It was just a wish

Je souhaite...

L'adresse de It was just a Wish m'a directement conduite dans une ruelle moins fréquentée. Devant mes yeux, se dresse un grand bâtiment blanc et étonnement banal. C'est étrange, avec une carte de visite aussi intrigante, j'avoue que je m'attendais à trouver quelque chose de plus surprenant que cela. D'un pas un peu hésitant, je me glisse à l'intérieur de l'immeuble. Mes sandales compensées claquent fortement contre le marbre ciré du hall me donnant l'impression de briser l'harmonie de l'endroit. Ici il n'y a rien, pas de plante verte, pas de boîtes aux lettres, pas de panneau pour afficher les informations importantes destinées aux habitants de l'immeuble. Il n'y a rien, si ce n'est un ascenseur au fond de la pièce dont les deux larges portes métallique semblent m'appeler. Je traverse la salle recouverte de marbre du sol au plafond et lorsque j'arrive devant les portes, ces dernières s'ouvrent d'elles-mêmes. Je déglutis, l'inquiétude commence à me gagner et je sens mon rythme cardiaque s'accélérer. Les portes se referment et je remarque alors qu'il n'y a qu'un seul bouton sur lequel je peux appuyer. Je m'exécute.

La cabine bouge, j'en profite alors pour observer mon reflet dans l'un des trois miroirs qui m'entourent. Mes cheveux noirs comme une nuit sans lune sont taillés en carré plongeant mi-longs, je n'aime pas quand ils sont trop longs, cela me demanderait trop d'entretient. Je ne suis presque pas maquillée, j'ai toujours aimé ma beauté naturelle, ma peau mate, mes tâches de rousseurs sur le nez et les pommettes, mon petit nez retroussé et mes lèvres charnues. Je ne dirais jamais que je suis une déesse mais je me plais et cela me suffit. Ma seule fantaisie consiste à mettre du mascara pour souligner mon regard. Ravie de constater que je ne ressemble pas à une folle malgré mon inquiétude grandissante, je sursaute lorsque j'entends une petite mélodie me signifiant que je suis arrivée au bon étage. L'ascenseur me libère, une petite pièce blanche s'étend devant moi et au fond de cette dernière se trouve une porte en or. J'écarquille les yeux sous la surprise, est-elle réellement faite d'or ? Cela ne se peut, elle serait bien trop lourde pourtant, une fois que mes doigts entrent en contact avec elle, je sens la froideur typique de ce métal précieux. Je ne sais si elle est faite d'or mais l'illusion est très bien maîtrisée. Mon cœur palpite, mes mains tremblent et il me faut une longue inspiration avant de réussir à entrer.

Le spectacle qui se présente devant moi me laisse bouche bée. Un large bureau boisé en arc de cercle trône au milieu de la pièce, ceinturant une énorme lampe de génie dont le bec laisse s'écouler une cascade aux reflets argentés. Des drapés rougeoyants recouvrent le plafond, de la moquette dans les mêmes teintes que le plafond, masque le sol et sa douce épaisseur ne m'échappe pas puisque mes chaussures s'y enfoncent de quelques centimètres. Et les murs sont peints d'un turquoise si léger qu'il en est presque invisible. Cet endroit est réellement surprenant et magnifique. L'air embaume un parfum orientale qui me donne des envies de tajines. Où suis-je tombée ? C'est incroyable. Reprenant mes esprits, je me dirige vers la réception et soudain, une voix emplit la pièce, comme sortant d'un haut parleur caché :

« Bienvenue chez It was just a wish, ici, vos souhaits seront entendus et pris en charge par l'un de nos 10 génies de la lampe, chacun étant spécialisé dans un domaine. Merci de commencer vos vœux par Je Souhaite et de remplir les formulaires qui nous permettront de vous orienter vers la bonne lampe magique. Lorsque vos souhaits seront exaucés, veuillez libérer nos génies par Génie, je souhaite que tu sois libre. Nous vous remercions d'avoir choisi la compagnie It was just a wish. Je vous souhaite, une bonne journée. »

Pas le temps d'analyser ce que je viens d'entendre, qu'une jeune femme aux cheveux roses s'enfile derrière le bureau et se plante devant moi en m'offrant un sourire si large que j'en viens à me demander comment il tient sur son visage. Sans prononcer un mot, elle me tend un questionnaire ainsi qu'une surprenante plume arc-en-ciel sans encrier. Dubitative, je reste immobile jusqu'à ce que la jeune femme m'indique l'un des larges fauteuils rembourrés couleur crème, qui trônent à côté de la porte en or. Ayant encore un peu de mal à intégrer ce qui se passe, je m'exécute tout de même et m'installe confortablement pour répondre aux questions.

Veuillez choisir la catégorie dans laquelle se trouve votre vœu :

1) La famille

2) L'amour

3) Professionnel

4) Personnel

5) Amitié

Est-ce vraiment sérieux tout ceci ? Hésitante, il me faut quelques secondes avant de me décider à jouer le jeu. Après tout, je me suis rendue ici par curiosité alors autant le faire jusqu'au bout. Sans plus de cérémonie, je choisis la catégorie numéro deux et réponds ensuite aux autres questions qui sont plus axées sur mes goûts, mes peurs, ce que j'aime et déteste. Une fois le tout terminé, je retourne auprès de la demoiselle aux cheveux roses et lui tends les documents. Elle disparaît quelques secondes derrière une porte qui se trouve au fond à droite de la fontaine puis elle revient à mes côtés, me souriant à nouveau.

"Veuillez formuler votre vœu à voix haute et conformément au protocole, s'il vous plaît"

Est-elle sérieuse ? Le rouge me monte aux joues et je sens l'embarras me tordre l'estomac. Est-ce vraiment nécessaire ? Les paroles entendues précédemment par le haut parleur me reviennent alors très clairement en mémoire et c'est d'une voix fluette et tremblante que je m'exprime :

"Je souhaite trouver le véritable amour"

Mes paroles restent quelques secondes en suspend dans l'air lorsque tout à coup une porte, que je n'avais pas remarquée jusqu'à présent, s'ouvre pour laisser apparaître une superbe femme. Elle est très grande, visée sur des talons aiguilles et vêtue d'une combinaison short blanche. Elle possède une chevelure interminable de couleur bleu marine et sa frange droite encadre son visage aux yeux bruns tranchants et aux lèvres pulpeuses de même couleur que sa chevelure, qui sont étirées en un élégant sourire amusé. Sa peau de nacre semble aussi douce que de la soie et son parfum sucré m'enivre un peu plus à chaque pas qu'elle fait. Une fois devant moi, je constate qu'elle surmonte mon mètre soixante de deux têtes et l'énergie imposante qu'elle dégage me fait me sentir encore plus petite. L'inconnue me tend sa main manucurée de noire et je la saisis timidement.

"Enchantée Blandine ! Je suis Marceline, ton génie personnel, et je suis là pour exaucer ton vœu !"