Chapitre 18

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Chapitre XVIII

Enora

Je savais que la douche était une mauvaise idée.

Je ne pouvais plus cacher mes poignées. Thomas avait vu les marques autour d'elles. Bien qu'il se soit arrêté un instant en les remarquant et que je lise toute la confusion sur son visage, pour autant il ne prononça aucun mot. Il se contenta de reprendre là où il avait laissé et continua à me faire trembler avec l'eau froide. Son visage s'était fermé et je savais qu'il était impatiemment de savoir la vérité se cachant sous ces marques, mais pour l'instant son inquiétude face à mon état était beaucoup plus importante que cela.

Alors je fermais les yeux, assise dans la douche, les jambes remontés contre ma poitrine, et laissant l'eau froide me frapper de plein fouet. Thomas tentait de faire vite pour me sortir d'ici le plus rapidement possible, cependant ce qu'il venait de voir l'avait beaucoup ralenti dans ses gestes. Enfin, il rinça mes cheveux, toujours muet, avant de me soulever dans ses bras et me sortir de la salle de bain. Quand il me déposa sur le lit, je voulu m'habiller par moi-même mais il repoussa simplement mes mains, s'y opposant.

J'essayais de le voir nettement mais entre mes paupières trop lourdes et les larmes qui ne voulaient pas s'en aller du coin de mes yeux, ce n'était pas tâche facile. Pour autant je pouvais toujours discerner ses traits de visage et comprendre qu'il n'était plus vraiment là avec moi. Il s'était renfermé.

Thomas ne faisait jamais cela.

- Thomas... réussis-je à murmurer malgré mes tremblements.

Il releva les yeux, toujours accroupis devant moi alors qu'il ajustait le pull qu'il venait de me faire vêtir. Il semblait enfin sortir de sa transe, m'offrant un léger sourire qui ne me rassura pas pour autant.

- Je t'emmène au chaud tout de suite, t'en fais pas, m'annonça-t-il en pensant que j'allais me plaindre du froid.

Et il ne me laissa pas le temps de parler, me soulevant à nouveau dans ses bras pour, cette fois-ci, me sortir de la chambre. Nous descendîmes alors les deux étages en silence, alors que je m'agrippais à son pull mouillé à cause de moi. Un sentiment que je connaissais bien trop bien prenait petit à petit possession de mon corps et je combattais contre celle-ci. C'est pour cela que je n'arrivais pas à lâcher le pull de Thomas quand il me déposa sur le canapé devant la cheminée. Elsa écoutait attentivement, sa tête tourné vers nous, Loris avait le dos tourné et fixait plutôt le feu dans la cheminée, tandis que Guillaume nous fixait. 

- Je vais juste me changer et je reviens, m'assura Thomas avant d'embrasser mon front. Si je tombe malade moi aussi, ça ne va pas être bon à voir.

Je voulais lui dire de rester, le supplier de ne pas me laisser, mais aucun son ne sortit de ma bouche, et Thomas s'en allait déjà vers les escaliers en ayant réussi à repousser ma main. La panique me gagnait petit à petit. Non, je ne voulais pas revivre les mêmes choses. Je commençais à peine à me reprendre, je ne voulais pas chuter à nouveau. Oui, chuter. Je n'étais pas bien, et c'est ici, dans ce gîte, que je m'en rendais compte. Je n'étais pas bien ces dernières années. En à peine une semaine, ici, j'avais changé. Et je n'en avais plus peur, parce que je savais que c'était dans le bon sens.

Alors maintenant, je ne voulais pas de ce sentiment qui me gagnait à nouveau. Je savais ce que c'était. Je ne voulais pas rechuter, pas à nouveau.

- Papa... Elle tremble...

- Je sais...

La voix de Loris montrait toute son inquiétude. Il devait sûrement me faire face maintenant, mais j'avais les yeux fermés, je ne pouvais pas le voir. Dans la voix de Guillaume, je distinguais non seulement de l'inquiétude, mais aussi de l'hésitation.

Let GoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant