3 Charly

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Je me lève avant que mon réveil ne sonne. Je me suis endormie, je ne sais même pas comment, ni même à quelle heure. Je reconnais que la soirée avec Ben m'a fait du bien. Malheureusement, le bonheur que je ressens est chassé quand mon moment de nostalgie me revient. Qui a dit que le temps guérissait les blessures ? En ce qui me concerne, c'est archifaux, les miennes sont toujours grandes ouvertes. Les années qui passent m'apprennent juste à vivre avec et à faire en sorte que la douleur soit un peu plus supportable chaque jour.

Plus je m'épanouis dans mon travail, plus mon père me manque. Je passe ma main sur mon visage et secoue la tête. Je refuse de retomber dans le chagrin. Il faut que je me ressaisisse.

Après une bonne douche, je reviens dans ma chambre. Je retrouve mes habits sur mon lit. Je vais finir par croire que Ben est magicien. On se croise rarement le matin et je ne l'entends jamais. Je lui demanderai comment il fait, un jour. Il m'a préparé un pantalon de tailleur noir, un chemisier rouge et des escarpins à petits talons.

Je travaille encore à l'agence aujourd'hui, je n'ai aucun rendez-vous de prévu à l'extérieur.

Dans le salon, je rencontre une grande blonde en train de réunir ses affaires. Elle met ensuite ses chaussures. Elle me salue de la main et quitte la maison en refermant soigneusement la porte derrière elle. Je ne suis même plus choquée de voir des femmes partir de chez moi à cette heure matinale. Ce n'est pas la première et ça ne sera sûrement pas la dernière.

Ben quitte sa chambre moins d'une minute plus tard, vêtu d'un simple caleçon. Il rentre avec une nouvelle demoiselle à chaque fois qu'il sort, son comportement ne m'étonne même plus. Il a toujours été honnête avec elles et ces dernières acceptent volontiers de passer juste une nuit avec lui.

– Bonjour, ma belle.

– Bonjour, Ben. D'après la fille qui vient de partir il y a deux minutes, j'en déduis que tu as passé une bonne soirée.

– Ne m'en parle pas, on a copulé comme des bêtes toute la nuit. J'espère que nous n'avons pas fait trop de bruit.

– Tu es toujours aussi charmant, à ce que je vois ! Je te rassure, la petite mamie que je suis n'a absolument rien entendu.

– Je dois y aller, on reparlera de tes prouesses sonores au dîner !

Je lui lance un baiser avec la main et sors.

Sur la route, je dresse une liste mentale des tâches que j'ai à accomplir aujourd'hui. En priorité, je vais me pencher sur les CV : je dois choisir mon assistant.

Au loin, j'aperçois quelqu'un qui effectue les cent pas devant l'agence. Un client, déjà ? Ou serait-ce... ? Non, ce n'est pas lui. Je ne vois pas pourquoi il serait ici. Cependant, plus je m'approche de l'individu, plus je le reconnais clairement. Décidément, à chaque fois que je ne pense pas le revoir, il réapparaît.

Je me gare et sors de ma voiture. Ce Maxwell ne lâche jamais, on dirait. Il se retourne, nous sommes face à face. Ses traits sont tirés, il a l'air fatigué, néanmoins je le trouve toujours aussi beau. Il siffle, en regardant derrière moi.

– Jolie voiture !

– Que faites-vous ici, Monsieur Davis ?

– Bonjour, Mademoiselle Marchal. Je viens pour commencer ma journée.

Il me lance ses mots calmement, comme si c'était naturel.

– Comment ça, commencer votre journée ?

– Vous alliez me donner ce poste, non ?

Une chose est sûre, c'est qu'il ne manque pas de culot. Je n'aime pas sa façon d'agir ni son comportement, mais j'admire sa persévérance.

Broken Boss ~ Publié chez Butterfly Éditions  ~Où les histoires vivent. Découvrez maintenant