L'oiseau est mort

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- FRANCIS ! HANNIBAL ! Descendez manger.

La mère appelle les enfants et les invite gentiment à se mettre à table. Francis s'assied sans résistance, toujours peureux et tremblant à l'idée de recevoir une punition pour mauvais comportement. Le jeune Hannibal reste dans l'encadrement de la porte comme toujours en colère.

- Hannibal. Mon chéri. Viens manger, supplie la mère.

- Je ne suis en aucune manière votre chéri, madame, dit-il froidement.

Il ne parvient pas à oublier. Chaque nuit il revoit dans ses cauchemars les Allemands, sa petite soeur. Il entend les cris, les bombardements. Il revoit la nourriture... Il n'accepte pas son nouveau foyer, son nouveau frère et encore moins sa nouvelle mère. La seule mère qu'il aimera jamais est morte devant ses yeux.

- HANNIBAL ASSIS ! crie-t-elle soudainement, à bout.

Le garçon s'assied et regarde l'enfant face à lui qui tremble comme une feuille suite au cri de la femme.

Françis. Français Dolarhyde à été adopté par la mère Richter après Hannibal. Aux yeux de la jeune dame il est merveilleux, doux et très gentil. Elle sait combien son ancienne vie là traumatiser. Elle sait la torture mentale et physique que lui faisait subir sa grand-mère car il n'était pas comme les autres enfants. Sa différence qui le rendait, disait-elle, répugnant. En effet, le petit Francis est né avec un bec-de-lièvre que sa nouvelle mère s'est empressé de faire opéré si tôt qu'il les avait rejoints afin qu'il ne se regarde plus dans les miroirs en se considérant comme un monstre. Maintenant, il ne possède plus qu'une simple cicatrice certes encore fort visible.

Hannibal, lui, trouvait le petit pathétique, repoussant, étrange et pourtant fascinant. Sa fascination pour son frère commençait à tourner à l'obsession. Il l'assénait toujours de mille et une questions plus étranges les unes que les autres.

Hannibal regarde son assiette et la repousse d'un geste précieux et distant . Il lance un regard glacial à la mère, provocateur il sourit légèrement.

- Je n'ai pas faim.

-Tu ne manges jamais, s'inquiète-t-elle.

- J'ai mes raisons et je te le répète, je n'ai pas faim.

Il détache chaque syllabe comme s'il parlait à un enfant. Il tourne les talons sans même un regard et monte dans sa chambre où il attend patiemment Francis qui arrive timidement quelques secondes plus tard.

- Tu ne manges pas . Demande Hannibal.

- Si tu ne manges pas alors moi non plus.

- Françis, tu es pâle et maigre, tu devrais manger, ordonne le plus vieux frère.

- Grand-mère dit qu'il faut obéir. Si je mange alors que toi non ce n'est pas bien et elle ne sera pas contente.

- Ta grand-mère est morte bon sang ! Hurle le garçon.

Le petit regarde Hannibal avec un regard que jamais il ne lui avait connu avant. Il quitte la chambre avec une tout autre démarche qu'à son habitude. Il ne tremble plus, ne baisse plus la tête, ne se voute plus et surtout il ne joue plus nerveusement avec ses mains.

L'ainé ne reverra pas son petit frère de toute la nuit et la passera à entendre madame Richter hurler après le garçon dans tout le domaine.

Au matin, Hannibal retrouve l'enfant enfui dans son bain jusqu'au nez. Ils se regardent et ne posent aucune question jusqu'à ce que résonne dans les couloirs les pleures et les cris d'horreur de la mère adoptive.

- HANNIBAL ! FRANCIS ! Hurle-t-elle. Venez ici tout de suite !

Les garçons descendent les escaliers et découvrent l'oiseau de madame Richter mort. Si seulement il était mort naturellement, jamais Hannibal n'aurait hurlé sur son frère ce jour-là. L'oiseau avait me thorax ouvert et la tête coupée. Celle-ci était portée disparue et les organes de l'animal se trouvaient hors de son corps.

La mère examine ses enfants et perçois le regard glacial et confiant du petit Francis puis celui furieux et en larmes d'Hannibal. Sans un mot et d'un simple signe de main elle les envoit dans leurs chambres. À peine Francis eut-il fermé la porte que sa tête percuta violemment celle-ci. Il voit son frère furieux, le frapper cinq fois aux visages avant de se relever, le poing en sang avec un regard fou.

- Un animal bordel français ! Un putain d'animal innocent ! Tu es un monstre ! Un monstre ! Un putain de monstre ! Hurle-t-il de plus en plus fort.

Sur ces mots Francis se jettent sur lui, comme en trans et mort violemment son frère.

La réaction du plus vieux frère est immédiate. Il attrape la première chose qui lui passe par la main et frappe sauvagement son cadet à la tête. Celui-ci tombe alors inerte sur le sol.

Hannibal se relève et donne un dernier coup de pied dans le visage de l'enfant.

- Tu n'es pas mieux que tout cet homme qui ont détruit ma vie, et quand je me serais vengé d'eux et que je les aurais tués, je te retrouverais et ce sera alors à toi de mourir.

La voix d'Hannibal est comme vidé de toute intonation ou émotion. il regarde Francis se replier sur lui-même, gémissant de douleurs. Il profite de ce moment de faiblesse et s'en délecte avant de cracher sur son frère, de faires ses valises et de quitter la maison à tout jamais en laissant derrière lui une idiote, un cadavre et un condamné.

L'oiseau est mort (oneshot)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant