1 Charly

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Trois ans plus tard...

J'ouvre mon agence immobilière une heure plutôt, ce matin. J'ai une grosse journée qui m'attend et déjà hâte qu'elle soit finie. Plusieurs entretiens sont prévus, j'ai passé une bonne partie de la nuit à relire les CV des candidats et à sélectionner les profils qui m'intéressent le plus. Je commence à avoir beaucoup de travail et je ne peux plus gérer tout ça seule, il me faut un assistant.

Je suis fière de moi et de mon parcours. J'ai eu du mal à remonter la pente après la mort de mon père. Et mes débuts à Miami ont été difficiles. Je dirais même, catastrophiques. Après des vacances qui m'ont fait du bien, je suis rentrée à Paris, mais j'ai vite recommencé à broyer du noir. J'ai fini par comprendre que je devais partir définitivement. J'ai donc entrepris toutes les démarches pour pouvoir venir vivre et travailler ici. Ça a été long, les papiers, l'attente, les allers et retours Miami-France. J'ai failli baisser les bras plusieurs fois, néanmoins je suis contente d'avoir tenu le coup et persévéré. En trois ans, on peut dire que j'ai bien évolué. Je me suis relevée, je me suis battue et j'ai bossé dur pour me faire une place dans ce domaine. Me répéter que j'entreprenais tout ça pour mon père m'a donné la force de continuer jour après jour.

Ma gorge se serre et je sens les larmes me monter aux yeux. Quand je regarde autour de moi, je me dis que c'est avec lui que j'aurais dû vivre tout ça. Il m'avait beaucoup parlé de son projet. Son envie de venir ici. Cependant, je me force à reprendre le dessus. Il n'aurait pas aimé que je pleure. Et puis, je ne peux pas accueillir mon premier candidat avec les yeux rouges.

Après avoir préparé une bonne tasse de café, je m'assois à mon bureau et allume mon ordinateur. Mon rendez-vous doit arriver d'ici quelques minutes.

J'ai à peine le temps de valider mon mot de passe que mon téléphone sonne. Bien sûr, il est au fond de mon sac. Je décroche de justesse sans regarder qui m'appelle.

– Charly Marchal, que puis-je faire pour vous ?

– Bonjour, Darling. Tu es partie vite ce matin, je n'ai pas eu le temps de te souhaiter une bonne journée.

Ben était sous la douche, je lui ai simplement laissé un mot sur le comptoir de la cuisine avant de filer.

– Désolée, mais je voulais ouvrir l'agence plus tôt aujourd'hui.

– Tu as encore travaillé tard hier soir, j'ai vu de la lumière dans ton bureau quand je suis rentré.

– Je tournais en rond dans mon lit, donc j'ai préféré relire une dernière fois les profils des candidats et je les ai classés dans l'ordre de mes préférences.

Je ne sais pas pourquoi je me justifie. Il pense que je passe trop de temps la tête dans mes papiers et que je ne m'amuse pas assez. Il n'a peut-être pas tort. Mais je ne peux pas m'en empêcher, je suis comme ça.

– On devrait sortir, tous les deux. Ça te ferait du bien de penser à autre chose. Ce soir, ça te plairait ?

– On peut aussi se préparer un petit repas bien sympa à la maison.

– J'aurais pu parier que tu allais me répondre quelque chose comme ça. C'est vrai que ce n'est pas ton truc d'être dehors alors qu'il fait déjà nuit. Où avais-je la tête !

Il adore me taquiner, j'entends son rire à travers le téléphone. Je visualise très bien la fossette qui se forme uniquement sur sa joue gauche. Le connaissant, il doit abuser de cette petite particularité auprès de la gent féminine.

– Ha, ha. Tu es méchant. Allez, je suis d'accord seulement si tu me promets qu'on ne rentrera pas tard.

– Promis, ma belle, on sera à la maison avant minuit. Je m'occupe de tout, passe une bonne journée et ne sois pas trop dure avec les postulants.

Broken Boss ~ Publié chez Butterfly Éditions  ~Où les histoires vivent. Découvrez maintenant