Je me souviens bien de tes mots, ta façon hautaine et sarcastique de parler de "l'humain", "l'Homme". Tu te disais plus censé puisque tu comprenais les choses plus vite et les voyait telles quelles; c'est vrai oui, tu étais doué en déductions hâtives et avait très souvent raison. Je ne t'ai jamais considéré comme étant un "humain" car pour moi tu n'avais pas ses traits, tu en avais la carrure et le physique mais l'esprit n'y était pas. Et j'ai toujours aimée ça chez toi, voir même j'en fus totalement fan, cette vision si disparate...si intelligente et dépourvue de tout jugement "humain", c'était si doux et si beau à écouter.. Je me laissais prendre par tes mots, et m'imaginais voyager dans ton esprit, flottant entre la vie et la réalité, deux dimensions parallèles. C'était compliqué, au début je n'y comprenais rien, vraiment rien, tous ces messages codés, on se serait cru à la seconde guerre mondial lorsque les français essayaient de décrypter le langage codé des nazis, malins et rusés ils le changeaient toutes les 24h ne laissant aucun temps de répit aux français jusqu'à que ce fameux ordinateur de la taille de mon salon fasse son entrée. Mais en l'occurrence je ne disposais d'aucuns de ces outils ni même d'aide, seuls mon cerveau et mon coeur étaient à ma disposition. C'était dur, très dur, comme une partie d'échec avec Garry Kasparov. Mais j'ai adorée, adorée jouer avec toi, chercher à transcrire tes dires. J'étais si heureuse lorsque je comprenais un de tes messages mais pourtant ça me rendais nostalgique, plus je te comprenais et plus la mélancolie prenait le dessus, c'était comme un virus contagieux qui se révélait petit à petit.
Pourquoi es-tu si vides et sombre..? Vidé d'envie et d'espoir ?Pourtant j'ai continuée à adorer tout ça, j'en était devenue accros, accros à ton être, émerveillée, je venais enfin d'avoir la vue, cette réelle vision pour la première fois. Pour la première fois j'avais réellement compris, compris ce que tu étais. On pourrait te décrire comme schizophrène, mais non c'était plutôt comme de l'art, du théâtre. Tu étais fort, très fort; jouant ce rôle quotidien, ce rôle te rabaissant aux normes de la société. Tout était faux en réalité, je ne te connaissais pas, mais en soit je te connaissais, et au fond j'avais tort, tu es humain. Je te regardais, je voyais cette étincelle dans tes yeux -elle me contaminait et s'en est prise aux miens, celle qui est pure et brille au contact du soleil, celle qui te laisse un rond vermeil persistant dans la rétine lorsque tu la regarde. Pourtant tu as tes faiblesses comme tout le monde, mais tu te caches derrières cette carapace soit disant "normale"que tu as entre ouverte en ma présence. Je ne pourrai dire si je te connais réellement. Tu es stratège, confiant, discret et intelligent. Te mets en échec faisant croire à ton adversaire que tu es faible, mais à côté tu as trois voir quatre coups d'avance, tout est calculé, ta victoire l'est aussi. Et ton plus grand atout est ta connaissance en l'humain, puisque tu en joues plusieurs à la fois.