||Eurielle||

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30 juillet

Eurielle, c'est la fille d'à côté. Elle aime courir dans les champs en criant et en faisant flotter ses interminables cheveux couleur d'or derrière elle. Maman dit que c'est une grande idiote. Je ne trouve pas qu'elle est idiote. Être heureux n'est pas ce qui rend quelqu'un idiot. Je ne suis pas idiote quand je fais des collages avec les fleurs. Eurielle n'est pas idiote quand elle crie dans les champs.

Eurielle, elle est très jolie. Elle est très mince et elle a de grandes jambes. Une grande échalote comme dit maman. Mais elle n'est pas maigre comme moi. Et ses cheveux, ils sont soyeux et dorés. Pas comme mes cheveux roux tous mêlés.

Mais ce que j'aime vraiment chez Eurielle, c'est son rire. Il me fait penser à des perles ou à une petite chute d'eau pure. On entendrait presque une harpe jouer en arrière plan.

J'aime la harpe. J'ai essayé d'en jouer quand j'étais plus petite, mais ça ne donnait que d'étranges sons qui faisaient mal aux oreilles. Maman avait dit : "On ne peut pas être bon dans tout. Ton talent est simplement ailleurs." Après, on était allées chez le fleuriste, pour me remonter le moral. C'est ce qu'on fait, maman et moi, quand on est triste. On va sentir les fleurs chez le fleuriste et on achète une rose blanche pour mettre au centre de la table. Cette fois-là, pendant que maman payait la rose, M. Fleury m'avait donné un petit bouquet de myosotis. Il avait dit : " Des petites oreilles pour toi, petite souris." Je n'avais pas compris pourquoi il avait dit des petites oreilles. Alors, j'étais allée voir dans la grosse encyclopédie des fleurs qu'on avait dans notre bibliothèque et j'avais appris l'origine de myosotis. J'étais donc allée dans ma chambre et avec les petites fleurs, j'avais créé une souris. Quand maman l'a vu, elle a dit : "Tu vois, c'est ça ton talent." C'est depuis ce jour-là que je fais des collages avec les fleurs.

Des fois, je vois Eurielle quand je vais cueillir des fleurs, mais elle ne me dit pas bonjour. Elle a déjà beaucoup d'amies. Et ce n'est pas grave parce que je sais que si on a trop d'amies, on ne saura plus où mettre la tête. C'est maman qui dit ça. Moi, en fait, j'y connais rien en amis. J'en ai pas. Mais ce n'est pas grave, j'ai les fleurs.

-Ode

OdeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant