisser mariner tout ce temps. Je la laisse piquer sa crise et lorsque je n'entends plus que son souffle saccadé, je me mets enfin à lui raconter ma soirée dans les moindres détails. Lorsque j'arrive sur le passage avec monsieur violet, son regard et son sourire me reviennent en pleine figure, m'arrachant un frisson. Instinctivement, je glisse ma main sur ma nuque et tente de la masser tout comme Mad l'avait fait. Ça m'apaise un peu mais je ne suis clairement pas aussi douée que lui. Une fois mon rapport terminé, le silence se fait, moment de calme durant lequel, je le sais, Mady cogite à toute vitesse sur divers scénarios entre les garçons et moi.

- Ce type, tu sais qui c'est ?

- Aucune idée puisque monsieur s'est jugé trop bien pour m'adresser la parole. D'ailleurs, qui aujourd'hui, porte des lentilles violettes ? C'est complètement con !

- T'es drôlement énervée contre ce type toi...

- Ouais...possible. Sa tronche ne me revient pas et tu verrais sa cruche...

J'entends Mady sourire ce qui a pour effet de me faire sourire à mon tour. Madeleine est ma meilleure amie et même si j'ai eu de nombreuses fois envie de la brûler vive, elle a cet étrange emprise sur moi qui désamorce rapidement mes craintes ou mes colères. J'adore cette fille. A la fin de notre conversation, que j'ai volontairement fait dériver sur la fierté incommensurable de ses parents, j'arrive enfin chez nous. Je lui souhaite une bonne nuit, râlant sur le fait que la maison semble vide sans elle puis je raccroche. Je m'engouffre rapidement sous une douche bien méritée et m'envoie un dernier café par la suite, avant de m'étaler de tout mon être, dans les réconfortants bras de Morphée.

Mes rêves n'ont été peuplés que de chats violets aux sourires immenses et c'est donc avec une haine viscérale envers la couleur violette, que je quitte mon lit. Je remarque rapidement qu'il est déjà midi et lorsque mes yeux se posent sur mon téléphone, je constate que j'ai 7 appels manqués de Madeleine. Curieuse et un brin inquiète, je la rappelle. Elle décroche rapidement. Ouf.

- Pourquoi tous ces appels Mady ?

- Alice ! tu ne vas pas me croire ! Tu te rappelles de la maison de haute couture que j'adore ? Ben devine quoi ! Je me suis pointée chez eux tôt ce matin, j'ai obtenu un entretient et là je viens de recevoir un appel confirmant que je suis engagée !!! Tu te rends compte ?!

Oui je m'en rends compte. Je m'en rends très bien compte. Mady est super heureuse mais moi, je n'arrive pas à l'être, même pour elle. Elle ne reviendra pas ici. Elle ne reviendra plus jamais. Cette idée me fait l'effet d'un coup de massue en pleine figure, me coupant le souffle, retournant mon estomac. Madeleine semble alors réaliser les conséquences de son choix et laisse un soupir triste passer ses lèvres.

- Alice...c'est une chance incroyable pour moi tu sais...je...j'enverrai ma lettre de congé au propriétaire par courrier. Je te laisse gérer hein ?

Je ne réponds pas. Je ne peux pas. Je raccroche sans lui dire quoi que ce soit et jette alors violemment mon téléphone dans le canapé. Putin de merde ! Ce n'est pas possible ! Elle m'abandonne, elle me laisse comme ça, d'un coup après avoir chamboulé ma vie ! Impossible que je sois heureuse pour elle, impossible que je me réjouisse pour elle car oui, là maintenant, je ne suis qu'une pauvre égoïste qui voit son monde s'écrouler ! Mady, c'était tout pour moi, on faisait tellement de chose et puis elle avait l'art et la manière de briser mon humeur maussade lorsque cette dernière m'attaquait subitement. Elle me connaissait par cœur et elle me comprenait mieux que quiconque ! Et maintenant ? Maintenant, elle choisit son travail. Au moins les choses sont claires. Peut-être même vaut-il mieux que je l'apprenne maintenant ? Je soupire, une larme coule. Je cache alors mon visage dans mes mains et laisse libre court à ma tristesse.

Lorsque j'ai réussi à retrouver ma contenance, j'ai téléphoné directement au propriétaire, lui expliquant la situation. Monsieur Rosenbloom a toujours été très gentil avec nous et lorsqu'il entendit ma colère sous-jacente à l'encontre de Madeleine, il fut pris de compassion et me dit que je pourrai partir quand je le souhaiterai sans avoir à chercher un remplaçant pour le loyer. Il me délivrait de tout engagement à partir de maintenant. J'ai enchainé les remerciements sans fin avant de raccrocher. A présent me voilà assise sur le parquet, devant la porte d'entrée, vêtue d'un large sweet à capuche de couleur turquoise, un pantalon noir, des converses et un chignon fait à la va vite. Le regard dans le vide, je réfléchis, il faut que je sorte d'ici. De cet appartement. De Notre appartement. D'un geste vif, je me relève. Je glisse mes clefs et mon porte monnaie dans ma poche ventrale et quitte les lieux.

Je marche sans faire attention où je vais, pensive. Il faut que je trouve un autre logement mais où aller ? Est-ce que je retente une colocation pour avoir plus de chance de trouver un logement convenable ? Qu'est-ce que je vais faire ?

Changement dans la vie d'Alice ! Où va-t-elle vivre ? Se remettre en coloc' ? Que lui conseillez-vous ?

Ps : Je tiens vraiment à remercier toutes les personnes qui lisent mon livre parce que je me suis rendue compte que j'ai déjà dépassé les 300 vues et pour moi...c'est énorme. Alors je vous bisouille tous avec pleins d'amûr et d'ailleurs j'en profite pour glisser une info > je suis en pleine création d'une seconde oeuvre qui fera son apparition sur wattpad ! Ce ne sera pas un newfairies mais des beaux garçons et de la magie seront au rendez-vous <3

Wrd'BarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant