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-Aaah, ai-je criéaprès m'être réveillé en sursaut.
Mon cauchemar me reviens en tête. C'est toujours le même : je les vois dansl'eau essayant de revenir à la surface pour reprendre leur souffle. Il est rareque je passe une nuit sans le faire depuis la tragédie qui les a emportés auparadis. Quand j'ouvre les yeux, je me demande où je suis. Je me rappelle quec'est ma nouvelle chambre. Je suis couchée dans une pièce enfantine décorée de papillons,d'abeilles et de coccinelles. Je ne sais pas si leur but était de m'effrayer,mais j'ai une peur bleue des insectes. En voir en image me suffit pour criercomme une folle.

-Daphnée, qu'y a-t-il? on dit Brittany et Chris mes parents adoptifs en entrantma chambre et en allumant la lumière.

-Tous va bien, ce n'est qu'un cauchemar, ai-je répondu en tirant ma couverture par-dessusma tête pour protéger mes yeux de la lumière qui m'aveugle.-Ok, répond Brittany.Ils restentstatiques.-Merci de sortir dema chambre, c'est très apprécié, dit-je sarcastiquement.

-Oui, oui, désolé, a dit Chris, Mais n'oublie pas on va pêcher aujourd'hui.

Une autre chose que je redoute c'est la pêche, mais Chris a tellement insistéque j'ai acceptée. Après qu'ils aient fermé la porte, je me lève difficilementde mon lit. Je décide de mettre mon pantalon de jogging et mon kangourouorangé. Finalement, j'enfile ma chaîne en or, tout ce qui me reste de mesparents biologiques. Je sors de ma chambre pour aller déjeuner. Dans lecorridor, je sens la délicieuse odeur de pain doré, mon déjeuner préféré.Ça fait maintenantprès de cinq jours que je suis dans une famille d'accueil. Je les aime bienBrittany et Chris mais je m'ennuie d'Éric et Laurence : mon géniteur et magénitrice et comme ils étaient tous les deux un enfant unique, je n'avais pasle choix d'aller vivre chez des inconnus. Je les aimais tant, eux, mon frère etma sœur. Alice et Dylan étaient des jumeaux et ils venaient d'avoir dix ans.Moi, j'ai eu quatorze ans il y a deux mois, en septembre.

-Que veux-tu sur tes toasts,chérie? a dit Brittany.

Eh? Est-ce qu'elle vient vraiment de m'appeler chérie? On vient à peine de serencontrer et elle m'appelle chérie? Ça a créé un malaise, tout le monde s'esttait.

-Du sirop d'érable, s'il vous plait , lui ai-je répondu pour rompre le silence.

-Tu peux me tutoyer

-Quelle belle journéepour aller pêcher, n'est-ce pas? a dit Chris sans conviction, car le ciel estgris et nous avons l'impression qu'un orage va éclater d'un instant à l'autre.

-Est-ce qu'on pourrait attendre à la semaine prochaine? ai-je demander avec unelueur d'espoir.

-Mais, mais...ok, si tu veux de toute façon je crois qu'il va pleuvoir, a-t-ildit.

Je suis tellement contente de ne pas y aller. J'engloutis donc mon déjeuner etje monte vérifier mes messages sur ma page Facebook. Dix nouveauxmessages : neuf de vieilles tantes que je n'ai jamais vu qui veuillent mesouhaiter leur condoléance. Je ne comprendrai jamais pourquoi les gens fontcela, écrire au membre de la famille des défunts alors qu'on a aucune idée dequi ils sont. Et le dernier est de Natasha Bonner, ma meilleure amie. Elle m'aécrit:

''Allô Daphnée. Je suis là pour toi si tu veux parler. Je t'aime fort!''

Évidemment, je ne réécrit qu'à Natasha.

''Salut, fais-tu quelque chose cette après-midi? J'ai peut-être une idée... Viensme rejoindre ici à 1h. Ma nouvelle adresse est le 485 rue Deschenes! Jet'aime''

''Ok! À+''

À une heure, quelqu'un sonne à la porte. Je cours pour allerl'ouvrir, mais il n'y a personne. Seulement un bouquet de fleurs et unecarte .Je prends le bouquet et je le rentre à l'intérieur. Toutes les cartesveulent dire la même chose, donc je ne prends pas la peine de l'ouvrir.Cependant, le bouquet est très gros et très coloré.

Après vingt minutes, je l'appelle pour vérifier qu'elle peut encore venir:

Dring, dring, dring, après trois sonneries elle répond.

-Allo, ça va ? demande Nat

-Oui, mais toi es-tu correct? Pourquoi n'es-tu pas encore arrivée? ai-jedemander.

-Oui. Je viens de sortir de la douche, j'arrive, m'a-t-elle répondu.

-Okay, à tantôt, ai-je dit avant de raccrocher.

Elle habite à vingt minutes d'ici à vélo. Donc ça va prendre du temps avantqu'elle arrive. Je décide donc d'aller sous la douche, chose que je n'ai pasfait ce matin. Après ma douche, j'enfile ma veste et mon jeans, puis jedescends écouter la télévision en l'attendant.

Nat arrive enfin. Une fois dans ma chambre, je lui propose mon idée: -On pourrait jouer a Ouija!





Who am IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant