4:58

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Les caïds et les junkies du lycée d'Eden le retrouvèrent dans Le Bois, pendu. La police ne fit pas le rapprochement avec une autre cause mystérieuse survenue quelques jours auparavant, celle d'une jeune fille, morte de la même manière.

On les disait morts. Les ragots aillaient vite dans cette petite ville allemande. Deux morts, cela n'effraya personne. En revanche, tout le monde eut peur pour les élèves du lycée, si bien qu'une cellule de crise fut mise en place. Le nom d'Eden était sur toutes les lèvres, dans les yeux de tous ceux qui regardaient par la fenêtre. Certains pleurèrent Eden alors qu'ils ne connaissaient même pas son nom de famille.

Ce que personne ne savait, c'était qu'Eden était revenu quelques années plus tard, dans sa ville, pour voir comment cela se passait sans lui. Il n'était pas surpris qu'au final, la vie ait repris son cours, comme si Eden n'avait jamais existé. Eden n'était désormais plus esseulé, sans avenir dans une maison un peu miteuse, avec des parents un peu miteux, non. Eden était chargé d'une mission. Il avait revu Ambre, avait pu lui parler, avait pu comprendre ce qui leur était arrivé. Il avait changé Eden. En peu de temps, il était devenu différent. Pourtant, il était toujours transparent. Transparent aux yeux du monde, mais pas aux yeux de tous.

À 4:58, Thomy se réveilla en sursaut, manquant d'air comme s'il venait de se noyer. Il se jeta sur la Ventoline posée sur sa table de chevet. Il était en nage, son torse luisant de sueur. Il avait soif, il avait besoin d'eau. Ses pieds trainèrent son corps jusqu'à la cuisine, où il se servit un verre au robinet. Il alluma doucement la lumière de la hotte, jaunâtre et pénétrante. Ses yeux ne furent pas assaillis par la lueur de cette dernière, mais par la vue du sang, sur ses mains et sur son buste. Il passa par la salle de bains, lui qui détestait l'hémoglobine. Il commença à s'en débarrasser, tentant de ne pas réveiller ses parents endormis de l'autre côté du couloir.

- C'est fou comme l'histoire se répète inlassablement, non ?

La voix était la même que celle de son rêve. Il leva doucement la tête et pâlit d'effroi à la vue, au travers du miroir de l'évier, du personnage assis sur le rebord de la baignoire. Il faisait tourner autour de son index un trousseau de clés, un puissant sourire vissé sur ses lèvres.

Eden avait l'air plutôt content de lui.






la suite,

M A T I N D ' H I V E R,

est publiée.


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