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Mes jours et mes nuits se ressemblent. Mes repas n'ont pas de goût particulier. Mes heures de sommeils ne me procurent que de la fatigue. Seules ces pilules colorées sont capables d'ajouter de la couleur à la vis grisâtre que je mène. Ou plutôt qui me mène constamment vers un demain sans intérêt.

Je commence à avoir des hallucinations. C'est certainement à cause du mélange d'antidépresseurs, anxiolytiques et hypnotiques.

Hallucinations. Quand j'ai cherché ce terme dans les forums et les sites qui se veulent scientifiques, j'ai trouvé des descriptions de couleurs et de formes très variées, ou d'ombres qui traversent le champ visuel comme un éclair. Tous ceux qui témoignent décrivent d'abord l'apparition d'hallucinations auditives qui dégénèrent de plus en plus et ce n'est qu'après que commencent les hallucinations visuelles. Je n'ai trouvé aucun témoignage se rapprochant de mon expérience.

Je la vois. Elle n'est pas floue, et ne fait aucun bruit. Elle me fixe avec ses grands yeux maquillés de cernes épais et aussi noirs que ses pupilles. Elle n'a aucune expression sur son visage et son regard est... vide. Elle est souvent accroupie dans un coin de la pièce. Parfois, je la vois à quatre pattes, comme si elle cherchait un petit objet tombé par terre, sauf que ses yeux me suivent sans cesse.

Elle est apparue dans le salon, au départ. Mais je commence à la voir dans les autres pièces, toujours dans un coin.

Je devrais avoir peur. Mais mes émotions sont presque complètement inhibées par le cocktail de médicaments. Je ne ressens presque rien. Elle ne me semble pas menaçante. Et son visage me semble étrangement familier.

J'en ai parlé au psychiatre vite fait, en quittant son cabinet après la consultation du Mardi dernier. Et sans lever la tête de ses papiers, il m'a demandé de meubler les coins... par des plantes.


Peur du Vide - [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant